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EXPLICATION DES PLANCHES. 85

Nous avons déjà parlé de la peinture dont on voit un dessin a ha figure 3, et qui est une de
celles du mur de l'arène (i).

La figure 4 représente la disposition d'un pavé composé de différents marbres. Le milieu est
rouge; les carrés sont jaunes; les losanges, bleus; et les triangles, verts. Peut-être ce pavé était-il
placé au centre de l'arène : c'est là, sans doute, cpie l'on plaçait l'autel d'Hécate ou de Pluton,
et plus souvent celui de Jupiter Latiaris, protecteur du Latium. Et sur cet autel, si l'on en croit
Juste Lipse, qui a rassemblé à l'appui de ce fait des autorités imposantes, et qui fait autorité
lui-même (2), on immolait une victime humaine, un malheureux bestiarius, pour consacrer
l'ouverture des jeux. Réminiscence atroce de l'origine de ces horribles spectacles ! le massacre
n'avait pas su s'ennoblir en se déguisant en combat; le couteau du prêtre avait conservé sa
part dans l'oeuvre sanglante qu'il avait transmise à l'épée du gladiateur. Prêtres, sicaires, specta-
teurs, tout était à l'unisson de cruauté et d'infamie; et l'on ne voit que les tigres et les lions,
contre lesquels il n'y ait point lieu de s'indigner.

Il reste encore quelque chose de plus odieux, s'il est possible. En sortant de l'arène par la
porte septentrionale, on trouve en face de soi une petite arcade en briques, précédée de deux
colonnes ruinées : cette entrée conduit à un triclinium, représenté en plan et en élévation à la
figure 5. Là, on offrait, à ceux qui allaient mourir, le prétendu repas libre, si vivement décrit
et flétri si énergiquement par l'auteur des Martyrs (3). Voulait-on réconcilier les malheureux
avec la vie, au moment où ils devaient la quitter? Voulait-on leur faire comprendre la vanité
des plaisirs sensuels, en leur offrant ces délices alors qu'ils ne pouvaient en jouir, et quand pour eux
le pain devait se changer en cendres, le vin en absinthe?... Dans le génie antique, si beau
quand il est simple et vrai, on trouve quelquefois des raffinements hideux et des abîmes de per-
versité qui confondent à la fois le goût et la raison.

Nous avons dit que la plupart des peintures de la muraille de l'arène s'effaçaient peu à peu.
Il en est même qui ont disparu peu de temps après le déblaiement, et presque au premier
contact de l'air. M. le chevalier Arditi, directeur général des fouilles, a rendu un grand service
à l'archéologie en faisant copier sur-le-champ, par le pinceau habile de M. Morelli, les plus intéres-
sants de ces tableaux. Nous en reproduisons un à la planche XLVUI,figure 1. Un héraut, vêtu d'une
robe blanche, et sa baguette à la main, semble indiquer les lois d'un combat, ou décider un
différend. Près de lui est le Tubicen qui fait entendre un signal.

Et tuba commissos medio canit aggere ludos (4).

La forme de son instrument et son costume, ses espèces de jambières, l'armure de son bras
gauche, offrent des particularités curieuses. L'un des deux combattants est seul sur la scène. Il
a la jambière et le bouclier du mirmillon. Les autres personnages semblent des hérauts ou
des appariteurs : celui-ci porte l'épée, celui-là le casque du gladiateur; d'autres, tenant un bou-
clier rond, semblent attendre l'adversaire pour l'armer également : dans le lointain, de
chaque côté, on aperçoit une Victoire. Certes, ce n'est point comme oeuvre d'art que nous recom-

(1) Voyez ci-dessus, p. 80.

(2) De Amphithéâtre-, cap. IV.

(3) Chateaubriand, Martyrs, livre XXII. — M. Romanelli, p. 3o3, n'a vu dans ce repas que le festin funèbre, le silicernium,
l'on célébrait en l'honneur des gladiateurs d'un rang distingué qui succombaient dans l'arène. Nous ne saurions croire

qu'un édifice fût construit exprès pour un si petit nombre de cas, et nous nous rangeons de l'avis de M. Bonducci, p. 197.
(A) « Et au milieu de l'arène, la trompette annonce les jeux commencés. » Virg. Mn., V, 113.

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