L A C O L
M N E
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A N T O N I N E.
a
s E Sénat éleva cette Colomne creuse, faite sur lemodelle de la Colomne Trajane
Phoneur de Marc Aurele Antonin , le Philosophe , & non pas à celui de son Beau-
(MSMÊêÊ ^ere Antonin le Pieux. Il ne la lui dédia qu’après sa Mort, sur la Place qui portoit son
ïiÈÈÊSM Nom , & qu’on apelloit aussi Flaminie, dans le Champ de Mars. Nardin , Donat &
quelques autres observent, que la Guerre des Marcomans y est représentée , avec une
petite Figure de Jupiter qui donne la Pluie , & que c’est une preuve convaincante,
qu’elle fut érigée à Marc Antonin le Philosophe, par le Sénat & son Fils Commode, puis qu’il fcutint
lui-même cette Guerre, & quune groiïë Pluie servit à desalterer (es Troupes prestées de la soif Pour
ce qui est de la Médaille que Nardin cite , & où l’on voit la figure d’une Colomne, il n’y a nul doute
quelle n’ait été frapée à Phoneur d’Antonin le Pieux, & qu’on ne lui eut érigé cette Colomne ioiide,
qui est différente de la nôtre, & dont l’Original fut enfin déterré en l’Année 1703. On peut voir là-desiiis
( Difsert. Cl. F. Johannis Fignolii, lit & R. P. Francifc. Blanchim Difsert. de Efilend. & Çyclo Cœfaris.)
Depuis le bas jusques au sommet de la Colomne Antonine , il y a en dedans un Escalier à vis de
190. Marches, outre les 7, qu’il y avoir à l’entrée de l’ancienne Porte, fk qui ont été cnsevelies sous la
terre. D’ailleurs, on y compte 44 petites Fenêtres, & il y en avoit 4 à l’ancienne Base , dont une seule
étoit ouverte.
La Statue Colosiale de Marc Aurele Antonin le Philosophe y étoit autrefois placée sur le sommet,
comme nous Paprénons des anciens Auteurs. Nous avons déjà dit, qu’on y voit en relief la représen-
tation de divers Exploits qui se firent, durant la Guerre avec les Marcomans ; ce qui paroit de ce que
l’Histoire en témoigne, mais sur tout de la figure de Jupiter fulminant & pluvieux. On y mit celle-ci,
parce que l’Armée de l’Empereur, prestëe de la soii & comme aisiegée , obtint de la pluie du Ciel,
de attira sur ses Ennemis des foudres & des carraux ; quoi que d’autres atribuent ce Miracle aux prières
d’une Légion Chrétienne, qui fut apellée à cause de cela, si nous en croions le Vulgaire, la Légion ful-
minante. Jule Capitolin, dans la Vie de Marc Antonin le Philosophe (cap. 24.) en parle en ces termes:
U Empereur, dit-il, fit tomber, par fes prières, la foudre du Ciel fur les Machines de fes Ennemis , & il ob-
tint de la pluie pour fes Troupes, qui mour oient de foif. Si l’on veut en savoir d’avantage sur cet événe-
ment, on n’a qu’à consulter Baronius, qui en traite sort au long dans ses Annales ( Tom. II. An. Sal. 176.)
Quoi qu’il en soit, cette Colomne n’ell pas d’une si belle soulpture, que la Trajane ; parce que les
Arts avoient alors beaucoup perdu de leur ancienne perfection , comme le (avant Casalius le remarque
[cap. IL de Splendore Urbis.)
D’un autre côté, les Historiens témoignent, que le Sénat & le Peuple Romain avoient érigé plu-
sieurs Monumens à la gloire d’Antonin le Philosophe. Aurelius Victor (in Epitome) nous allure ,
Qu ’après que la nouvelle de fa Mort fut venue à Rome , &c. tout le monde pré fuma d’une commune voix ,
qu’il avoit été reçu dans le Ciel\ & que la-desfus on lui décerna des Temples, des Colomne s & divers Ho-
neurs. Le même Historien ajoute (de Cæfaribus.) Que le Sénat & le Peuple, qui déliber oient feparé-
ment en toute autre chofe, fe réunirent a l’égard du feul Marc Antonin, & lui décernèrent des Temples, des
Colomne s & des Prêtres.
L’An de nôtre salut 1589, Sixte V. fit reparer cette Colomne, qui est de Marbre de Paros, & que
les Incendies, ou la longueur du tems avoient fort endommagée. Il y emploia le fameux Archite&e
Dominique Fontana , & il fit élever au sommet la Statue de S. Paul, de bronze doré , & haute de
19 Palmes Romains. Ce fut ausfi à cet Apôtre qu’il dédia cet ancien Monument, comme l’Inscription
suivante, qu’on voit sous les piez de la Statue, & qui est divisée en quatre Lignes, le témoigne.
SIXTVS, V. S. PAVLO. APOST. PONTIF. ANNO. IV.
C’est-à-dire, Sixte V. a consacré cette Colomne a S. Paul, P An 4. de fon Pontificat.
