*7$7-
2.02 RECUEIL DES LETTRES
LETTRE C X 11.
A M. LE COMTE D’ARGENTAL, à Paris.
A Monrion , 20 de janvier.
Mon cher ange, je sens tout le prix de votre
souvenir dans un temps où vous êtes si consterné
de l’horrible aventure, et si occupé à remplir le vide
immense laissé dans le parlement. Votre assiduité à
des devoirs nouveaux dont vous êtes dispensé, est
un mérite dont le parlement, le public et la cour
doivent vous tenir compte. Je me flatte , pour l’hon-
neur de la nation et du siécle, et pour le mien, qui
ai tant célébré cette nation et ce siécle , qu’on ne
trouvera nulle ombre de complicité, nulle apparence
de complot dans l’attentat aussi abominable qu’ab-
surde de ce polisïbn d’assaiïin , de ce misérable
bâtard de Ravaillac. J’espère qu’on n’y trouvera que
l’excès de la démence : il est vrai que cette démence
aura été inspirée par quelques discours fanatiques
de la canaille : c’est un chien mordu par quelques
chiens de la rue, qui sera devenu enragé. Il paraît
que le monstre n’avait pas un dessein bien arrêté,
puisque , après tout, on ne tue point des rois avec un
canif à tailler des plumes. Mais pourquoi le scélérat
avait-il trente louis dans-sa poche? Ravaillac et
Jacques Clément n’avaient pas un sou. Je n’ose impor-
tuner votre amitié sur les détails de cet exécrable
attentat. Mais comment me justifierai-je d’avoir tant
2.02 RECUEIL DES LETTRES
LETTRE C X 11.
A M. LE COMTE D’ARGENTAL, à Paris.
A Monrion , 20 de janvier.
Mon cher ange, je sens tout le prix de votre
souvenir dans un temps où vous êtes si consterné
de l’horrible aventure, et si occupé à remplir le vide
immense laissé dans le parlement. Votre assiduité à
des devoirs nouveaux dont vous êtes dispensé, est
un mérite dont le parlement, le public et la cour
doivent vous tenir compte. Je me flatte , pour l’hon-
neur de la nation et du siécle, et pour le mien, qui
ai tant célébré cette nation et ce siécle , qu’on ne
trouvera nulle ombre de complicité, nulle apparence
de complot dans l’attentat aussi abominable qu’ab-
surde de ce polisïbn d’assaiïin , de ce misérable
bâtard de Ravaillac. J’espère qu’on n’y trouvera que
l’excès de la démence : il est vrai que cette démence
aura été inspirée par quelques discours fanatiques
de la canaille : c’est un chien mordu par quelques
chiens de la rue, qui sera devenu enragé. Il paraît
que le monstre n’avait pas un dessein bien arrêté,
puisque , après tout, on ne tue point des rois avec un
canif à tailler des plumes. Mais pourquoi le scélérat
avait-il trente louis dans-sa poche? Ravaillac et
Jacques Clément n’avaient pas un sou. Je n’ose impor-
tuner votre amitié sur les détails de cet exécrable
attentat. Mais comment me justifierai-je d’avoir tant