Omnibus (1932)

trouve ceux qui enrichissent le monde des apparences de realites nouvelles, pourvu toute-
fois qu’ils aient su traduire en visions ce qui etait ou paraissait invisible. 11 en est ainsi
de Karl Hofer.
Non que Hofer soit un visionnaire ou un mystique. II est bien de ce monde; mais le
monde dans lequel nous vivons est pour lui plein d’invisible. 11 y a les paroles, il y a le
temps, il y a la pensee. 11 y a aussi tous les evenements qui remplissent la vie; il y a tout
ce qui se passe, et dont l’oeil ne saurait apercevoir le sens. Il y a les etres humains qu’on
voit se mouvoir, se rencontrer et demeurer ensemble. Que disent-ils, que font-ils, que
pensent-ils? Comment le faire voir sans trahir la vision?
En approchant d’un tableau de Hofer, il vous arrivera peut-etre de vous demander ce
qui s’y passe. Car presque toujours quelque chose s’y passe; il ne suffit pas de dire que les
personnages y forment un groupe commande par les necessites de la composition. C’est
ainsi, il est vrai, qu’on nous enseigne ä voir les oeuvres d’art, reduisant le plus possible
les regles de la peinture a celles de l’architecture. Mais si l’on s’en tenait lä pour Inter-
preter les peintures de Karl Hofer, on ne les comprendrait guere. Les personnages qu’il
represente ne se contentent pas de former un tout: ils sont ensemble, ils communiquent;
ils sont lies par des rapports qui ne sauraient etre reduits ä de simples considerations
d’architecture. Ils ne sont pas lä pour se donner en representation et contribuer chacun
pour sa part ä la perfection du groupe. Ils sont lä l’un pour l’autre; ils sont lä l’un ä
l’autre. Quelque chose les a reunis, qui les a fait rester ensemble. Ils ne pourront plus se
separer desormais et poursuivre chacun sa route. Mais s’ils sont lies de la sorte, ils ne


Sommertag (Journee d’Ete)

(Ausstellung Brüssel 1931)

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