DE NERON & dALEXANDRE.
Ergn avoit élevé des Bains d’une strusturé magnifique dans le Champ de Mars, &:
l’on en voit encore aujourd’hui les voûtes , qui sont fort exaucées , prés de S. Eustache,
Martial en dit un mot (Lib. VIL Epigr. 34. ) *
-- Quid Nerone pejus ?
Quid Thermis melius Neronianis ?
C’est-à-dire, Y a-t-il rien déplus méchant que Néron, & de meilleur que fes "Bains l Stace y fait allusion,
dans l’endroit où il loüe les Bains d’Etruscus {Lib. I. Carm. 5. si. 61)
- - fas fit componere magnis
"Parva, Neronea nec qui modo lotus in unda
Hic iterum fiudare negct,
C’est-à-dire, S'il efl permis de comparer les petites chofies avec les grandes , qu'il isempêchepoint de fiu'èr
ici de nouveau celui qui vient de fie laver dans les Bains de Néron.
Eusebe témoigne dans sa Chronique, que Néron les bâtît, P an neuvième de fion Empire, & qu'on
les apella de sin Nom; mais Victor nous aprend, qu’ensuite 011 leur donna celui Pi' Alexandre. Cassîo-
dore le confirme sin Chronico; ) Néron, dit-il , apella de (on Nom les "Bains, qu'il confirai fit, mais par
un principe de haine contre lui, on changea cette Epithète en celle d'Alexandre. Cependant, Eusebe ra-
porte, dans le meme Livre que nous venons de citer, qu Alexandre en fit de nouveaux , l'an cinquième
de fin Empire. Lampridius le témoigne auiii ( cap. 25. J) Il repara, dit-il, les Ouvrages des anciens Em-
pereurs , & il en fit quantité de nouveaux. On compte, entre les derniers, les Bains qui portent Jon Nom,
tout-auprés de ceux de Néron, ou il fit venir de Peau, qu'on apelle aujourd'hui Alexandrine, & ou il planta
un Bois fiur le terrain de la Maifion qu'il avoit achetée & qu'il fit abatre. D’ailleurs, comme les Bains de
Néron n’étoient pas éloignez de ceux d’Alexandre, onpourroit conjecturer sans trop dehardieste, qu’on
donna aux uns & aux autres le Nom du dernier, parce que lassaterie panche toujours vers les Princes
regnans. D’un autre côté , Alexandre ajouta des Bocages aux Bains de Néron, de y fit allumer des
Lampes, de-même que dans les autres Bains publics, afin qu’on pût y aller de nuit. C’est ce que
Lampridius nous enseigne ( cap. 24. ) U établit un très beau revenu, dit-il, pour encourager les Arts, &
il ordonna qu'on tirât de ce Fonds dequoi fervir aux fraix des Bains de fies Prédecefiseurs & des fiens, pour
Pufage du Bublic. D'ailleurs, il y planta des Bocages, & il four tut de l'huile pour y entretenir des Lam-
pes, au lieu qu'autrefois onfiermoit les Bains au coucher du Soleil, & qu'on ne les ouvroit quâ la pointe du
jour. Cependant, Néron avoit aussi donné de l’huile pour l’usage des Bains, comme Suetone le mar-
que dans la Vie de cet Empereur ( cap. 12. ) Néron, dit-il, après avoir confineré fes Bains & un Lieu
d'exercice â Pufage du Public, il y fournît de l'huile pour le fier vice des Sénateurs & des Chevaliers. Mais
P Empereur Tacite, à ce que V opiseus témoigne, dans sa Vie ( cap. 1 o.) ordonna de nouveau qu'on fer-
mât tous les Bains avant que les Lampes fiujfient allumées, de peur qu'il n'arrivât quelque Jédition durant
la nuit.
Le grand nombre de Statues, de Colomnes & d’Ouvrages en bas relief, qu’on trouva sous les ruines
de ces Bains de Néron & d’Alexandre, lors qu’on y creusa les fondemens du Palais Justiniani, sont
une preuve authentique de leur ancienne magnificence. Il n’y a point aussi d’Endroit, où l’on puissè
voir tant d’illustres Monumens de l’Antiquité , que l’on en trouve dans ce Palais. Seneque n’avoit donc
pas tort de condamner le luxe qui regnoit à l’égard de la struclure des Bains, & de s’exprimer d’une ma-
niéré aussi vive qu’il le fait dans ce Pasîàge de l’Epitre 86, que nous en avons raporté à l’occasion
de ceux de Dioclétien.
On prétend même qu’Alexandre en fit construire de nouveaux dans tous les Quartiers de la Ville,
Tout. IL Kk où