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Rocznik Historii Sztuki — 7.1969

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I. Z dziejów teorii sztuki
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Białostocka, Jolanta Maurin: Lessing jako historyk sztuki: Przyczynek do rozwoju historii sztuki jako dyscypliny naukowej w XVIII wieku
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https://doi.org/10.11588/diglit.13395#0051
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JOLANTA BIAŁOSTOCKA

l'Antiquité" et non point seulement de ses manifestations isolées. Une oeuvre d'art est pour lui le symptôme de „quelque chose
d'autre", c'est-à-dire d'un monde qui existe en dehors d'elle, ce qui fait que sa méthode d'interprétation est exactement l'inverse
de celle deses prédécesseurs et de ses contemporains, de sorte qu'il ne s'agit plus de „l'Antiquité expliquée par les monuments"
mais bien des „monuments expliqués pa>- l'Antiquité".

L'on connaît également les mérites de Lessing dans un domaine autre que celui de l'art antique : c'est à lui, en effet, que nous
devons la découverte et une interprétation grosso modo correcte du manuscrit de Théophile, ainsi qu'une dissertation sur les
vitraux de Hirsau comportant, il est vrai, des erreurs de conclusion, mais qui n'en est pas moins valable par sa méthode. Dans
ce domaine nouveau qu'était ou plutôt allait être l'histoire de l'art, Lessing a créé le modèle d'une dissertation qui pose un
problème à résoudre. Lui-même, mis en présence d'un tel problème, en tentait la solution par la recherche et l'interprétation
des sources écrites au moyen des méthodes déjà mises au point par la philologie. De telles dissertations on n'en trouve pas
de pareilles dans l'Allemagne de l'époque. Il faudra attendre la parution des Schriften artistischen Inhalts de Fiorillo, premier
historien professionnel de l'art, pour assister à la continuation du genre. Quant aux travaux antérieurs à ceux de Lessing, mais
conçus dans un esprit pareil, on pourrait se rapporter à J. F. Christ qui sur ce point encore se révèle maître de l'auteur qui nous
préoccupe. Ainsi les travaux dc Lessing constituent un chaînon important d'un processus, amorcé par J.F. Christ, qui est
celui du développement d'une discipline strictement scientifique dont la philologie et études antiquaires ont été une double
arcine. Lessing assure avec maîtrise la continuité d'un courant purement empirique, philologique et critique dans les études
sur l'art, continuité qui, comme l'a voulu Waetzoldt, s'était trouvée un jour rompue pour ne reprendre qu'avec Fiorillo,
Rumohr, Waagen, Passavant et aut es. Ses écrits sont pourtant restés sans influence sur l'étude des antiquités germaniques
en Allemagne qui a trouvé ses représentants en von Murr (Nuremberg) et en Mcusel (Francfort). Ces deux chercheurs ont
considérablement enrichi le fonds de matériaux, documents et objets pour l'étude de l'art allemand ancien. Ce qu'ils avaient
de commun avec le maître de Lessing, J. F. Christ, c'était leur désir de dissiper les ténèbres qui enveloppaient les antiquités
germaniques. Quant à Lessing, plus conscient que les — dits chercheurs de la nécessité de précision dans chaque cas où il s'agis-
sait d'établir un fait „cru et nu", son intérêt n'était pourtant pas celui d'un recenseur ou collectionneur; seuls les problèmes
que posaient ces faits le préoccupaient. Dans l'érudition du XVIIIe siècle, Lessing occupe une place médiateentre deux types de
chercheurs. L'un était incarné par des historiens qui s'assignaient pour but d'établir la vérité d'un fait particulier, au moyen
des meilleures méthodes investigatrices dont ils disposaient; cette tâche convergeait avec celle des érudits de l'époque dont
d'ailleurs ils s'inspiraient en fait de méthode d'études. Le but qu'ils poursuivaient était la vérité et la description des faits
et non pas l'interprétation de leurs effets. L'autre type de chercheurs, franchement opposé au premier, s'incarnait dans les histo-
riens philosophes, tels un Montesquieu ou un Voltaire, qui prenaient l'idée de civilisation pour thème majeur de leurs consi-
dérations historiques et qui, au-delà des réalités historiques, visaient avant tout leur propre époque. Des problèmes comme
les arts, la religion, les moeurs ou l'artisanat qui faisaient autrefois l'objet de l'intérêt des érudits, se sont attirés celui des histo-
riens philosophes qui les traitaient cependant d'une manière entièrement différente, recelant du mépris pour un savoir basé
uniquement sur la connaissance des faits.

Le différend entre les philosophes et les érudits prit un tour particulièrement âpre dans la dispute entre Diderot et Caylus.
En Allemagne des oppositions pareilles ne se sont jamais manifestées avec autant de violence, peut-être parce que les „ćrudits"
y étaient généralement plus enclins à s'avouer inférieurs aux philosophes. Cela ne veut pas dire que l'antagonisme fût inexis-
tant: le cas Heinecken-Madegorn fournit la preuve du contraire. Or, Lessing se tient entre ces deux groupes, tout en partageant
le mépris des philosophes pour l'érudition en tant que fin seule de l'étude, mais voyant en elle un moyen précieux pour la
solution des problèmes pesés par un esprit „philosophe". Mais ce qui importe avant tout, c'est que Lessing a saisi la différence
entre une histoire philosophique" de l'art dont le but est d'établir des normes valables de tout temps (il considérait comme
telle l'Histoire de l'Art des Anciens de Winckelmann, d'où sa haute appréciation de celle-ci) et une autre histoire de l'art, celle
dont le but unique est d'établir les faits du passé artistique. Etant un historien de ce passé, il combattait le mépris des „philoso-
phes" pour le détail historique et pour tout ce qui est étude des fragments, en apparence futiles, du passé. Sur ce plan Lessing
a non seulement joué le rôle d'un promoteur de la méthode philologique dans les études sur l'art, mais il apparaît encore comme
celui de la morale d'un savant pour qui il n'y a pas de vérité plus ou moins importante, et pour qui l'identification même
de la vérité historique devient une valeur éthique qui n'est pas susceptible de gradation. Cette morale se reconnaît à la pureté
des intentions d'un chercheur, c'est-à-dire à son désir désintéressé d'atteindre la vérité et à la façon dont il y tend, autrement
dit, à sa méthode de recherche. Ainsi la valeur des études historiques ne tient pas uniquement aux fins poursuivies ni aux
résultats acquis, mais sous-tend le processus même de la recherche.
 
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