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Rocznik Historii Sztuki — 34.2009

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Baridon, Michel: Histoire des jardins: quelques points de méthode
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https://doi.org/10.11588/diglit.14576#0023
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HISTOIRE DES JARDINS. QUELQUES POINTS DE MÉTHODE

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3. Ancy le Franc, Le Jardin et sa quadrature, en Jacques Androuet du Cerceau,
Les plus excellents bastiments de France, 1576-1579

C'est la démarche fondamentale qui lui permet d'inscrire son jardin dans la campagne. Il n'est proba-
blement jamais allé en Italie mais il suit les mêmes voies que les architectes transalpins (Fig. 3).

Le modèle, le paradigme Jardins de la Renaissance fonctionne des deux côtés des Alpes parce qu'il
a atteint son épanouissement complet en tant que style. Il met en oeuvre une combinatoire où se retrouvent
des modes d'observation de la nature, des procédés mathématiques de construction intellectuelle du monde,
des climats de sensibilité et des critères esthétiques d'ordre sensible et d'ordre intellectuel.

LES JARDINS DE L'ÂGE BAROQUE

Mais «rien n'est jamais acquis», comme dit le poète, et les grandes réussites ne peuvent pas suspendre
le cours du temps. La Renaissance avait une certaine construction intellectuelle du monde, le siècle suivant
en aura une autre, et les jardins ne représenteront plus la nature de la même façon.

A la fin du XVIe siècle, les savoirs n'étaient plus ce qu'ils étaient un siècle auparavant. La découverte
de l'Amérique était un fait acquis, la rotondité de la terre aussi, et les premiers jardins botaniques tentaient
de faire des collections de plantes de toute la planète. Un besoin d'universalité animait les esprits. Les échan-
ges scientifiques étaient stimulés par les académies et la recherche de pointe se développait aussi bien en
Italie (Tartaglia) qu'en Pologne (Copernic), au Danemark (Tycho Brahé) et en Allemagne (Kepler). A la
charnière entre le XVI et le XVIIe siècle, le perfectionnement du télescope par ce dernier en a fait une sorte
de sur-oeil et l'optique est devenue la science pilote dont les avancées changeaient la perception du monde,
un peu comme l'astro-physique ou la génétique aujourd'hui. Quand il a mis les débats du monde scientifique
sur la place publique, Galilée a intitulé l'un de ses livres Sidereus nuncius, Le Messager des étoiles.

Mais les lunettes, sans cesse perfectionnées par les astronomes ne servaient pas qu'à eux. Très précises
dans le mesure d'angles de tous ordres, elles ont été utilisées par les cartographes et par les arpenteurs pour
prendre la mesure exacte de vastes territoires et les représenter en trois dimensions notamment dans les plans
reliefs. Le regard de l'homme s'habituait à rapprocher les lointains, à les voir nettement, à déterminer leur
distance exacte et leur hauteur relative. L'emprise sur l'espace s'élargissait et gagnait en précision sur la
terre, mais les esprits avertis n'ignoraient pas qu'en braquant les lunettes sur le ciel on plongeait son regard
dans l'infini. Là, le contrôle de l'espace par la mesure cessait brutalement et le regard était aspiré hors du
monde reconnu, par une distorsion comparable à celle des perles que l'on dit baroques (on peut se demander
du reste si ce n'est pas l'origine du mot).

Certains comme Pascal, en étaient pris de vertige. D'autres comme Galilée voyaient dans l'infini un
signe de la grandeur de Dieu. Mais la nouvelle image du cosmos entra bientôt dans les mentalités. Madame
de Sévigné qui n'a jamais fait la preuve d'une engouement spécial pour les sciences, avait dans ses jardins
des Rochers Sévigné, prés de Vitré, une allée de l'infini. Elle était femme de son temps et comprenait d'ins-
tinct le lien entre les jardins et la nouvelle image du monde.

La perspective longue se retrouve aussi bien dans les jardins de François Mansart10, que dans le traité
de Boyceau (le Descartes du jardin baroque) Traité du jardinage selon les raisons de la nature et de l'art
(publication posthume 1638). Boyceau y fait l'éloge des longues allées rectilignes. Il écrit:

Th. Mariage,/. 'Univers de Le Nostre, Mardaga, Bruxelles 1990, p. 100.
 
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