Tom. JL B b
Les
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A N T O N I N E.
a
s E Sénat éleva cette Colomne creuse, faite sur lemodelle de la Colomne Trajane
Phoneur de Marc Aurele Antonin , le Philosophe , & non pas à celui de son Beau-
(MSMÊêÊ ^ere Antonin le Pieux. Il ne la lui dédia qu’après sa Mort, sur la Place qui portoit son
ïiÈÈÊSM Nom , & qu’on apelloit aussi Flaminie, dans le Champ de Mars. Nardin , Donat &
quelques autres observent, que la Guerre des Marcomans y est représentée , avec une
petite Figure de Jupiter qui donne la Pluie , & que c’est une preuve convaincante,
qu’elle fut érigée à Marc Antonin le Philosophe, par le Sénat & son Fils Commode, puis qu’il fcutint
lui-même cette Guerre, & quune groiïë Pluie servit à desalterer (es Troupes prestées de la soif Pour
ce qui est de la Médaille que Nardin cite , & où l’on voit la figure d’une Colomne, il n’y a nul doute
quelle n’ait été frapée à Phoneur d’Antonin le Pieux, & qu’on ne lui eut érigé cette Colomne ioiide,
qui est différente de la nôtre, & dont l’Original fut enfin déterré en l’Année 1703. On peut voir là-desiiis
( Difsert. Cl. F. Johannis Fignolii, lit & R. P. Francifc. Blanchim Difsert. de Efilend. & Çyclo Cœfaris.)
Depuis le bas jusques au sommet de la Colomne Antonine , il y a en dedans un Escalier à vis de
190. Marches, outre les 7, qu’il y avoir à l’entrée de l’ancienne Porte, fk qui ont été cnsevelies sous la
terre. D’ailleurs, on y compte 44 petites Fenêtres, & il y en avoit 4 à l’ancienne Base , dont une seule
étoit ouverte.
La Statue Colosiale de Marc Aurele Antonin le Philosophe y étoit autrefois placée sur le sommet,
comme nous Paprénons des anciens Auteurs. Nous avons déjà dit, qu’on y voit en relief la représen-
tation de divers Exploits qui se firent, durant la Guerre avec les Marcomans ; ce qui paroit de ce que
l’Histoire en témoigne, mais sur tout de la figure de Jupiter fulminant & pluvieux. On y mit celle-ci,
parce que l’Armée de l’Empereur, prestëe de la soii & comme aisiegée , obtint de la pluie du Ciel,
de attira sur ses Ennemis des foudres & des carraux ; quoi que d’autres atribuent ce Miracle aux prières
d’une Légion Chrétienne, qui fut apellée à cause de cela, si nous en croions le Vulgaire, la Légion ful-
minante. Jule Capitolin, dans la Vie de Marc Antonin le Philosophe (cap. 24.) en parle en ces termes:
U Empereur, dit-il, fit tomber, par fes prières, la foudre du Ciel fur les Machines de fes Ennemis , & il ob-
tint de la pluie pour fes Troupes, qui mour oient de foif. Si l’on veut en savoir d’avantage sur cet événe-
ment, on n’a qu’à consulter Baronius, qui en traite sort au long dans ses Annales ( Tom. II. An. Sal. 176.)
Quoi qu’il en soit, cette Colomne n’ell pas d’une si belle soulpture, que la Trajane ; parce que les
Arts avoient alors beaucoup perdu de leur ancienne perfection , comme le (avant Casalius le remarque
[cap. IL de Splendore Urbis.)
D’un autre côté, les Historiens témoignent, que le Sénat & le Peuple Romain avoient érigé plu-
sieurs Monumens à la gloire d’Antonin le Philosophe. Aurelius Victor (in Epitome) nous allure ,
Qu ’après que la nouvelle de fa Mort fut venue à Rome , &c. tout le monde pré fuma d’une commune voix ,
qu’il avoit été reçu dans le Ciel\ & que la-desfus on lui décerna des Temples, des Colomne s & divers Ho-
neurs. Le même Historien ajoute (de Cæfaribus.) Que le Sénat & le Peuple, qui déliber oient feparé-
ment en toute autre chofe, fe réunirent a l’égard du feul Marc Antonin, & lui décernèrent des Temples, des
Colomne s & des Prêtres.
L’An de nôtre salut 1589, Sixte V. fit reparer cette Colomne, qui est de Marbre de Paros, & que
les Incendies, ou la longueur du tems avoient fort endommagée. Il y emploia le fameux Archite&e
Dominique Fontana , & il fit élever au sommet la Statue de S. Paul, de bronze doré , & haute de
19 Palmes Romains. Ce fut ausfi à cet Apôtre qu’il dédia cet ancien Monument, comme l’Inscription
suivante, qu’on voit sous les piez de la Statue, & qui est divisée en quatre Lignes, le témoigne.
SIXTVS, V. S. PAVLO. APOST. PONTIF. ANNO. IV.
C’est-à-dire, Sixte V. a consacré cette Colomne a S. Paul, P An 4. de fon Pontificat.
Tom. JL B b
Les