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LE PANTHEON.
mit la Statue de J aie Cefar dans le Panthéon meme, & celle d’Augufe avec la [tenue dans le Ve fibule, ou
le Portique.
Le mot de Panthéon vient du Grec Wtoov rtov ©eiov, c’est-à-dire, le Temple de tous les Dieux,
quoi qu’il lût consàcré à quelques uns d’eux en particulier, par exemple à Jupiter le Vangeur, comme
Pline le marque dans l’endroit que nous en avons déjà cité. Dion s’exprime de cette maniéré dans le
Pallàge indiqué ci-delîus, §. i. Agrippa, dit-il, acheva le ‘Panthéon. Peut-être qu’il ejl aïnft apellc, par-
ce qu’il renfermoit les Images de plufeurs Divinisez, enpojfédant les Statues de <ÀA4ars & de Venus : il
me femhle pourtant qu’il tire ce nom de la figure convexe de (on Toit, qui rcpréjèntoit le Ciel.
Au milieu de la grande Voûte il y a une Ouverture, qui sort à donner du jour, & l’on voit un Egout
au-deiïous, pour recevoir la pluie. C’étoit un devoir de la Religion des Paiens , de lailîér quelque
Ouverture au Toit de leurs Temples. Il y en avoit une aulli à la Voûte du Temple du Capitole, affin
que le Dieu Terminus, ce Rocher immobile, fut exposé à l’air.
On ne sauroit exprimer la magnisicence de ce Temple. On y a prodigué le Marbre de diverses
couleurs, qui orne le Pavé : Les Colomnes du Contour, avec leurs Chapiteaux, sont d’une struclurc
admirable, & l’on voit des Chapelles dans l’entre-deux, où il y avoit autresois quantité de Statues.
Celle de Venus avoit à ses oreilles une Perle d’une grolîëur étonnante & d’un prix extraordinaire.
Macrobc témoigne, que la Reine Cleopatre, voulant lurpassèr la magnificence de Marc Antoine, fit
dilîoudre avec du vinaigre une Perle, qu’on estimoit cent Sestcrces, (c’est-à-dire 625000 Florins,
Monnoie de Hollande,) & que dans un Festin public, elle l’avala d’un seul trait. Ï1 ajoute, qu’après
la mort de cette Reine, vaincue parles Romains, on porta d’Egypte à Rome son autre Perle, qui
avec la précédente, lui avoit servi de Pendans d’oreille; qu’on la fit tailler en deux moitiez, & qu’on
les consàcra à la Statue de Venus.
Spartien raporte [cap. 19.) qu’Adrien repara ce Temple, qui commençoit à tomber en ruine. Mais
il y eut quelques autres Empereurs, qui s’en mêlèrent, comme Antonin le Pieux, dont Jules Capito-
lin, dans sa Vie [cap. 8.) réduit les Ouvrages , qui subsistoient alors, au Temple consacré à l’honeur
d’Adrien son Pere, à l’Ampithéatre qu’il rétablît, au Tombeau d’Adrien, & au Temple d’Agrippa.
Septimius Severus & Caracalla répareront auiïi ce Temple, comme le témoigne l’Insoription soivante,
qu’on voit sur les deux Filets du Chapiteau d’une Colomne.
$
IMP. CAES. L. SEPTIM1VS. SEVERVS. P1VS. PERT1NAX. ARABICVS. ADIABENICVS. PARTHICVS. MAXIMVS. PONT1F. MAX. TRIB. POT.“xÏ7 COS. ÏÏÏ.P. I\ PROCOS. ET
IMP. CAES. M. AVRELIVS. ANTONtNVS. I’IVS. FELIX. AVG. TRIB-. POTEST. V. COS. PROCOS. PANTIIEVM. VETVSTATE. CORRVPTVM. CVM. OMNI. CVETV. RESTITUER VN T
C’est-à-dire, L’Empereur Cefar, Lucius Septimius Severus, Pie, Pertinax, Arabique, Adiabenique,
Parthique, très Grand, Souverain Pontife, revêtu de la puiffance des Tribuns pour l’ 11 fois, ConJul pour
la 3 fois, Pere de la Patrie, & Proconjul ; & l’Empereur Cefar, Marc Aurele, Antonin, Pie, Heu-
reux, Aitgufe, revêtu de la puisfance des Tribuns pour la 5 fois, ConJul & Proconjul, ont réparé & orné
en toutes maniérés le Panthéon, qui dépéri(foit.
Le Pape Boniface IV. avec l’aprobation de l’Empereur Phocas, dédia ce Temple à la S. Vierge
Marie , l’An de nôtre Salut 607.
Urbain VIII. enleva de ce Temple tous les Ouvrages de Métail, ou d’autre matière qui pouvoit fc
fondre, jusques au poids de 450274 livres, & il n’y laissà que deux Portes de bronze, qu’on y voit en-
core aujourd’hui. Il emploia ce Métail à orner l’Eglife de S. Pierre, & à faire les gros Canons qui
servent à la défcnfc du Chatcau S. Ange. Le principal de ces ornemens est le Baldaquin, qui elt sor
le Tombeau de S. Pierre & de S. Paul; & l’on fit une de ces Pièces de Canon des Clous, qui ser-
voient à joindre les Entabiemcns de Bronze du Portique, comme le marquent les deux Clous repré-
sentez sur cette Machine, & l’Inscription suivante qu’on y voit aulli.
EX. CLAVIS. TRABALIBVS. PORTICVS. AGRIPPAE.
C’est-à-dire, Fait des gros Clous du Portique d’Agrippa. Le même Urbain en rend témoignage dans
une Inscription, qui est sur un Marbre, à côté de la Porte de ce Temple.
