DOI Heft:
Rivière, Georges Henri: De l'Objet d'un Musée d'Ethnographie comparé a celui d'un Musée de Beaux-Arts
DOI Seite / Zitierlink: https://doi.org/10.11588/diglit.62261#0115
DE L'OBJET D'UN MUSEE D'ETHNOGRAPHIE
COMPARE A CELUI D'UN MUSEEDE BEAUX-ARTS
Depuis que certaines classes
d’objets ethnographiques — en
particulier des sculptures afri-
caines puis oceaniennes — ont
ete annexees au domaine de la
curiosite artistique sous l’impul-
sion, quelques annees avant la
guerre, d’artistes de l’ecole de
Paris, un fosse n’a pas laissee de
se creuser entre le public gagne ä
ce gout et les conservateurs de
musees ethnographiques.
Ce ne furent et ce ne sont en-
core que plaintes sur la barbarie
et l’inconscience des savants n’exer-
gant aucune discrimination entre
V artistique et le non artistique et
melant avec brutalite, en un ab-
surde bazar, des monuments de
l’art egaux ou superieurs ä ceux
de Praxitele et de Verocchio aux
plus meprisables produits de In-
dustrie humaine. II fallait, disait-
on, constituer bien vite un Louvre
pour y rassembler toutes les helles
pieces d’art primitif, auxquelles on
adjoindrait sous le meme vocable
et par un curieux abus, les vestiges
archeologiques des civilisations les
plus evoluees de l’Amerique cen-
trale. Sur des socles de bois d’ama-
rante, en un isolement splendide,
se pretant coquettement aux eclair-
ages les plus raffines, soigneuse-
ment epiles, ebarbes, denudes et
astiques se dresseraient les chefs
d’ceuvre de l’art pahouin, Polyne-
sien et azteque (pour ne eiter que
les plus en vogue). Des guides-
poetes se repandraient en dithy-
rambes et des equipes de copistes
s’appreteraient a porter aux quatre
coins du monde l’esthetique du
sauvage regenerateur.
II faut bien avouer que de ce
Probleme deplorablement mal pose
la responsabilite n’incombait pas
Turn-Schnitzerei (von einem Männerhaus) / N.-Mecklenburg
Turu carving (from one of the men’s association houses)
Fl. Coll. Kat. Nr. 172
113
COMPARE A CELUI D'UN MUSEEDE BEAUX-ARTS
Depuis que certaines classes
d’objets ethnographiques — en
particulier des sculptures afri-
caines puis oceaniennes — ont
ete annexees au domaine de la
curiosite artistique sous l’impul-
sion, quelques annees avant la
guerre, d’artistes de l’ecole de
Paris, un fosse n’a pas laissee de
se creuser entre le public gagne ä
ce gout et les conservateurs de
musees ethnographiques.
Ce ne furent et ce ne sont en-
core que plaintes sur la barbarie
et l’inconscience des savants n’exer-
gant aucune discrimination entre
V artistique et le non artistique et
melant avec brutalite, en un ab-
surde bazar, des monuments de
l’art egaux ou superieurs ä ceux
de Praxitele et de Verocchio aux
plus meprisables produits de In-
dustrie humaine. II fallait, disait-
on, constituer bien vite un Louvre
pour y rassembler toutes les helles
pieces d’art primitif, auxquelles on
adjoindrait sous le meme vocable
et par un curieux abus, les vestiges
archeologiques des civilisations les
plus evoluees de l’Amerique cen-
trale. Sur des socles de bois d’ama-
rante, en un isolement splendide,
se pretant coquettement aux eclair-
ages les plus raffines, soigneuse-
ment epiles, ebarbes, denudes et
astiques se dresseraient les chefs
d’ceuvre de l’art pahouin, Polyne-
sien et azteque (pour ne eiter que
les plus en vogue). Des guides-
poetes se repandraient en dithy-
rambes et des equipes de copistes
s’appreteraient a porter aux quatre
coins du monde l’esthetique du
sauvage regenerateur.
II faut bien avouer que de ce
Probleme deplorablement mal pose
la responsabilite n’incombait pas
Turn-Schnitzerei (von einem Männerhaus) / N.-Mecklenburg
Turu carving (from one of the men’s association houses)
Fl. Coll. Kat. Nr. 172
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