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LETTRES DU KOI DE PRUSSE
LETTRE CLL
DU ROI.
Le ; i d’octobre.
-- Je vous suis obligé de la part que vous prenez à
1760. quelques bonnes sortunes palsagères que j’ai escro-
quées au hasard. Depuis ce temps les Russes ont
sait une suration dans le Brandebourg : j’y suis
accouru, ils se sont sauves tout de suite, et je me
suis tourné vers la Saxe , où les affaires demandaient
ma préscnce. Nous avons encore deux grands mois
de campagne par devers nous ; celie-ci a été la plus
dure et la plus fatigante de toutes : mon tempéra-
ment s’en ressent, ma santé s’affaiblit, et mon esprit
baisse à proportion que son étui menace ruine.
Je ne sais quelle lettre on a pu intercepter , que
j’écrivis au mar luis d'Argtns : il se peut qu’elle soit
de moi ; peut-être a-t-elle été fabriquée à Vienne.
Je ne connais le duc de Choifeul ni d’Æue ni d’Adam.
Feu m’importe qu’il ait des sentimens pacisiques ou
guerriers. S’il aime la paix , pourquoi ne la sait-il
pas ? Je suis si occupé de mes affaires , que je n’ai pas
le temps de penser à celles des autres. Mais laissons-
là tous ces illuûres scélérats, ces sséaux de la terre
et de l’humanité.
Dites-moi, je vous prie , de quoi vous avisez-vous
d’écrire l’histoire des loups et des ours de la Sibérie ?
Et que pourrez-vous rapporter du czar qui ne se
trouve dans la vie de Charles XII è Je ne lirai point
LETTRES DU KOI DE PRUSSE
LETTRE CLL
DU ROI.
Le ; i d’octobre.
-- Je vous suis obligé de la part que vous prenez à
1760. quelques bonnes sortunes palsagères que j’ai escro-
quées au hasard. Depuis ce temps les Russes ont
sait une suration dans le Brandebourg : j’y suis
accouru, ils se sont sauves tout de suite, et je me
suis tourné vers la Saxe , où les affaires demandaient
ma préscnce. Nous avons encore deux grands mois
de campagne par devers nous ; celie-ci a été la plus
dure et la plus fatigante de toutes : mon tempéra-
ment s’en ressent, ma santé s’affaiblit, et mon esprit
baisse à proportion que son étui menace ruine.
Je ne sais quelle lettre on a pu intercepter , que
j’écrivis au mar luis d'Argtns : il se peut qu’elle soit
de moi ; peut-être a-t-elle été fabriquée à Vienne.
Je ne connais le duc de Choifeul ni d’Æue ni d’Adam.
Feu m’importe qu’il ait des sentimens pacisiques ou
guerriers. S’il aime la paix , pourquoi ne la sait-il
pas ? Je suis si occupé de mes affaires , que je n’ai pas
le temps de penser à celles des autres. Mais laissons-
là tous ces illuûres scélérats, ces sséaux de la terre
et de l’humanité.
Dites-moi, je vous prie , de quoi vous avisez-vous
d’écrire l’histoire des loups et des ours de la Sibérie ?
Et que pourrez-vous rapporter du czar qui ne se
trouve dans la vie de Charles XII è Je ne lirai point