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https://doi.org/10.11588/diglit.5728#0165
TROISIÈME SECTION.
LA VILLE.
En face du plus grand des deux parallélogrammes dont se compose l'éminence artifi-
cielle, s'étendait une plaine renfermée dans une enceinte de murailles encore très-appa-
rentes. A l'époque où M. Botta commença ses travaux, ce terrain était exploité par les
habitants du village établi sur le monticule, et bien que, dans l'intérêt de l'exploration,
les chaumières des fellahs eussent été transportées un peu plus loin, les cultures n'en avaient
pas moins persisté. Je les retrouvai actives et nombreuses quand, dix ans après, je repris
de nouvelles recherches; l'orge, le blé, le coton couvraient toute la surface de la plaine,
et, sans la présence d'un mur d'enceinte, on n'aurait pas facilement soupçonné que les
débris d'une cité antique servaient, depuis tant de siècles, à nourrir de nombreuses géné-
rations.
Aussi l'existence de cette vdle, cachée sous les cultures, restait-elle un problème à ré-
soudre, car la plaine si singulièrement enclose passait plutôt pour avoir été, au temps des
monarques assyriens, un jardin ou un parc dépendant du Palais. L'hypothèse n'était pas
dépourvue de vraisemblance et se trouvait d'accord avec certaines indications des historiens
anciens. Xénophon, en particulier, signale chez les Asiatiques l'usage de créer ainsi de grands
parcs, désignés sous le nom de paradis ^apdSeiaoi), où l'on enfermait des animaux de toute
espèce et où les souverains venaient se livrer au plaisir de la chasse sur un gibier empri-
sonné entre de hautes murailles. Ce renseignement, il est vrai, a plus trait aux rois de
Perse contemporains des Dix-Mille, qu'aux rois d'Assyrie, presque oubliés à cette époque;
mais les Perses, étudiés par Xénophon, avaient pu emprunter cette coutume aux Assyriens,
leurs maîtres dautrefois, ou tout au moins leurs devanciers. Suivant Hérodole, les Perses
LA VILLE.
En face du plus grand des deux parallélogrammes dont se compose l'éminence artifi-
cielle, s'étendait une plaine renfermée dans une enceinte de murailles encore très-appa-
rentes. A l'époque où M. Botta commença ses travaux, ce terrain était exploité par les
habitants du village établi sur le monticule, et bien que, dans l'intérêt de l'exploration,
les chaumières des fellahs eussent été transportées un peu plus loin, les cultures n'en avaient
pas moins persisté. Je les retrouvai actives et nombreuses quand, dix ans après, je repris
de nouvelles recherches; l'orge, le blé, le coton couvraient toute la surface de la plaine,
et, sans la présence d'un mur d'enceinte, on n'aurait pas facilement soupçonné que les
débris d'une cité antique servaient, depuis tant de siècles, à nourrir de nombreuses géné-
rations.
Aussi l'existence de cette vdle, cachée sous les cultures, restait-elle un problème à ré-
soudre, car la plaine si singulièrement enclose passait plutôt pour avoir été, au temps des
monarques assyriens, un jardin ou un parc dépendant du Palais. L'hypothèse n'était pas
dépourvue de vraisemblance et se trouvait d'accord avec certaines indications des historiens
anciens. Xénophon, en particulier, signale chez les Asiatiques l'usage de créer ainsi de grands
parcs, désignés sous le nom de paradis ^apdSeiaoi), où l'on enfermait des animaux de toute
espèce et où les souverains venaient se livrer au plaisir de la chasse sur un gibier empri-
sonné entre de hautes murailles. Ce renseignement, il est vrai, a plus trait aux rois de
Perse contemporains des Dix-Mille, qu'aux rois d'Assyrie, presque oubliés à cette époque;
mais les Perses, étudiés par Xénophon, avaient pu emprunter cette coutume aux Assyriens,
leurs maîtres dautrefois, ou tout au moins leurs devanciers. Suivant Hérodole, les Perses