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Omnibus — 1932

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Lurcat, Jean: Hommage à Paul Klee
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https://doi.org/10.11588/diglit.62261#0057
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HOMMAGE A PAUL KLEE
par JEAN LURQAT

Couche-toi sur le dos. Enfonce ton ventre en terre. Mouille tes yeux dans les herbes,
sous les herbes. Enfonce les bien! Regarde l’ortie a l’envers: le ventre de la chenille.
Coule-toi entre les grains si le sable s’eboule. Sont-ce des abimes, des plans d’huile, des
gargouillements de fuite, les plaines de Mongolie oü la boue respire comme une poitrine,
des lunes encore, des crateres päles?
II n’y a que deux choses que l’on regarde face a face. Mais face ä face! Le ciel et tout
son mobilier, et cette espece d’infini tarabiscote d’un pre.
Le reste, les autos, Wall Street, les livres, les bateaux et les tableaux, et les poules qui
font gros dos pour un sourire, pour un carat, les as-tu jamais touches autrement qu’avec
les pinces ä sucre, des trucs, des vacheries, des blagues, qui ne trompent personne (pas
meme toi-meme).
Klee s’est couche sur le dos, sur le ventre, l’oeil colle sur les choses. Ca lui piquait les

yeux. 11 a songe alors ä fermer
ses persiennes. Bonne facon de se
mettre a travailler.
Je me rappelle Bruyeres oü je
suis ne. Bruyeres-en-Vosges. Assis
sur la cassette de ma mere. L’eau
de pluie sur les vitres, glissait au
ralenti, le soir. J’attendais. De-
vant la lumiere d’en face, chez
Simer — le marchand de fer —
la goutte eclatait. Sombrait dans
une etoile, l’avalait, recrachait
un soleil. Tout mon oeil etouffait
de lumiere. Des eclats, des stries,
des lances, une comete. Puis la
vie reprenait. La bulle descendait
au noir. A une autre!
Les gosses, ca c’est un peuple
qui a de l’oeil!
11 y a de l’oeil de gösse en Klee.
Du dessin de gösse. Une divina-
tion, une absurdite, et ce genie


Der tote Katarakt (Le cataract mort) 1931
Deutsche Ausstellung Oslo 1932

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