DE M. DE VOLTAIRE.
LETTRE CEI,
A M. LE COMTE D’ A R G E N T A L.
* Aux Délices , 12 de septembre.
jVloN divin ange, moi qui n’ai point pris les
eaux de Plombières , je suis bien malade , et je suis 1
puni de n’avoir point été faire ma cour à madame
de Argentai. Je voudrais qu’on eût brûlé , avec la
fausse Jeanne, le détestabîe auteur de cette infâme
rapsodie. Elle est incontestablement de la Beaumelle ;
mais s’il n est pas ars , il est en lieu où il doit se
repentir. .
On dit que c’est l’abbé de Bernis qui a ménagé le
rétablissement du parlement: si cela est, il joue un
bien beau rôle dans l’Europe et en France. Je ne
lui ai jamais écrit depuis mon absence; j’ai toujours
craint que mes lettres ne parussent intéressées, et je
me suis contenté d’applaudir à'sa fortune, sans l’en
féliciter. Qui eût cru, quand le roi de Prusse fesait
autrefois des vers contre lui, que ce serait lui qu’il
aurait un jour le plus à craindre.
Les affaires de ce roi, mon ancien disciple et mon
ancien persécuteur, vont de mal en pis. Je ne sais
si je vous ai fait part de la lettre qu’il m’a écrite,
il y a environ trois semaines : J’ai appris, •dit - il, que
vous vous étiez intérejje à-mes Jhccès et à mes malheurs-,
il ne me reste qu à vendre cher ma vie , etc. etc. Sa
Corresp. générale. Tome V, S
LETTRE CEI,
A M. LE COMTE D’ A R G E N T A L.
* Aux Délices , 12 de septembre.
jVloN divin ange, moi qui n’ai point pris les
eaux de Plombières , je suis bien malade , et je suis 1
puni de n’avoir point été faire ma cour à madame
de Argentai. Je voudrais qu’on eût brûlé , avec la
fausse Jeanne, le détestabîe auteur de cette infâme
rapsodie. Elle est incontestablement de la Beaumelle ;
mais s’il n est pas ars , il est en lieu où il doit se
repentir. .
On dit que c’est l’abbé de Bernis qui a ménagé le
rétablissement du parlement: si cela est, il joue un
bien beau rôle dans l’Europe et en France. Je ne
lui ai jamais écrit depuis mon absence; j’ai toujours
craint que mes lettres ne parussent intéressées, et je
me suis contenté d’applaudir à'sa fortune, sans l’en
féliciter. Qui eût cru, quand le roi de Prusse fesait
autrefois des vers contre lui, que ce serait lui qu’il
aurait un jour le plus à craindre.
Les affaires de ce roi, mon ancien disciple et mon
ancien persécuteur, vont de mal en pis. Je ne sais
si je vous ai fait part de la lettre qu’il m’a écrite,
il y a environ trois semaines : J’ai appris, •dit - il, que
vous vous étiez intérejje à-mes Jhccès et à mes malheurs-,
il ne me reste qu à vendre cher ma vie , etc. etc. Sa
Corresp. générale. Tome V, S