V R B A-
LE PANTHEON.
mit la Statue de J aie Cefar dans le Panthéon meme, & celle d’Augufe avec la [tenue dans le Ve fibule, ou
le Portique.
Le mot de Panthéon vient du Grec Wtoov rtov ©eiov, c’est-à-dire, le Temple de tous les Dieux,
quoi qu’il lût consàcré à quelques uns d’eux en particulier, par exemple à Jupiter le Vangeur, comme
Pline le marque dans l’endroit que nous en avons déjà cité. Dion s’exprime de cette maniéré dans le
Pallàge indiqué ci-delîus, §. i. Agrippa, dit-il, acheva le ‘Panthéon. Peut-être qu’il ejl aïnft apellc, par-
ce qu’il renfermoit les Images de plufeurs Divinisez, enpojfédant les Statues de <ÀA4ars & de Venus : il
me femhle pourtant qu’il tire ce nom de la figure convexe de (on Toit, qui rcpréjèntoit le Ciel.
Au milieu de la grande Voûte il y a une Ouverture, qui sort à donner du jour, & l’on voit un Egout
au-deiïous, pour recevoir la pluie. C’étoit un devoir de la Religion des Paiens , de lailîér quelque
Ouverture au Toit de leurs Temples. Il y en avoit une aulli à la Voûte du Temple du Capitole, affin
que le Dieu Terminus, ce Rocher immobile, fut exposé à l’air.
On ne sauroit exprimer la magnisicence de ce Temple. On y a prodigué le Marbre de diverses
couleurs, qui orne le Pavé : Les Colomnes du Contour, avec leurs Chapiteaux, sont d’une struclurc
admirable, & l’on voit des Chapelles dans l’entre-deux, où il y avoit autresois quantité de Statues.
Celle de Venus avoit à ses oreilles une Perle d’une grolîëur étonnante & d’un prix extraordinaire.
Macrobc témoigne, que la Reine Cleopatre, voulant lurpassèr la magnificence de Marc Antoine, fit
dilîoudre avec du vinaigre une Perle, qu’on estimoit cent Sestcrces, (c’est-à-dire 625000 Florins,
Monnoie de Hollande,) & que dans un Festin public, elle l’avala d’un seul trait. Ï1 ajoute, qu’après
la mort de cette Reine, vaincue parles Romains, on porta d’Egypte à Rome son autre Perle, qui
avec la précédente, lui avoit servi de Pendans d’oreille; qu’on la fit tailler en deux moitiez, & qu’on
les consàcra à la Statue de Venus.
Spartien raporte [cap. 19.) qu’Adrien repara ce Temple, qui commençoit à tomber en ruine. Mais
il y eut quelques autres Empereurs, qui s’en mêlèrent, comme Antonin le Pieux, dont Jules Capito-
lin, dans sa Vie [cap. 8.) réduit les Ouvrages , qui subsistoient alors, au Temple consacré à l’honeur
d’Adrien son Pere, à l’Ampithéatre qu’il rétablît, au Tombeau d’Adrien, & au Temple d’Agrippa.
Septimius Severus & Caracalla répareront auiïi ce Temple, comme le témoigne l’Insoription soivante,
qu’on voit sur les deux Filets du Chapiteau d’une Colomne.
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IMP. CAES. L. SEPTIM1VS. SEVERVS. P1VS. PERT1NAX. ARABICVS. ADIABENICVS. PARTHICVS. MAXIMVS. PONT1F. MAX. TRIB. POT.“xÏ7 COS. ÏÏÏ.P. I\ PROCOS. ET
IMP. CAES. M. AVRELIVS. ANTONtNVS. I’IVS. FELIX. AVG. TRIB-. POTEST. V. COS. PROCOS. PANTIIEVM. VETVSTATE. CORRVPTVM. CVM. OMNI. CVETV. RESTITUER VN T
C’est-à-dire, L’Empereur Cefar, Lucius Septimius Severus, Pie, Pertinax, Arabique, Adiabenique,
Parthique, très Grand, Souverain Pontife, revêtu de la puiffance des Tribuns pour l’ 11 fois, ConJul pour
la 3 fois, Pere de la Patrie, & Proconjul ; & l’Empereur Cefar, Marc Aurele, Antonin, Pie, Heu-
reux, Aitgufe, revêtu de la puisfance des Tribuns pour la 5 fois, ConJul & Proconjul, ont réparé & orné
en toutes maniérés le Panthéon, qui dépéri(foit.
Le Pape Boniface IV. avec l’aprobation de l’Empereur Phocas, dédia ce Temple à la S. Vierge
Marie , l’An de nôtre Salut 607.
Urbain VIII. enleva de ce Temple tous les Ouvrages de Métail, ou d’autre matière qui pouvoit fc
fondre, jusques au poids de 450274 livres, & il n’y laissà que deux Portes de bronze, qu’on y voit en-
core aujourd’hui. Il emploia ce Métail à orner l’Eglife de S. Pierre, & à faire les gros Canons qui
servent à la défcnfc du Chatcau S. Ange. Le principal de ces ornemens est le Baldaquin, qui elt sor
le Tombeau de S. Pierre & de S. Paul; & l’on fit une de ces Pièces de Canon des Clous, qui ser-
voient à joindre les Entabiemcns de Bronze du Portique, comme le marquent les deux Clous repré-
sentez sur cette Machine, & l’Inscription suivante qu’on y voit aulli.
EX. CLAVIS. TRABALIBVS. PORTICVS. AGRIPPAE.
C’est-à-dire, Fait des gros Clous du Portique d’Agrippa. Le même Urbain en rend témoignage dans
une Inscription, qui est sur un Marbre, à côté de la Porte de ce Temple.
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