64 RECUEIL DES LETTRES
-i-—■— Nous ne nous verrons plus ; mais se voit-on dans
I7$S- Paris ? Nous voilà morts l’un pour l’autre ; j’en suis
bien fâché. Je trouve quelques philosophes au pied
des Alpes ; toute la terre n'est pas corrompue.
Vous vivez sans doute avec les encyclopédisles ;
ce ne sont pas des bêtes que ces gens-là ; faites-leüt
mes complimens , je vous en prie. Conservez-moi
votre amitié jusqu’à ce que notre machine végétante
et pensante retourne aux élémens dont elle est faite.
Je vous embralse en Confucius ; je m’unis à vos
pensées ; je vous aime toujours au bord de mon
lac , comme lorsque nous foupions ensemble. Adieu;
on n’écrivait ni à Platon ni à Socrate t votre très*
humble serviteur.
LETTRE XXXI.
A M. LE COMTE D’ ARGENT AL.
15 d’octobre.
1V1 O N cher ange , vous commencez donc à être un
peu content. Vous le seriez davantage sans trois
terribles empêchemens , la maladie , l’éloignement
et une Histoire générale qui me tue. Puis-je songer
au seul Gengis , quand je me mêle du gouvernement
de toute la terre? Les Japonais et les Anglais, les
jéfuites et les talapoins , les chrétiens et les musul-
mans me demandent audience. J’ai la tête pleine du
procès de tous ces gens-là. Vous avez beau me dire
que la caufe de Gcngis doit palier la première , vous
connailsez
-i-—■— Nous ne nous verrons plus ; mais se voit-on dans
I7$S- Paris ? Nous voilà morts l’un pour l’autre ; j’en suis
bien fâché. Je trouve quelques philosophes au pied
des Alpes ; toute la terre n'est pas corrompue.
Vous vivez sans doute avec les encyclopédisles ;
ce ne sont pas des bêtes que ces gens-là ; faites-leüt
mes complimens , je vous en prie. Conservez-moi
votre amitié jusqu’à ce que notre machine végétante
et pensante retourne aux élémens dont elle est faite.
Je vous embralse en Confucius ; je m’unis à vos
pensées ; je vous aime toujours au bord de mon
lac , comme lorsque nous foupions ensemble. Adieu;
on n’écrivait ni à Platon ni à Socrate t votre très*
humble serviteur.
LETTRE XXXI.
A M. LE COMTE D’ ARGENT AL.
15 d’octobre.
1V1 O N cher ange , vous commencez donc à être un
peu content. Vous le seriez davantage sans trois
terribles empêchemens , la maladie , l’éloignement
et une Histoire générale qui me tue. Puis-je songer
au seul Gengis , quand je me mêle du gouvernement
de toute la terre? Les Japonais et les Anglais, les
jéfuites et les talapoins , les chrétiens et les musul-
mans me demandent audience. J’ai la tête pleine du
procès de tous ces gens-là. Vous avez beau me dire
que la caufe de Gcngis doit palier la première , vous
connailsez