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Place, Victor
Ninive et l'Assyrie (Band 1) — Paris, 1867

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https://doi.org/10.11588/diglit.5728#0218
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200 LIVRE [, PARTIE I, SECTION IV.

fisamment pénétrés des conditions de la matière qu'ils employaient, ont su observer les lois
impérieuses de 1 équilibre et de la solidité. Ne perdons pas de vue, en effet, que l'archi-
tecte, surtout si, comme dans le cas présent, les ressources du bois et des métaux lui font
défaut, se voit aux prises avec les matériaux les plus inertes, et qu'il doit néanmoins, avec
ces agents rebe lies, créer des œuvres où se trouvent réunies à la fois l'utilité, la grandeur,
la beauté et la durée. L'intelligente répartition des chambres, des cours, des entrées, des
passages, procure à un édifice les communications, l'éclairage, l'aérage nécessaires; et s'il est,
en même temps, bien orienté et dans une situation salubre, il donne tout son effet utile et
répond alors à sa destination. Une bonne distribution est déjà, on le voit, assez difficile à réa-
liser, car rien n'est variable comme les besoins et souvent les fantaisies des hommes, suivant
les climats, les professions ou les habitudes; et ce n'est pas un des moindres mérites de l'archi-
tecte de Khorsabad d'avoir traité si habilement des distributions aussi compliquées. A cette
première difficulté vient bientôt s'en ajouter une autre : l'utilité dans sa simplicité primitive
ne satisfait pas l'homme qui veut ajoutera son habitation un certain caractère de grandeur.
Dans une demeure royale, particulièrement, le constructeur doit savoir associer l'élévation
des murs à l'étendue des surfaces couvertes, et alors les obstacles s'accroissent par la néces-
sité de dresser à de grandes hauteurs et de maintenir en équilibre ces lourds matériaux que
les lois de la pesanteur sollicitent sans cesse à tomber. Enfin la grandeur elle-même ne
suffit plus; on veut y joindre la beauté des lignes, la richesse des ornements, et, non con-
tent d'un palais vaste et commode, on le veut encore remarquable par la splendeur de la
décoration.

Beauté, grandeur, utilité, n'offriraient pourtant à l'exécution que des difficultés rela-
tives, si le problème n'était pas compliqué d'une dernière exigence bien autrement rigou-
reuse, bien autrement indispensable : la solidité, la durée. L'homme a toujours l'ambition
de bâtir non-seulement pour lui-même, mais aussi pour sa postérité, et alors de quel prix
serait à ses yeux la plus riche demeure, s il avait la perspective de la voir bientôt périr?
C'est donc seulement s'il parvient à en assurer la durée qu'il croit avoir mené son ouvrage
à bonne fin. Mais l'architecte chargé d'accomplir toutes ces merveilles n'a à sa disposition,
répétons-le, qu'une matière pesante, essentiellement périssable en elle-même, exposée né-
cessairement aux intempéries de l'atmosphère, attaquée sans relâche par les écrasements que
le poids occasionne, par les écartements et les chutes que provoquent les poussées. Com-
bien de causes de destruction conspirent contre son entreprise! Et cependant, une fois la
bâtisse terminée, une fois les échafaudages et autres secours accessoires retirés, une fois
enfin l'œuvre abandonnée à ses seules forces, si les matériaux ont été bien choisis, les
masses judicieusement distribuées, et les points d'appui calculés avec précision, l'édifice
se soutient par lui-même et dure pendant des siècles. Une science profonde, celle de la
construction, engendre seule des résultats aussi complets et constitue le véritable art de
bâtir.

La construction, tout en paraissant être la partie purement matérielle de l'architecture,
 
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