i;o LETTRES DU ROI DE PRUSSE
veniez ici, vous ne devez pas douter que je ne pré-
fère infiniment le plaisir de vous entendre à celui
de vous lire. J'espère de votre politesse que vous
voudrez me faire cette galanterie , et m’apporter en
même temps ce Mahomet proserit en France par les
bigots, et œcuménisé par les philosophes à Berlin.
Je ne prétends pas vous en dire davantage ; j’espère
que vous viendrez ici pour entendre tout ce que
mon estime peut avoir à vous dirQ Adieu.
F É D É R I C.
LETTRE L X I.
DE AI. DE VOLTAIRE.
A Bruxelles , ce 2 septembre.
V o U S laissèz reposer la foudre et les trompettes,
Et, sans plus étaler ces raisons du plus fort,
Dans vos siers arsenauX , magafîns de la mort ,
De vingt mille canons les bouches sont muettes.
J’aime mieux des soupers , des opéra nouveaux,
Des passe-pieds français , des fredons italiques,
Que tous ces bataillons d’assaffins héroïques ,
Gens fans efprit et fort brutaux.
Quand verrai-je élever par vos mains triomphantes
Du palais des Plaifirs les colonnes brillantes ?
Quand verrai-je à Charlotembourg
Du fameux Polignac ( 1 ) les marbres respectables ,
Des antiques Romains ces monumens durables,
Accourir à votre ordre , embellir votre cour ?
sï ) Le roi de Trusse avait fait acheter à Parie une collection de statues
antiques que le cardinal de Polignac avait formée.
veniez ici, vous ne devez pas douter que je ne pré-
fère infiniment le plaisir de vous entendre à celui
de vous lire. J'espère de votre politesse que vous
voudrez me faire cette galanterie , et m’apporter en
même temps ce Mahomet proserit en France par les
bigots, et œcuménisé par les philosophes à Berlin.
Je ne prétends pas vous en dire davantage ; j’espère
que vous viendrez ici pour entendre tout ce que
mon estime peut avoir à vous dirQ Adieu.
F É D É R I C.
LETTRE L X I.
DE AI. DE VOLTAIRE.
A Bruxelles , ce 2 septembre.
V o U S laissèz reposer la foudre et les trompettes,
Et, sans plus étaler ces raisons du plus fort,
Dans vos siers arsenauX , magafîns de la mort ,
De vingt mille canons les bouches sont muettes.
J’aime mieux des soupers , des opéra nouveaux,
Des passe-pieds français , des fredons italiques,
Que tous ces bataillons d’assaffins héroïques ,
Gens fans efprit et fort brutaux.
Quand verrai-je élever par vos mains triomphantes
Du palais des Plaifirs les colonnes brillantes ?
Quand verrai-je à Charlotembourg
Du fameux Polignac ( 1 ) les marbres respectables ,
Des antiques Romains ces monumens durables,
Accourir à votre ordre , embellir votre cour ?
sï ) Le roi de Trusse avait fait acheter à Parie une collection de statues
antiques que le cardinal de Polignac avait formée.