Notice bibliographique.
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l'Ecole du Louvre — avec une lettre à l'auteur par Eugène Revillout, professeur à l'École du Louvre
(fort in 4°, de xxiv et 230 pages, Leroux). — J'ai indiqué cet ouvrage avec les miens à cause de la lettre
de 24 pages qui le précède. Mais je dois dire que parmi les thèses déjà nombreuses que j'ai fait passer
à mes élèves de l'École du Louvre, thèses dont celle de M. Boudier est l'avant-dernière,1 aucune certaine-
ment n'est plus personnelle. Comme j'en ai dit, en tête du livre même, tout le bien que j'en pensais, je
n'ajouterai plus rien .... qu'un mot : c'est que M. Boudier prépare depuis longtemps aussi pour mes
cours une autre thèse sur la métrique copte, ouvrage important qui sera bientôt suivi d'un troisième
ouvrage du même genre.
Pour terminer cette liste de mes derniers livres, j'aimerais fort à ajouter plusieurs autres ouvrages
commencés depuis longtemps et entièrement terminés pour lesquels je n'attends plus que la bonne volonté
de mes éditeurs. Tout cela, sans doute, ne tardera pas à paraître et, en attendant, j'en viens à une brève
•'numération de quelques-uns des travaux que nos collègues m'ont envoyés depuis quelque temps.
A tout seigneur tout honneur! Je commencerai donc par un nouveau travail de l'auteur si distingué
de l'étude sur le papyrus Westcar dont le mérite éminent a naguère été récompensé par son élection à
l'Académie de Berlin. C'est bien le cas de répéter la vieille expression : « il y a des juges à Berlin», car
à Berlin du moins les élections académiques ne sont pas le résultat de ces visites de candidature obli-
gatoires en France et qui ravalent au rôle d'intrigant le savant de mérite, obligé à faire, s'il veut ar-
river, son propre boniment.2 A Berlin quiquonque ferait acte de candidature ne serait jamais élu, et cette
mesure, fort juste, est imitée du règlement de l'Académie française qui interdit aux membres de promettre
leurs voix. Mais je m'attarde et j'oublie de donner le titre du nouvel ouvrage de M. Erman, ouvrage inti-
tulé : «Gespriich eines Lehensmiiden mit semer Seele.» Cet entretien d'un vieil Égyptien avec son âme est
traduit d'un papyrus de Berlin rapporté par Lepsius et dont l'auteur nous donne une bonne traduction
avec commentaires et photographies.
Il est naturel qu'après notre ami Erman nous en venions à notre ami bien cher, le Professeur Diels,
son confrère à l'Académie de Berlin, qui nous a envoyé et qui nous envoie continuellement les petits
chefs-d'œuvre qu'il ne cesse de produire. Citons seulement : son édition critique du poète philosophe Par-
ménide : Parmenides, griechisch und deutsck (170 pages), sa magistrale publication intitulée : Anonymi Lon-
dinensis ex Aristotelis ialricis mencmiùi et aliis medicu eclogae (78 pages de texte grec avec XVI pages de
préface, un très riche index allant jusqu'à la page 114. Ajoutons à cela : son étude sur Phérécidès (Zur
Pentemyclios des Pherekides), son étude sur un papyrus de l'Iliade (Ueber den Genfer Ilia.spa.pyrw> n° VI),
1 La thèse de M. Boudier, ainsi que le prouve le titre imprimé des exemplaires de soutenance, a été présentée à l'École du Louvre
le 24 décembre 1896, en même temps qu'une autre thèse sur «un contrat inédit du temps de Philopator». Mais par des raisons tout-à-
fait étrangères au récipiendaire, ces deux thèses n'ont pu être soutenues pour l'obtention du diplôme de démotique que le 2S janvier
18!)7. Huit jours après, M. Eauro nous a présenté une thèse sur le mariage égyptien. Mais elle est encore manuscrite. Parmi les très nom-
breuses thèses que j'ai fait passer pour mes cours, c'est seulement la troisième qui n'ait pas été imprimée. Les deux autres sont : celle
qu'a soutenue le 30 juin 18S7 M. Delepierre et celle qu'a soutenue le 14 novembre 1887 M. G. Benedite, entré ensuite sous mes aus-
pices comme attaché au Musée du Louvre et qu'on a rendu naguère l'égal de son vieux maître dans son propre département (!). Hâtons-
nous de dire que la thèse manuscrite de M. Faure est de beaucoup supérieure aux deux autres. J'espère bientôt en rendre compte quand
elle sera publiée.
s .Te dois dire que tel n'était pas l'avis de mon ami M. d'Abbadie, de l'Institut, qui a laissé toute sa fortune à ce corps savant
et qui insistait beaucoup pour m'y voir poser uno candidature. Il m'écrivait encore le 10 novembre dernier :«.... En parlant de votre
érudition ès choses égyptiennes, je suis amené à ma troisième demande. Je la regarde comme importante et même pressante selon le mot
d'Hippocrate : ars longa, vita brevis. Je ne sais s'il y a en ce moment une vacance dans les 40 de l'Académie des inscriptions; mais
s'il y en a, je vous demande de vous y présenter. S'il n'y en a pas. je vous prie de vous préparer en tenant au jour la liste sommaire
de vos travaux afin d'être prêt à la faire imprimer quand une vacance arrivera.
