GARGANTUA
ESSAI DE MYTHOLOGIE CELTIQUE
(Hemolre /M f/eua?!? Socée^é de ctany /e^ séances
r?es(ie?20yMMl868).
La civilisation gauloise a été arrêtée dans son déveioppement par
ia conquête romaine, et nos ancêtres ne nous ont laissé aucun mo-
nument de leur littérature, presque aucun de leurs arts. L'embarras
est donc grand quand on veut connaître leur religion. La sculpture
n'est pas là pour en exprimer les symboles, la poésie pour en ra-
conter les mythes. Nous serions réduits à quelques noms épars chez
les auteurs anciens, ou conservés dans de rares inscriptions votives,
si nous ne pouvions puiser à la source encore jaillissante des tra-
ditions populaires. Cbassés des temples, les dieux gaulois se sont
réfugiés dans nos campagnes ; ils y sont encore.
Il est difficile de les reconnaître, avouons-le; ils ont le plus sou-
vent perdu cette grandeur poétique, cette fierté d'allures qui carac-
térise les dieux primitifs de la race indo-européenne. Relégués dans
l'ombre, tantôt on en a fait des saints de l'Empyrée chrétien, tantôt
on les a transformés en hôtes invisibles du foyer, en coureurs
nocturnes, en visions fantastiques. Quelques-uns, plus beaux, plus
lumineux, bien que proscrits par une religion nouvelle, ont gardé
le cœur et les affections du peuple, qui devinant leur influence
bienfaisante dans ses champs plus fertiles, dans les mamelles plus
pesantes de ses vaches, n'a voulu voir en eux que des anges tombés.
Le peuple a sa façon particulière de comprendre une religion.
Les dienx s'abaissent pour se mettre à sa portée. 11 leur prête ses
ESSAI DE MYTHOLOGIE CELTIQUE
(Hemolre /M f/eua?!? Socée^é de ctany /e^ séances
r?es(ie?20yMMl868).
La civilisation gauloise a été arrêtée dans son déveioppement par
ia conquête romaine, et nos ancêtres ne nous ont laissé aucun mo-
nument de leur littérature, presque aucun de leurs arts. L'embarras
est donc grand quand on veut connaître leur religion. La sculpture
n'est pas là pour en exprimer les symboles, la poésie pour en ra-
conter les mythes. Nous serions réduits à quelques noms épars chez
les auteurs anciens, ou conservés dans de rares inscriptions votives,
si nous ne pouvions puiser à la source encore jaillissante des tra-
ditions populaires. Cbassés des temples, les dieux gaulois se sont
réfugiés dans nos campagnes ; ils y sont encore.
Il est difficile de les reconnaître, avouons-le; ils ont le plus sou-
vent perdu cette grandeur poétique, cette fierté d'allures qui carac-
térise les dieux primitifs de la race indo-européenne. Relégués dans
l'ombre, tantôt on en a fait des saints de l'Empyrée chrétien, tantôt
on les a transformés en hôtes invisibles du foyer, en coureurs
nocturnes, en visions fantastiques. Quelques-uns, plus beaux, plus
lumineux, bien que proscrits par une religion nouvelle, ont gardé
le cœur et les affections du peuple, qui devinant leur influence
bienfaisante dans ses champs plus fertiles, dans les mamelles plus
pesantes de ses vaches, n'a voulu voir en eux que des anges tombés.
Le peuple a sa façon particulière de comprendre une religion.
Les dienx s'abaissent pour se mettre à sa portée. 11 leur prête ses