L'ÉBÈNE CHEZ LES ANCIENS EGYPTIENS.
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les musées égyptiens d'Europe. On trouve à Paris, à Londres, à Leyde, des chaises1, des
coffres2, des statues3, des figurines funéraires4, des cannes5, des palettes de scribes0, des
manches de cuillers7 et de miroirs8, et même un pilon dont l'extrémité est formée d'un nœud
d'ébène9. On remarquera que, malgré la dureté du bois, la plupart de ces objets sont tra-
vaillés avec la plus grande finesse.
On n'employait pas l'ébène seulement pour les travaux de menuiserie. Les Égyptiens
la destinaient encore à d'autres usages.
En médecine, on en utilisait la sciure pour certaines maladies d'yeux telles que l'ex-
trême dilatation de la pupille, la taie, l'écoulement, l'inflammation et l'obscurcissement de la
vue. J'ai déjà, il y a longtemps1", rapproché les trois passages du Papyrus médical Ebers,
dans lesquels est indiqué cet emploi de l'ébène, d'un chapitre de Pline relatif au même arbre.
Je ne redonnerai du texte hiéroglyphique que l'orthographe du nom de l'ébénier, A .
J'ajouterai que Théophraste11 et Dioscoride12 recommandent également l'emploi de la sciure
d'ébène pour les maux d'yeux. «Frottée sur une meule», écrit Théophraste, «l'ébène est utile
dans les ophthalmies. » Voici en son entier le passage de Dioscoride relatif aux propriétés de
l'ébène. «L'ébène s'emploie comme détersif en cas d'obscurcissement de la vue. On donne
»plus de force aux collyres en y mêlant de la poudre d'ébène usée à la meule. Pour les
»niaux d'yeux, on peut se servir de collyre dans lequel on a laissé infuser, après les avoir
«broyés soigneusement, des copeaux ou de la raclure d'ébène macérés pendant un jour et
» une nuit dans du vin de Chio. Quelques-uns même filtrent avant d'infuser. D'autres, au lieu
»de vin, se contentent d'eau. On brûle encore l'ébène dans une vase de terre crue jusqu'à
»ce qu'elle se carbonise, puis on la lave à la manière du plomb brûlé. Elle est alors très
» efficace dans les ophthalmies dartreuses et les ophthalmies sèches. » Comme on le voit, les
propriétés de l'ébène, si préconisées par le médecin grec, avaient été depuis longtemps décou-
vertes par les Égyptiens.
Dans le Rituel de l'embaumement, il est ordonné d'employer de l'eau de gomme à'èb'é-
nier en guise de colle pour fixer certains objets sur les bandelettes. L'emmaillotement des
jambes étant terminé, on d«t f fe —^1^^o vvî&JJ S
^^[j (j ' ® /w>/wv ^Jîj^.^ § FU *^>J! w Oî' mettre ^e flmrs d'acacia, du natron et des
grains de résine à l'extrémité des jambes, en les fixant au moyen d'eau de gomme d'ébéniern.
Enfin, les faibles qualités aromatiques du bois d'ébène étaient utilisées dans la confec-
tion de certains parfums. On trouve à Dendérah une recette pour faire de Xencens aromatisé.
1) Louvre, Salle civ., L, 134; Brit. Mus., n° 2472 (Synopsis, p. 24).
2) Brit. Mus., n°> 5897—5899 c (Syn., p. 44—45).
3) Brit. Mus., n° 2319 (Syn., p. 22).
4) Brit. Mus., n°s 8590, 8600, 8604 (Syn., p. 88).
5) Brit. Mus., n° 5490 (Syn., p. 40).
0) Louvre, Salle civ., M. 44—45.
7) Louvre, Salle civ., armoire G, n08 313 et 740. — Catalogue Passalacqua, p. 26, n° 506 qualer.
8) Louvre, Salle civ., armoire U, n" 2164.
9) Leyde, I, il.
10) Sec, I, p. 132.
11) Hist. plant., IX, 20, 4.
12) Mat. med., I, 129.
13) G. Maspero, Pap. du Louvre, p. 44.
