de m. de voltaire. 181
continuellement à détruire l’imposiure ? Je n’al plus
ni santé, ni consolation, ni espérance ; et je n’éprouve,
au bout de ma carrière, que le repentir d avoir con-
sacré aux belles-lettres une vie qu’elles ont rendue
malheureuse. Si je m’étais contenté de les aimer eu
secret, si j’avais toujours vécu avec vous, j’aurais été
heureux; mais je me suis livré au public et je suis
loin de vous, cela est horrible.
LETTRE C.
A M. LE MARECHAL DUC DE RICHELIEU
Aux Délices, 8 de décembre.
Je vous souhaite de bonnes et de belles années,
c’est-à-dire, celles auxquelles vous êtes accoutumé,
Monseigneur; et je m’y prends tout exprès un peu,
à l’avance , car vous allez être accablé de lettres dans
ce temps-là. Je me trompe encore, ou vous entrez
en exercice de premier gentilhomme de la chambre,
ou vous installerez M. le duc de Fronfac, ce qui ne
vous occupera pas moins. Et qui sait si au printemps
vous n’irez pas encore commander quelque armée?
qui sait si vous ne ferez pas gagner des batailles à
l'impératrice ? Vous n’aviez pas déplu à sa mère, vous
seriezle vengeur de sa fille. Les grenadiers français ne
seraient pas fâchés de vous fuivre , et d’opposer leur
impétuosité aux pas mésurés des Prussiens. Milord
Maréchal , qui m’est venu voir dans’mon trou ces jours
passés, dit des choses bien étonnantes. Il prétend qu’à
U dernière bataille, ce sont huit bataillons seulement
M $
continuellement à détruire l’imposiure ? Je n’al plus
ni santé, ni consolation, ni espérance ; et je n’éprouve,
au bout de ma carrière, que le repentir d avoir con-
sacré aux belles-lettres une vie qu’elles ont rendue
malheureuse. Si je m’étais contenté de les aimer eu
secret, si j’avais toujours vécu avec vous, j’aurais été
heureux; mais je me suis livré au public et je suis
loin de vous, cela est horrible.
LETTRE C.
A M. LE MARECHAL DUC DE RICHELIEU
Aux Délices, 8 de décembre.
Je vous souhaite de bonnes et de belles années,
c’est-à-dire, celles auxquelles vous êtes accoutumé,
Monseigneur; et je m’y prends tout exprès un peu,
à l’avance , car vous allez être accablé de lettres dans
ce temps-là. Je me trompe encore, ou vous entrez
en exercice de premier gentilhomme de la chambre,
ou vous installerez M. le duc de Fronfac, ce qui ne
vous occupera pas moins. Et qui sait si au printemps
vous n’irez pas encore commander quelque armée?
qui sait si vous ne ferez pas gagner des batailles à
l'impératrice ? Vous n’aviez pas déplu à sa mère, vous
seriezle vengeur de sa fille. Les grenadiers français ne
seraient pas fâchés de vous fuivre , et d’opposer leur
impétuosité aux pas mésurés des Prussiens. Milord
Maréchal , qui m’est venu voir dans’mon trou ces jours
passés, dit des choses bien étonnantes. Il prétend qu’à
U dernière bataille, ce sont huit bataillons seulement
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