4*4 LETTRES DU ROI DE PRUSSE
Le pauvre Lorrain est bien embarrasfé à découvrir
î77°' le génie dont vous lui parlez ; il l’a cherché par-
tout. Ce n’est pas sans raison : les roses et les
lauriers ont tous été transplantés en Russie ; de
sorte qu il le cherche en vain. Ce Lorrain suppose
que la brillante imagination qui triomphe à Ferney
du temps et des infirmités de ,l’âge , a tracé de
fantaisie le tableau de ce génie , et qu’il en est
comme du jardin des Hespérides et de la fontaine
de Jouvence , que la grave antiquité a si long-temps
recherchés inutilement.
Si cependant il était question d’un bon vieux
radoteur de philosophe qui habite une vigne de
ces environs , il a chargé le Lorrain de vous asfûter
qu’il regrette fort le patriarche de Ferney , qu’il
voudrait qu’il fût possible encore de le recueillir
chez lui et de l’associer à ses études ; qu’au moins
ce patriarche peut être assûté que personne n’ap-
précie mieux son mérite , et n’aime plus que lui
son beau génie.
F É d É R I c.
LETTRE C L X X X I.
DE M. DE VOLTAIRE.
A Ferney , 9 mars.
CD EN est trop d’avoir tout ce feu
Qui si vivement vous inspire ,
Qui luit, qui plaît, et qu’on admire,
Quand les autres en ont trop peu.
Le pauvre Lorrain est bien embarrasfé à découvrir
î77°' le génie dont vous lui parlez ; il l’a cherché par-
tout. Ce n’est pas sans raison : les roses et les
lauriers ont tous été transplantés en Russie ; de
sorte qu il le cherche en vain. Ce Lorrain suppose
que la brillante imagination qui triomphe à Ferney
du temps et des infirmités de ,l’âge , a tracé de
fantaisie le tableau de ce génie , et qu’il en est
comme du jardin des Hespérides et de la fontaine
de Jouvence , que la grave antiquité a si long-temps
recherchés inutilement.
Si cependant il était question d’un bon vieux
radoteur de philosophe qui habite une vigne de
ces environs , il a chargé le Lorrain de vous asfûter
qu’il regrette fort le patriarche de Ferney , qu’il
voudrait qu’il fût possible encore de le recueillir
chez lui et de l’associer à ses études ; qu’au moins
ce patriarche peut être assûté que personne n’ap-
précie mieux son mérite , et n’aime plus que lui
son beau génie.
F É d É R I c.
LETTRE C L X X X I.
DE M. DE VOLTAIRE.
A Ferney , 9 mars.
CD EN est trop d’avoir tout ce feu
Qui si vivement vous inspire ,
Qui luit, qui plaît, et qu’on admire,
Quand les autres en ont trop peu.