Recueil, VI. 17
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les musées égyptiens d'Europe. On trouve à Paris, à Londres, à Leyde, des chaises1, des
coffres2, des statues3, des figurines funéraires4, des cannes5, des palettes de scribes0, des
manches de cuillers7 et de miroirs8, et même un pilon dont l'extrémité est formée d'un nœud
d'ébène9. On remarquera que, malgré la dureté du bois, la plupart de ces objets sont tra-
vaillés avec la plus grande finesse.
On n'employait pas l'ébène seulement pour les travaux de menuiserie. Les Égyptiens
la destinaient encore à d'autres usages.
En médecine, on en utilisait la sciure pour certaines maladies d'yeux telles que l'ex-
trême dilatation de la pupille, la taie, l'écoulement, l'inflammation et l'obscurcissement de la
vue. J'ai déjà, il y a longtemps1", rapproché les trois passages du Papyrus médical Ebers,
dans lesquels est indiqué cet emploi de l'ébène, d'un chapitre de Pline relatif au même arbre.
Je ne redonnerai du texte hiéroglyphique que l'orthographe du nom de l'ébénier, A .
J'ajouterai que Théophraste11 et Dioscoride12 recommandent également l'emploi de la sciure
d'ébène pour les maux d'yeux. «Frottée sur une meule», écrit Théophraste, «l'ébène est utile
dans les ophthalmies. » Voici en son entier le passage de Dioscoride relatif aux propriétés de
l'ébène. «L'ébène s'emploie comme détersif en cas d'obscurcissement de la vue. On donne
»plus de force aux collyres en y mêlant de la poudre d'ébène usée à la meule. Pour les
»niaux d'yeux, on peut se servir de collyre dans lequel on a laissé infuser, après les avoir
«broyés soigneusement, des copeaux ou de la raclure d'ébène macérés pendant un jour et
» une nuit dans du vin de Chio. Quelques-uns même filtrent avant d'infuser. D'autres, au lieu
»de vin, se contentent d'eau. On brûle encore l'ébène dans une vase de terre crue jusqu'à
»ce qu'elle se carbonise, puis on la lave à la manière du plomb brûlé. Elle est alors très
» efficace dans les ophthalmies dartreuses et les ophthalmies sèches. » Comme on le voit, les
propriétés de l'ébène, si préconisées par le médecin grec, avaient été depuis longtemps décou-
vertes par les Égyptiens.
Dans le Rituel de l'embaumement, il est ordonné d'employer de l'eau de gomme à'èb'é-
nier en guise de colle pour fixer certains objets sur les bandelettes. L'emmaillotement des
jambes étant terminé, on d«t f fe —^1^^o vvî&JJ S
^^[j (j ' ® /w>/wv ^Jîj^.^ § FU *^>J! w Oî' mettre ^e flmrs d'acacia, du natron et des
grains de résine à l'extrémité des jambes, en les fixant au moyen d'eau de gomme d'ébéniern.
Enfin, les faibles qualités aromatiques du bois d'ébène étaient utilisées dans la confec-
tion de certains parfums. On trouve à Dendérah une recette pour faire de Xencens aromatisé.
1) Louvre, Salle civ., L, 134; Brit. Mus., n° 2472 (Synopsis, p. 24).
2) Brit. Mus., n°> 5897—5899 c (Syn., p. 44—45).
3) Brit. Mus., n° 2319 (Syn., p. 22).
4) Brit. Mus., n°s 8590, 8600, 8604 (Syn., p. 88).
5) Brit. Mus., n° 5490 (Syn., p. 40).
0) Louvre, Salle civ., M. 44—45.
7) Louvre, Salle civ., armoire G, n08 313 et 740. — Catalogue Passalacqua, p. 26, n° 506 qualer.
8) Louvre, Salle civ., armoire U, n" 2164.
9) Leyde, I, il.
10) Sec, I, p. 132.
11) Hist. plant., IX, 20, 4.
12) Mat. med., I, 129.
13) G. Maspero, Pap. du Louvre, p. 44.
Recueil, VI. 17