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Institut Français d'Archéologie Orientale <al-Qāhira> [Hrsg.]; Mission Archéologique Française <al-Qāhira> [Hrsg.]
Recueil de travaux relatifs à la philologie et à l'archéologie égyptiennes et assyriennes: pour servir de bullletin à la Mission Française du Caire — 6.1885

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Nr. 3-4
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Loret, Victor: L' ébène chez les anciens égyptiens
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https://doi.org/10.11588/diglit.12264#0135
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L'ÉBÈNE CHEZ LES ANCIENS EGYPTIENS.

125

L'ÉBÈNE CHEZ LES ANCIENS ÉGYPTIENS

PAR

Victor Loret.

«La meilleure espèce d'ébène est celle d'Ethiopie. Noire, sans veines, comparable par
»son poli à de la corne travaillée, présentant une cassure nette, elle est acre au goût et un
» peu astringente. Placée sur des charbons ardents, elle exhale, sans aucune fumée, une odeur
» agréable1. Lorsque, fraîche, on rapproche du feu, elle s'enflamme à cause des matières
» grasses qu'elle renferme. Frottée sur une pierre à aiguiser, elle devient jaunâtre.

»I1 y a aussi l'ébène de l'Inde. Elle offre des veines blanches et jaunes, et de nom-
» breuses taches de même couleur. La meilleure espèce est sans contredit celle d'Ethiopie.

»On vend souvent, pour de l'ébène, des bois de sycomore ou d'acacia, qui y ressemblent
» beaucoup, mais qu'on reconnaît facilement à ce qu'ils sont plus mous, qu'ils se brisent en
» petits éclats d'une couleur purpurine, qu'ils n'ont rien d'acre au goût, et ne répandent aucune
» odeur lorsqu'on les approche du feu. »

Telle est la description que Dioscoride nous a laissée des bois d'ébène connus des anciens2.
Pline fait également mention de l'ébène éthiopienne et de l'ébène indienne3, mais sans qu'on
puisse tirer de son texte des renseignements nouveaux à ajouter à ceux que fournit Diosco-
ride. Théophraste, sans distinguer les deux espèces, compare d'une manière générale l'aspect
extérieur de l'ébène à celui du buis4. Enfin Virgile paraît ne connaître que l'espèce indienne
quand il écrit :

Sola India nignim fert ebenum5.

Les anciens divisaient donc i'ébénier en deux espèces, l'ébénier éthiopien et l'ébénier
indien. Je ne parle que pour mémoire d'une troisième espèce d'ébénier mentionnée par les
auteurs classiques, l'ébénier cytise, petit arbrisseau de la famille des Légumineuses qui ne
présente aucun rapport avec les deux premiers, et qu'on a identifié avec YEbenus cretica L.
Les Égyptiens n'ayant connu que l'ébène éthiopienne, c'est la seule dont je m'occuperai ici.

On lit dans Ezéehiel", parlant de l'état de prospérité de Tyr : «Les enfants de Dédan
»(ni) ont négocié avec toi, et, de leurs îles nombreuses, ils t'ont apporté des défenses d'ivoire
»et des poutres d'ébène (Û^SîT) en échange de tes richesses. » On doit placer Dédan, d'après
plusieurs autres passages de la Bible, à l'extrémité sud de l'Arabie. Nous verrons plus loin
que, d'une part, les Égyptiens eux aussi tiraient exceptionnellement de l'ébène des ports de
l'Arabie et de l'Afrique orientale, et que, d'autre part, Thouthmès III rapporta de ses cam-

1) Comparer ce passage de Pline : «Accendi Fabianus negat; oritur tamen odore jucundo. » Hist.
hat., XII, 9.

2) De mat. med., i, 129.

3) Hist. nat., XII, 8—9.

4) Hist. plant., IX, 20.

5) Oeorg., II, 116—117. I] faut pourtant remarquer que les anciens désignent par India aussi bien
les pays de l'Asie orientale que les régions du centre de l'Afrique.

6) XXVII, 15.
 
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