Place, Victor: Ninive et l'Assyrie (Band 1) (Paris, 1867)

DÉTAILS DE CONSTRUCTION. 319

sur l'esplanade VIII. De même, lorsqu'on voit qu'une cour, la cour XXI, a été établie pour
l'usage à peu près exclusif de la chambre i 57, tandis que les chambres 1 58, 1 5 9 et i 60,
situées dans son voisinage, ne pouvaient recevoir de jour direct que de la voûte, il faut
bien admettre un parti pris relativement à tous les appartements placés dans les mêmes
conditions. Nous ne sommes évidemment pas à même de retrouver les motifs de ces parti-
cularités de distribution, nous ne pouvons que les soupçonner; en tout cas, ils ne sont
pas difficiles à entrevoir au sujet des cloaques 48, 1 35, 1 36 et 169.

Je n'insiste pas sur la forme rectangulaire de toutes les cours; on devait s'attendre à la
constance de cette figure dans un édifice dont toutes les constructions sont posées dequerre.
Je ne reviendrai également pas sur leur carrelage et leur dallage, qui ont été examinés
dans le paragraphe relatif au pavement des aires. J'ajouterai seulement quelques mots sur
les rapports existant entre les dimensions de plusieurs cours, et les hauteurs des bâtiments
qui les entouraient. En thèse générale, on peut dire que le système de clôture hermétique
prédomine dans les cours de ce Palais. De trente et une cours ou esplanades, à peine en
compte-t-on cinq dégagées sur une partie de leur périmètre, et encore, sur les cotés où il
ny a pas de bâtiments, ces esplanades sont-elles fermées par le parapet du mur de soutène-
ment. On se sent toujours en Orient, où l'on n'a jamais aimé les grilles à claire-voie m les
clôtures volantes. Quant aux vingt-six autres cours, toutes, sans exception, sont sévèrement
bordées de bâtisses, et, autant toutefois qu'il nous a été possible de déterminer 1 élévation des
constructions, nous observons que la plupart de ces cours sont plus longues et plus larges
que les bâtiments n'étaient hauts, et qu'elles offrent, par là, les meilleures conditions pour
l'éclairage des appartements. Ces conditions ne sont pas moins favorables au charme de
la perspective. Il est, en effet, une règle de construction qui prescrit de donner aux
côtés des espaces découverts une longueur au moins double de la hauteur des bâtisses,
quand on veut faire valoir la beauté des lignes architecturales. Cette règle a été observée
pour près de la moitié des cours. Plus d'espace vaut mieux encore, quand toutefois on ne
donne pas aux cours des dimensions telles qu'elles se transforment en places trop vides, en
espèces de déserts, dont les bâtiments d'entourage prennent alors un aspect mesquin. La
cour de notre Louvre, dans laquelle les côtés ont en longueur une dimension égale à cinq
fois et demie la hauteur des bâtiments, est citée comme un modèle. Dans la cour XV de
Khorsabad, les plus grands côtés ayant cent trois mètres, et les murs atteignant, avec
leur couronnement, une hauteur de dix-huit mètres, le rapport entre les uns et les autres
se trouve être de cinq fois et deux tiers. Ce rapprochement n'a-t-il pas quelque chose de
curieux et ne prouve-t-il pas que, tout en faisant passer l'utilité en première ligne, les
Assyriens ne dédaignaient pas, à l'occasion, l'emploi des belles proportions?

Les cours et esplanades du Palais de Khorsabad étaient en général peu décorées, car, à
part celles de la Partie sculpturale du Sérail, appelées naturellement à recevoir sur leurs
façades les files de bas-reliefs qui distinguaient ce quartier, les cours XXVII et XXXI du
Harem nous présentent seules des exemples d'ornementation. Ce sont les statues, les pal-