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Revue égyptologique — 8.1898

DOI issue:
Nr. 2-4
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Revillout, Eugène: Les réformes et les rêves d'un roi philanthrope
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https://doi.org/10.11588/diglit.11580#0116

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108 Eugène Revillout.

Quoi qu'il en soit, Haremliebi paraît un parvenu, de même que son successeur Eamsès Ier.
L'inscription de la statue de Turin qu'a publiée mon ami Birch et qui raconte son avènement
le prouve avec évidence : et cette inscription même semble confirmer notre hypothèse sur
l'origine syrienne d'Harcmhebi qui, selon elle, aurait siégé jusqu'à son couronnement aux
«portes du pays» avec la qualité d'erpa ou prince héréditaire.

Le ton emphatique du texte en question — si curieux d'ailleurs — ne nous permet pas
de bien voir si, dans le récit de son couronnement fait sous le patronage d'Horus, l'auteur
a en vue le Dieu Horus, père divin du roi, qui en avait pris le nom à son sacre, ou bien
encore plutôt l'Horus vivant — par exemple le roi d'ICgypte Ai1, qui abandonna l'ancienne
capitale de Khouenaten pour se faire enterrer à Thèbes,2 quand il dit que cet Horus amena
lui-même Haremhebi à Thèbes pour son sacre et le conduisit chez sa fille vénérable à la-
quelle il la maria. J'avoue que je penche pour cette seconde hypothèse, plus vraisemblable
à cause de cette fille héritière du trône, qui est certainement Mautneteni, et plus vraisem-
blable aussi à canse des mentions parallèles du « roi », suten, qui avait déclaré antérieurement
approuver d'avance tout ce qui sortait de la bouche d'Haremhebi, devenu prince héritier.

Il ne m'en semble pas moins évident qu'Haremhebi a voulu partout créer une sorte de
confusion entre ce roi, dont il parle sans jamais le nommer expressément, et le dieu Horus,
qui était censé son père divin, comme je l'ai dit.

Nous ignorons d'ailleurs, par suite d'une malheureuse lacune, quel était le nom primitif
d'Haremhebi — (Horus en fête) — avant qu'il adoptât celui-ci lors de son couronnement,
effectué pendant une fête d'Horus et d'Amon. Peut-être était-ce un nom sémitique égyptianisé,
comme fut plus tard celui du Syrien Asisu qui, selon le papyrus Harris, occupait le trône
d'Egypte avant l'avènement de Eamsès III, rétablissant une nouvelle dynastie de Eamessides.
La situation politique était à peu près la même aux deux époques. L'Egypte se trouvait
également dans un grand état de luttes, de révolution, d'anarchie : et l'on comprend très
bien comment, dans de telles conditions, un étranger audacieux avait pu s'emparer un instant
du trône, sans pouvoir pourtant y maintenir sa descendance mâle. Haremhebi nous est cité
cependant comme un prédécesseur légitime par les princes Eamessides de la XIXe et de la
XXe dynastie. Peut-être avait-il donné à Eamsès Ier une de ses filles et faut-il le compter
ainsi parmi les ancêtres sémites de Eamsès II.

Cela dit, venons-en à la teneur même de notre texte3 si curieux d'intronisation, avec

1 Ai, selon l'opinion de Lepsius, eut cependant au moins un instant pour successeur Toutan/amen,
qui semble avoir été reconnu des peuples étrangers selon les textes de Karnah ÇDenkm., III, 115—116 et
117) et dont Haremhebi remplaça presque partout à Luxor les cartouches par le sien propre. A Kournah
même le cartouche de Toutankhamen paraît avoir subi des mutilations. Ce fut donc un adversaire d'Har-
emhebi et non son père adoptif — père adoptif qui paraît plutôt avoir été Ai (ce qui est d'accord avec
l'opinion nouvelle enregistrée par Bouriant dans son livre des Rois et d'après laquelle Toutankhamen aurait
précédé Ai sur le trône). Voir Le temple de Luxor de Daressy, p. 59 au sujet de la substitution constante
du cartouche d'Haremhebi à celui de Toutan^amen. On lira aussi avec intérêt, p. 42 et 48 du même ouvrage,
les détails donnés par M. Daressy au sujet d'une grande fête de triomphe royal célébrée à Luxor par
Haremhebi au milieu de l'allégresse du peuple entier, scène dont la représentation nous est donnée par les
sculptures de la cour B.

2 Notons que Ai a adopté dans un de ses cartouches l'épithète hikuaa «prince de Thèbes» qu'Amen-
ophis IV avait rejeté des siens lorsqu'il apostasia le culte d'Amon et prit le nom de Khouenaten.

3 Pour ce texte, on peut mesurer exactement les lacunes des 18 premières lignes, grâce au fac-similé de la
 
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