Revue archéologique (N.S.18.1868)

ARCHÉOLOGIE CHRÉTIENNE'

Sur tes bords du Tibre, une bonne fortune et des recherches heu-
reusement dirigées par ie savant commissaire des antiquités romaines,
M. Yisconti, ont fait retrouver un dépôt de marbres bruts autrefois
exploité et oublié depuis. C'était 1e chantier de débarquement des
biocs envoyés de Grèce, d'Asie, d'Afrique, amenés avec la profusion
qu'exigeaient ies magnificences de Rome et portant encore les
inscriptions qu'on y avait gravées dans ies galeries d'extraction. Aux
âges de ténèbres et de ruines, ies attérissemonts du fleuve avaient
recouvert cette riche épave des grandeurs d'autrefois. Là pourtant
se trouvait un trésor sans prix, car ies fouilles amènent au jour des
marbres empioyés par les anciens et dont ies carrières sont aujour-
d'hui perdues.
Devant ces richesses exhumées, l'esprit se reporte aux temps
recutés où des iégions de misérables s'épuisaient, à tirer de teiies
masses des entraxes du sot; on songe à i'Égiise primitive qui vit,
par miiiiers, ses enfants envoyés dans ies iieux sombres où se tab-
laient les colonnes et les blocs, aux douleurs que souffrirent, les
chrétiens condamnés, avec des scéiérats, à ces travaux des mines
qui constituaient, d'après la législation romaine, un châtiment
presque égal à la peine de mort.
C'est à cet âge de misères volonlairement acceptées et subies que
nous reporte tout d'abord le savant M. de Rossi, en ictraçant dans
son deuxième BitHcPùt. l'histoire des condamnations aux mines.
Apulée nous montre attachés aux rudes travaux dupixt-rmimr des
malheureux vêtus à peine, le corps bleui de coups, marqués au
front, ies cheveux à demi rasés, les pieds chargés de chaînes. Tels
étaient ies nobles chrétiens que frappaiiia condamnation m
Rt comme parlaient les anciens, ou la peine plus grave

(1) Voir le numéro de juin.