Le Rapt des Sabines
JEAN DE BOLOGNE
1524 -1608
I_^/E dernier grand sculpteur de l’école florentine est Jean de Bologne. <l> Quoique né à
Douai, Jean de Bologne appartient nettement à l’école italienne. Déjà dans son pays,
pendant les premières années de sa jeunesse, c’est l’éducation italienne qu’il reçoit, comme
tous ses compatriotes. Au xvie siècle l’esprit italien, ou plus exactement l’esprit florentin
de la Renaissance, règne dans toute l’Europe. Semblable à Rubens, Jean de Bologne,
quand il vient en Italie, est à moitié italien. S’il subsiste en lui quelque chose de l’esprit
des races flamande et française, c’est le souvenir des puissants travaux et des immenses
décors de l’âge gothique. S’il ne sait pas, comme un Cellini, ciseler un bouton de chape,
un pommeau d’épée, un chaton de bague, il sera plus apte qu’aucun autre florentin à
tailler des groupes gigantesques et à prodiguer au milieu des places et des jardins pu-
blics les statues triomphales.
On peut dire aussi qu’il se distingue des maîtres florentins par une certaine sim-
plicité. Jean de Bologne arrive dans une école déjà corrompue. A la suite de Michel-Ange,
trop d’excès, trop de complications entachent même les meilleures œuvres. Trop habiles, les
artistes se passionnent pour les tours de force. Par comparaison avec les élèves de Michel-
Ange et de Bandinelli, on trouve chez Jean de Bologne plus de calme, plus de noblesse,
une grandeur moins apprêtée. Dans cet art de la force, dans cette étude du corps humain
(1) Sur le vrai nom de Jean de Bologne voir le Jean Boulogne de M. Abel Desjardins.