ï 32 RECUEIL DES LETTRES
vaut mieux qu’un palais ailleurs. Pour moi, je
n’aime ni les trous ni les palais ; mais je suis très-
content d’une maison riante et commode, encore
plus content de mon indépendance, de ma vie libre
et occupée; et sans vous, sans madame du Dcff'anr,
sans quelques autres persoimes que je n’oublierai
jamais, je serais bien loin de connaître les regrets.
Adieu , mon ancien ami ; continuez à tirer le meilleur
parti que vous pourrez de ce songe de la vie. Je
vous embrasse tendrement.
LETTRE L X X î.
A M. LE MARECHAL DUC DE RICHELIEU.
Aux Délices, près de Genève , 14. de juin.
J’ai quelque orgueil, ipon héros, de voir une
partie de ma destinée unie à la vôtre. 11 est assez
plaisant que je sois, après vous, l’homme le plus
réellement intéressé à la pnse de Port-IVIahon. Je
rnesuisavisé de faire le prophète. Vous accomplirez
sans doute ma prophétie; elle est très-claire; il y en
a eu jusqu’ici peu dans ce goût-là. Votre panégy-
riste est devenu votre astrologue. Par quel hasard
faut-il que ma prédiction coure Paris, avant que
le maudit rocher de M. Blakney se soit rendu ? Le
même jour que j’ai reçu la lettre dont vous honorez
votre petit prophète , j’ai appris que mon petit com-
pliment était répandu dans Paris. C’est Thiriot-la-
trompette qui me dit l’avoir vu et tenu , et même
vaut mieux qu’un palais ailleurs. Pour moi, je
n’aime ni les trous ni les palais ; mais je suis très-
content d’une maison riante et commode, encore
plus content de mon indépendance, de ma vie libre
et occupée; et sans vous, sans madame du Dcff'anr,
sans quelques autres persoimes que je n’oublierai
jamais, je serais bien loin de connaître les regrets.
Adieu , mon ancien ami ; continuez à tirer le meilleur
parti que vous pourrez de ce songe de la vie. Je
vous embrasse tendrement.
LETTRE L X X î.
A M. LE MARECHAL DUC DE RICHELIEU.
Aux Délices, près de Genève , 14. de juin.
J’ai quelque orgueil, ipon héros, de voir une
partie de ma destinée unie à la vôtre. 11 est assez
plaisant que je sois, après vous, l’homme le plus
réellement intéressé à la pnse de Port-IVIahon. Je
rnesuisavisé de faire le prophète. Vous accomplirez
sans doute ma prophétie; elle est très-claire; il y en
a eu jusqu’ici peu dans ce goût-là. Votre panégy-
riste est devenu votre astrologue. Par quel hasard
faut-il que ma prédiction coure Paris, avant que
le maudit rocher de M. Blakney se soit rendu ? Le
même jour que j’ai reçu la lettre dont vous honorez
votre petit prophète , j’ai appris que mon petit com-
pliment était répandu dans Paris. C’est Thiriot-la-
trompette qui me dit l’avoir vu et tenu , et même