LA VILLE D'ÉANÉ EN MACÉDOINE.
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carte et dans son ouvrage, mais piacée au hasard, dans les environs
deGrévéna et accompagnée d'un point d'interrogation, qui montre
assez toute la défiance de l'auteur pour sa propre hypothèse. Heu-
reusement, dans mon voyage, j'ai pu mettre la main sur des mo-
numents qui suppléent au silence des textes et qui permettent de dé-
terminer avec précision la position de cette ville peu connue, en
ajoutant au court article que lui consacre l'auteur des 'E6v^ct, quel-
ques détails intéressants sur ses traditions et sur son histoire.
J'avais été attiré dans le bassin moyen de l'Haliacmon, par l'étude
des opérations militairesdeDomitius, lieutenant de Jules César, et par
le nom de Æm'surm que conserve encore aujourd'hui un des villages
voisins de la petite ville grecque de Je savais aussi qu'on
avait signalé au colonel Leake (1), dans cette région,plusieurs ruines
antiques, parmi lesquelles il avait cru reconnaître celles d'un temple
corinthien, sur un dessin grossier qui lui avait été présenté par un
habitant du pays. Les villages chrétiens de Æfcm, de Æaimm et de
Æaèsana, qui avaient été désignés particulièrement au voyageur
anglais, occupent l'angle S.-O. de la petite plaine intérieure et fer-
mée, dont Kojani est le principal centre de population. Habités par
des Grecs, ils forment un groupe à part, dans un canton occupé pres-
que exclusivement par des Turcs agriculteurs, de ceux que l'on
appelle Koniarides. Ftém, entrecoupé de haies vives et de touffes
d'amandiers, est situé sur les pentes mêmes du mont HourHios, dont
la chaîne escarpée forme la limite occidentale de la plaine; Æn&mf
se trouve plus bas, au milieu d'une campagne bosselée de quelques
collines et sillonnée de nombreux ruisseaux, qui descendent vers le
fleuve par autant de ravins parallèles; en débouchant, près de JGH-
sana, dans le lit même de l'Haliacmon, ces ravins mettent à nu de
prufondes veines d'une terre stérile, sablonneuse, et d'une blancheur
de neige, qui donnent à certaines parties de la contrée un aspect
étrange, en venant affleurer à la surface du sol et interrompre çà et
là les cultures. Le plan qui accompagne cette note donnera une idée
exacte de la topographie du pays.
Les ruines les plus anciennes de ce petit territoire se trouvent près
de Kténi, sur une colline détachée comme exprès des flancs de Bou-
rinos. Les pentes, escarpées des quatre côtés, se terminent par une
plate-forme légèiement inclinée vers la plaine et couronnée par les
vestiges d'une enceinte de ville, en petit appareil hellénique, encore
rude et grossier. La muraille dessinait un rectangle de forme alion-
(1) Leake, Greece, vol. 111, p. 301i-
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carte et dans son ouvrage, mais piacée au hasard, dans les environs
deGrévéna et accompagnée d'un point d'interrogation, qui montre
assez toute la défiance de l'auteur pour sa propre hypothèse. Heu-
reusement, dans mon voyage, j'ai pu mettre la main sur des mo-
numents qui suppléent au silence des textes et qui permettent de dé-
terminer avec précision la position de cette ville peu connue, en
ajoutant au court article que lui consacre l'auteur des 'E6v^ct, quel-
ques détails intéressants sur ses traditions et sur son histoire.
J'avais été attiré dans le bassin moyen de l'Haliacmon, par l'étude
des opérations militairesdeDomitius, lieutenant de Jules César, et par
le nom de Æm'surm que conserve encore aujourd'hui un des villages
voisins de la petite ville grecque de Je savais aussi qu'on
avait signalé au colonel Leake (1), dans cette région,plusieurs ruines
antiques, parmi lesquelles il avait cru reconnaître celles d'un temple
corinthien, sur un dessin grossier qui lui avait été présenté par un
habitant du pays. Les villages chrétiens de Æfcm, de Æaimm et de
Æaèsana, qui avaient été désignés particulièrement au voyageur
anglais, occupent l'angle S.-O. de la petite plaine intérieure et fer-
mée, dont Kojani est le principal centre de population. Habités par
des Grecs, ils forment un groupe à part, dans un canton occupé pres-
que exclusivement par des Turcs agriculteurs, de ceux que l'on
appelle Koniarides. Ftém, entrecoupé de haies vives et de touffes
d'amandiers, est situé sur les pentes mêmes du mont HourHios, dont
la chaîne escarpée forme la limite occidentale de la plaine; Æn&mf
se trouve plus bas, au milieu d'une campagne bosselée de quelques
collines et sillonnée de nombreux ruisseaux, qui descendent vers le
fleuve par autant de ravins parallèles; en débouchant, près de JGH-
sana, dans le lit même de l'Haliacmon, ces ravins mettent à nu de
prufondes veines d'une terre stérile, sablonneuse, et d'une blancheur
de neige, qui donnent à certaines parties de la contrée un aspect
étrange, en venant affleurer à la surface du sol et interrompre çà et
là les cultures. Le plan qui accompagne cette note donnera une idée
exacte de la topographie du pays.
Les ruines les plus anciennes de ce petit territoire se trouvent près
de Kténi, sur une colline détachée comme exprès des flancs de Bou-
rinos. Les pentes, escarpées des quatre côtés, se terminent par une
plate-forme légèiement inclinée vers la plaine et couronnée par les
vestiges d'une enceinte de ville, en petit appareil hellénique, encore
rude et grossier. La muraille dessinait un rectangle de forme alion-
(1) Leake, Greece, vol. 111, p. 301i-