Universitätsbibliothek HeidelbergUniversitätsbibliothek Heidelberg
Metadaten

Revue égyptologique — 8.1898

DOI Heft:
Nr. 2-4
DOI Artikel:
Revillout, Eugène: La morale égyptienne: leçon d'ouverture des cours de philologie égyptienne de l'année 1889-1890
DOI Seite / Zitierlink: 
https://doi.org/10.11588/diglit.11580#0078

DWork-Logo
Überblick
loading ...
Faksimile
0.5
1 cm
facsimile
Vollansicht
OCR-Volltext
70 Eugène Kevillout.

Mais la force prima le droit dans l'antiquité quand Athènes fut dépouillée de l'hégé-
monie. Elle prima le droit quand un peuple brutal, le peuple romain, mit le pied sur les
vieilles civilisations et s'en vint écraser jusqu'en Egypte même, sous la lance des Quintes
de la loi des XII tables, les écoles des sages et leurs traditions. Dès lors le inonde antique
devint monde romain : et c'est pourquoi nous méprisions si justement ce inonde antique.

Mais ne peut-on pas déjà craindre que chez nous aussi la force n'en vienne à primer
le droit, que quelque autre peuple, avec d'autres armes, ne joue le rôle du peuple romain,
des hommes de la lance, et que la moralité publique ne rétrograde, comme elle l'a fait quand
la loi de la lance, la loi du glaive, nous dirions aujourd'hui la loi du canon et de la dyna-
mite, est venue se substituer à tout autre principe et jeter bien bas, dans le mépris, les
peuples qui s'étaient vanté de leur mission civilisatrice?

Alors c'en serait fait des progrès accomplis. Il n'y aurait plus de nouveau monde à
opposer au monde ancien en ce qui touche les grands principes qui font l'honneur de l'hu-
manité. Mais, au milieu de ces ténèbres obscurcissant la conscience humaine, le passé oublié
pourrait laisser des germes pour préparer un renouveau. C'est ce qui s'est fait bien souvent,
ce qu'on peut espérer toujours, ce qui console un peu des désastres et des défaillances.

— Le rituel de Pamont écrit sous le règne de Néron, à une époque où le renouveau
avait germé et grandissait vite chez les peuples soumis par Rome, où les principes de charité,
hautement proclamés par les Chrétiens, ébranlaient déjà tellement le régime quiritaire d'op-
pression et de force que les persécutions commençaient, le rituel de Pamont serait-il un reflet
de ce renouveau, au lieu d'être le résumé fidèle de la doctrine morale des sages de l'Egypte?
Vous avez pu vous le demander. On aurait pu croire, en effet, que cet écrit remarquable
ne fait que traduire le christianisme sous des mythes empruntés à l'antique religion des
Pharaons.

Eh bien non! Messieurs! notre Osiris n'est point un Christ déguisé et la confession né-
gative un écho du confessionnal. Cette morale si pure, cette charité d'une délicatesse infinie,
cette notion du devoir portée à un degré si étonnant, c'est ce que professent les Egyptiens
de tous les temps depuis les plus anciennes dynasties jusqu'à la dernière époque, jusqu'à ce
moment où Pachome, reclus du Sérapéum de Chenoboscium, n'eut que le baptême à recevoir
de force pour devenir un des plus grands saints de l'Egypte et le fondateur du cénobitisme.

— Je ne vous demande pas, Messieurs, de me croire sur parole. Je serais même désolé
d'avoir l'air d'abuser de votre crédulité ou plutôt de votre bienveillance à mon égard. Aussi
suis-je bien résolu à vous fournir le plus possible mes preuves.

Je dis le plus possible. En effet, ce ne serait pas une heure, ce serait des mois qu'il
me faudrait, si je voulais, vous les exposer toutes.

— Dès le plus ancien empire, c'est-à-dire à une date absolument fabuleuse pour toutes
les autres nations, le traité de morale que Chabas a nommé à juste titre le plus ancien
livre du monde, le papyrus Prisse, disait en ce qui touche la charité :1

«Ne répands pas la terreur parmi les hommes, car Dieu t'opprimerait de même.
 
Annotationen