«Je crois me rappeler que vous n'aimez pas à faire de visites de candidature, parce que c'est absurde. C'est pourtant un usage
établi comme celui de se découvrir pour saluer, et, tout en étant mon chapeau, je maugrée tout bas quand il y a bise et froid, comme en
ce moment. On défend la coutume des visites en disant qu'il serait trop cruel de voter pour un savant qu'on n'a jamais vu.
«L'expérience m'a appris les inconvénients de ces visites. Elles mettent dans une fausse position l'académicien qui s'en tire en
allant à la campagne s'il a un pied-à-terre hors de Paris et à son retour pour le jour de l'élection, il trouve chez lui la carte cornée et
l'oxposé des titres (imprimé) do chaque candidat. Sinon, s'il est habile, il donne à chacun de l'eau bénite de cour, à l'exception de celui
à qui, s'il le juge à propos, il promet sa voix. S'il a étudié dans la même ligne que le candidat, il cause avec lui sur la science qui leur
est communo.
«La position du candidat est plus pénible encore. Sa visite montre qu'il va quêter une voix, ce qui est, au fond, une humilia-
tion; mais le chrétien qui s'humilie toujours devant Dieu, ne craint pas de s'humilier devant sa créature puisque l'usage vient l'exiger.
H arrive do loin en loin que le votant qu'on va voir est en mauvais termes pour une question de science commune ; alors on s'arrange
pour aller chez cet électeur quand on sait qu'il est dehors. Il est bon d'aller chez les académiciens libres; ils n'ont pas de vote, mais si
l'on s'est assuré de leurs bonnes dispositions, ils peuvent décider un des électeurs à voter ponr un tel dans le cas d'une élection disputée,
comme j'en ai vu dans notre Académie des Sciences.
«Je vous demande pardon de tous en détails. Ils vous montrent au moins que je tiens beaucoup, Deo volente, à pouvoir vous
appeler mon cher confrère.»
A mon avis, les Académies devraient toujours choisir d'elles mêmes leurs membres, sans que l'intrigue ait rien à voir là dedans.
Quant à l'exposé des titres que me demandait M. d'Abbadie, il est tout fait : on n'a qu'à le lire dans les listes de mes livres — listes
bien incomplètes — qui couvrent trois des pages de la couverture de ce fascicule.
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l'Ecole du Louvre — avec une lettre à l'auteur par Eugène Revillout, professeur à l'École du Louvre
(fort in 4°, de xxiv et 230 pages, Leroux). — J'ai indiqué cet ouvrage avec les miens à cause de la lettre
de 24 pages qui le précède. Mais je dois dire que parmi les thèses déjà nombreuses que j'ai fait passer
à mes élèves de l'École du Louvre, thèses dont celle de M. Boudier est l'avant-dernière,1 aucune certaine-
ment n'est plus personnelle. Comme j'en ai dit, en tête du livre même, tout le bien que j'en pensais, je
n'ajouterai plus rien .... qu'un mot : c'est que M. Boudier prépare depuis longtemps aussi pour mes
cours une autre thèse sur la métrique copte, ouvrage important qui sera bientôt suivi d'un troisième
ouvrage du même genre.
Pour terminer cette liste de mes derniers livres, j'aimerais fort à ajouter plusieurs autres ouvrages
commencés depuis longtemps et entièrement terminés pour lesquels je n'attends plus que la bonne volonté
de mes éditeurs. Tout cela, sans doute, ne tardera pas à paraître et, en attendant, j'en viens à une brève
•'numération de quelques-uns des travaux que nos collègues m'ont envoyés depuis quelque temps.
A tout seigneur tout honneur! Je commencerai donc par un nouveau travail de l'auteur si distingué
de l'étude sur le papyrus Westcar dont le mérite éminent a naguère été récompensé par son élection à
l'Académie de Berlin. C'est bien le cas de répéter la vieille expression : « il y a des juges à Berlin», car
à Berlin du moins les élections académiques ne sont pas le résultat de ces visites de candidature obli-
gatoires en France et qui ravalent au rôle d'intrigant le savant de mérite, obligé à faire, s'il veut ar-
river, son propre boniment.2 A Berlin quiquonque ferait acte de candidature ne serait jamais élu, et cette
mesure, fort juste, est imitée du règlement de l'Académie française qui interdit aux membres de promettre
leurs voix. Mais je m'attarde et j'oublie de donner le titre du nouvel ouvrage de M. Erman, ouvrage inti-
tulé : «Gespriich eines Lehensmiiden mit semer Seele.» Cet entretien d'un vieil Égyptien avec son âme est
traduit d'un papyrus de Berlin rapporté par Lepsius et dont l'auteur nous donne une bonne traduction
avec commentaires et photographies.
