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Institut Français d'Archéologie Orientale <al-Qāhira> [Editor]; Mission Archéologique Française <al-Qāhira> [Editor]
Recueil de travaux relatifs à la philologie et à l'archéologie égyptiennes et assyriennes: pour servir de bullletin à la Mission Française du Caire — 6.1885

DOI issue:
Nr. 3-4
DOI article:
Loret, Victor: L' ébène chez les anciens égyptiens
DOI Page / Citation link:
https://doi.org/10.11588/diglit.12264#0140
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130

L'ÉBÈNE CHEZ LES ANCIENS EGYPTIENS.

Le moyen était simple. On pilait très finement l'encens avec d'autres substances, on faisait
bouillir le tout dans de l'eau jusqu'à complète évaporation du liquide, et l'on recueillait la
pâte molle, absolument homogène, qui restait au fond du récipient. Cette pâte, desséchée,
était ensuite brûlée dans des encensoirs, et la fumée des aromates se mêlait intimement à
celle de l'encens. Nous avons vu plus haut que Dioscoride et Pline font mention de l'odeur
agréable qu'exhale l'ébène brûlée. Cette fois encore les inscriptions égyptiennes viennent
corroborer le dire des auteurs classiques. Après avoir indiqué les aromates à piler avec l'en-
cens, cannelle, cinnamome, carthame et rue, le texte de Dendérah ajoute "^"It A'JïL" " '
v/q^=i @ <= n e /a i ^s=- m 111 <=> <=> 11 -—D y t*=^ -;—- *AA""A m <=> <=> n n
s—o <z=> n _m a N ï i o 11 i i i n 111 u \—a nu i— o i \- m n n n'

Acacia Farnesiana Willd., hin 9; y ajouter ses 3/5 en ébene, soit hin 52/5; ajouter à l'ébène
son 'j4 en eau, soit hin Vjw Puis enfin, <^=>n | ^^J^ ° Q, ^ Q (s"^ f^,?» mettre sur
un feu de charbon d'Acacia du Nil, et laisser jusqu'à complète ébullition K

Il existe, aux Musées du Louvre2 et de Florence3, des boyaux égyptiens dont la matière
est indiquée sur les catalogues comme étant de l'ébène jaune. L'ébène jaune provient d'un
arbre des Antilles, le Bignonia leucoxylum L. Cet arbre ne se rencontre pas aujourd'hui en
Egypte ni même, je crois, en Afrique; rien ne prouve qu'on l'y ait rencontré autrefois. Je
suppose qu'il y a erreur d'identification de la part des auteurs des catalogues, et que cette
prétendue ébène jaune est tout simplement l'aubier de l'ébène ordinaire qui, on le sait, est
de couleur très claire.

La découverte la plus importante qu'on ait faite au sujet de l'ébénier des anciens Égyp-
tiens est peut-être celle de quelques graines trouvées dans une tombe de Thèbes et exposées
aujourd'hui au Musée de Berlin. C. S. Kunth les décrit ainsi : «Diospyros. Espèce de placque-
» minier. Je suis sûr du genre; mais comme il est très nombreux en espèces dont nous ne
» connaissons pas toujours les fruits, je laisse encore le nom spécifique en blanc. (Est-ce l'Em-
bryopteris glutinosa de Boxburgh, tab. 70, ou le Diospyros Lotus?)1»

Il serait intéressant de continuer les recherches de Kunth pour déterminer l'espèce de
Diospyros à laquelle appartiennent ces graines. Mais en tout cas, rencontrées au milieu d'autres
fruits propres à l'Egypte, tels que le grenade, la figue, le raisin, la datte, etc., leur présence
dans une tombe égyptienne nous autorise jusqu'à un certain point à supposer que l'ébénier,
à une époque reculée, croissait naturellement en Egypte, ou au moins y était cultivé.

Paris, 14 décembre 1884.

Victor Lorbt.

1) A. Mariette, Dendérah, I, 47, a—c.

2) E. de Rouge, Not. somm., p. 85.

3) A. M. Mioliarini, Not. suce, p. 56, n° 2690.

4) J. Passalacqua, Cat. raisonné, p. 228.
 
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