Il est naturel qu'après notre ami Erman nous en venions à notre ami bien cher, le Professeur Diels,
son confrère à l'Académie de Berlin, qui nous a envoyé et qui nous envoie continuellement les petits
chefs-d'œuvre qu'il ne cesse de produire. Citons seulement : son édition critique du poète philosophe Par-
ménide : Parmenides, griechisch und deutsck (170 pages), sa magistrale publication intitulée : Anonymi Lon-
dinensis ex Aristotelis ialricis mencmiùi et aliis medicu eclogae (78 pages de texte grec avec XVI pages de
préface, un très riche index allant jusqu'à la page 114. Ajoutons à cela : son étude sur Phérécidès (Zur
Pentemyclios des Pherekides), son étude sur un papyrus de l'Iliade (Ueber den Genfer Ilia.spa.pyrw> n° VI),
1 La thèse de M. Boudier, ainsi que le prouve le titre imprimé des exemplaires de soutenance, a été présentée à l'École du Louvre
le 24 décembre 1896, en même temps qu'une autre thèse sur «un contrat inédit du temps de Philopator». Mais par des raisons tout-à-
fait étrangères au récipiendaire, ces deux thèses n'ont pu être soutenues pour l'obtention du diplôme de démotique que le 2S janvier
18!)7. Huit jours après, M. Eauro nous a présenté une thèse sur le mariage égyptien. Mais elle est encore manuscrite. Parmi les très nom-
breuses thèses que j'ai fait passer pour mes cours, c'est seulement la troisième qui n'ait pas été imprimée. Les deux autres sont : celle
qu'a soutenue le 30 juin 18S7 M. Delepierre et celle qu'a soutenue le 14 novembre 1887 M. G. Benedite, entré ensuite sous mes aus-
pices comme attaché au Musée du Louvre et qu'on a rendu naguère l'égal de son vieux maître dans son propre département (!). Hâtons-
nous de dire que la thèse manuscrite de M. Faure est de beaucoup supérieure aux deux autres. J'espère bientôt en rendre compte quand
elle sera publiée.
s .Te dois dire que tel n'était pas l'avis de mon ami M. d'Abbadie, de l'Institut, qui a laissé toute sa fortune à ce corps savant
et qui insistait beaucoup pour m'y voir poser uno candidature. Il m'écrivait encore le 10 novembre dernier :«.... En parlant de votre
érudition ès choses égyptiennes, je suis amené à ma troisième demande. Je la regarde comme importante et même pressante selon le mot
d'Hippocrate : ars longa, vita brevis. Je ne sais s'il y a en ce moment une vacance dans les 40 de l'Académie des inscriptions; mais
s'il y en a, je vous demande de vous y présenter. S'il n'y en a pas. je vous prie de vous préparer en tenant au jour la liste sommaire
de vos travaux afin d'être prêt à la faire imprimer quand une vacance arrivera.
«Je crois me rappeler que vous n'aimez pas à faire de visites de candidature, parce que c'est absurde. C'est pourtant un usage
établi comme celui de se découvrir pour saluer, et, tout en étant mon chapeau, je maugrée tout bas quand il y a bise et froid, comme en
ce moment. On défend la coutume des visites en disant qu'il serait trop cruel de voter pour un savant qu'on n'a jamais vu.
«L'expérience m'a appris les inconvénients de ces visites. Elles mettent dans une fausse position l'académicien qui s'en tire en
allant à la campagne s'il a un pied-à-terre hors de Paris et à son retour pour le jour de l'élection, il trouve chez lui la carte cornée et
l'oxposé des titres (imprimé) do chaque candidat. Sinon, s'il est habile, il donne à chacun de l'eau bénite de cour, à l'exception de celui
à qui, s'il le juge à propos, il promet sa voix. S'il a étudié dans la même ligne que le candidat, il cause avec lui sur la science qui leur
est communo.
«La position du candidat est plus pénible encore. Sa visite montre qu'il va quêter une voix, ce qui est, au fond, une humilia-
tion; mais le chrétien qui s'humilie toujours devant Dieu, ne craint pas de s'humilier devant sa créature puisque l'usage vient l'exiger.
H arrive do loin en loin que le votant qu'on va voir est en mauvais termes pour une question de science commune ; alors on s'arrange
pour aller chez cet électeur quand on sait qu'il est dehors. Il est bon d'aller chez les académiciens libres; ils n'ont pas de vote, mais si
l'on s'est assuré de leurs bonnes dispositions, ils peuvent décider un des électeurs à voter ponr un tel dans le cas d'une élection disputée,
comme j'en ai vu dans notre Académie des Sciences.
«Je vous demande pardon de tous en détails. Ils vous montrent au moins que je tiens beaucoup, Deo volente, à pouvoir vous
appeler mon cher confrère.»
A mon avis, les Académies devraient toujours choisir d'elles mêmes leurs membres, sans que l'intrigue ait rien à voir là dedans.
Quant à l'exposé des titres que me demandait M. d'Abbadie, il est tout fait : on n'a qu'à le lire dans les listes de mes livres — listes
bien incomplètes — qui couvrent trois des pages de la couverture de ce fascicule.
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