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des plus grotesques et a nous écrier, de toute la force de
nos poumons, avec le poète national :
« Je suis vilain, bien vilain, très vilain ! »
Le même esprit rétrograde, la même tendance k
imiter les us de l'ancienne cour se sont fait remarquer
celte année dans la première réception du Château, celle
du 5 janvier, où les dames ont été admises., après les ha-
rangueurs d'office, à présenter leurs souhaits de bonne
année au roi et a la famille royale. Nous espérons que
nos lecteurs ne nous sauront pas mauvais gré de leur
fournir quelques détails sur l'étiquette qui règne dans
ces sortes de cérémonies, et qui a particulièrement prési
dé k celle dont nous avons k rendre compte.
Ou sait que, depuis plusieurs années, le personnel des
réunions dansantes du Château va sans cesse s'épurant
(simple manière de parler), en ce sens qu'on en rejette
impitoyablement les droguistes et les sergens-majors de
la garde nationale, ainsi que mesdames leurs épouses,
qui se flattaient d'en faire toujours le plus bel ornement.
D'après le système appliqué k la réception des dames, il
faut être au moins femme de pair, de député ou d'avoué,
il faut faire partie, en un mot, de la haute aristocratie
pour avoir le droit de souhaiter la bonne année au gou-
vernement et à la famille royale.
Une liste de toutes les patriciennes qui doivent avoir
cet honneur est adressée et remise a l'avance sous les
yeux de Leurs Majestés qui la parcourent et notent ça et
là d'une croix de sinistre présage certains noms mal pen
sans, et comme tels indignes de cette haute faveur. Les
princes doivent aussi se procurer un double de ce catalo-
gue pour préparer à loisir les a-propos et les brillantes
reparties qu'ils se proposent d'improviser le jour de la
réception.
Ce jour enfin venu, un escadron coiffé fait irruption,
vers les neuf heures du soir, dans la grande galerie de
Minerve, et prend possession des banquettes qui en occu
pent tout le pourtour. Quant aux pères, frères ou maris,
dont,çes-jiames sont accompagnées, l'étiquette les auto-
rise kresîef sur leurs jambes tant que dure la cérémonie :
en revanche, il leur est défendu de fumer. Parqués dans
la quadrille liaie qui s'étale le long de la galerie, com-
meJesv&mbours et la musique d'ua régiment formé en
^ bahmlèrn carré, ces messieurs, dont le rôle n'est pas
ns négatif, sont réduits k attendre ainsi, les bras
balans, la fin de la réception.
A neuf heures et demie, une porte s'ouvre, et le roi pa-
raît., suivi de la reine, des princes et d'un nombreux état-
major. A cet instant, toutes les dames se lèvent spontané-
ment, d'après les instructions qu'elles en ont reçues, etk
dater de, ce moment, aucune d'elles ne songe à s'asseoir
(toujours d'après le même formulaire), jusqu'à, ce que les
augustes hôtes aient quitté le lieu de la réunion.
Le roi commence alors la revue des complimenteuses
rangées en bataille sur son passage et lui présentant l'é-
ventail avec une grâce infinie. Pendant que S. M. parcourt
ce séduisant front de bandière, l'un des aides de camp
de service s'approche de chaque dame et lui demande son
nom, qu'il souffle dans le tuyau de l'oreille k un autre
aide de camp qui le répète au roi. De cette manière, cha-
que visiteuse a la douce satisfaction et surtout l'agréable
surprise de voir, quand vient son tour de parler h Sa Ma-
jesté, que celle-ci la remet parfaitement, ce qui ne laisse
pas d'être flatteur. Qui oserait soutenir maintenant que
les rois sont sujets k oubli ?
Après les deux ou trois banalités indiquées par la cir-
constance, le monarque salue et passe près de la voisine
aux mêmes exercices. Mais quelquefois l'entretien se
prolonge, et il faut voir alors comme tous les regards se
tendent vers l'heureuse mortelle, objet d'une si éclatante
distinction ; quels chuchottemens précipités trahissent la
curiosité générale. On a remarqué qu'à la dernière ré-
ception, S. M. s'était arrêtée près d'un quart-d'heure de-
vant Mme la baronne Delort, épouse du lieutenant-géné-
ral de ce nom, et dix minutes pour le moins auprès de
Mme de Lariboissière. Chacun, ou plutôt chacune se perd
encore en conjectures sur ces deux grands événemens.
La reine et la princesse Clémentine ont également dai-
gné causer fort longuement avec la jeune Mme Cuvillier-
Fleury, femme du précepteur des Débals et du journaliste
de la cour. On suppose que la reine et la princesse fai-
saient compliment à Mme Fleury de la récente promotion
de M. Thouvenel, son père, au grade de maréchal-de-
camp.
En terminant leur longue tournée, le roi et sa famille
se retirent dans leurs appartêmens, et la séance est levée,
k la grande satisfaction des maris de ces dames. Il va sans
dire que cette tournée est la seule dont l'usage soit con-
nu dans ces sortes de réceptions.
Et voilà ce que c'est qu'une soirée au Château. Décidé-
ment, je crois que j'aime mieux la Chaumière.
me â ctisqï.
l<e système doctrinaire au divan ture.
Mon cher divan,
Ncemoment,—où je suishonnîet
! conspué k l'intérieur, où les ava-
L nies, les rebuffades, les quolibets
m'arrivent de tous les points de
la rose des vents,—il doit m'être
bien doux de trouver, non-seule-
ment un approbateur, mais enco-
re un imitateur. C'est vous, mon cher divan, qui me pro-
curez cette satisfaction neuve et consolante, car il est évi-
dent que vous vous êtes déterminé à me prendre pour
modèle. Je vous en félicite ; assez d'autres vous diront
qu'ils ne vous en font pas leur compliment.
Après cela, le monde ne sera pas trop surpris de cette
similitude qui vient de s'établir entre mon système de
progrès et de liberté et le gouvernement k la turque. On
se ressemble de plus loin.
Ainsi, vous vous êtes déclaré en pleine réaction, et
vous avez pris la perspicace résolution de rétrograder
dans la route semée de fossés et de trappes où vos prédé-
cesseurs ont fait successivement la culbute. Bravo ! vous
adoptez une marche sage et prudente.
Ainsi,'vous venez de prendre pour premier ministre un
certain Izzet-Pacha, qu'on représente généralement com-
me un homme odieux, impopulaire, d'un caractère vio-
lent, forcené, totalement dépourvu de principes, incapa-
ble de reculer devant les mesures les plus impitoyables}
—un homme enfin qui,en diverses occasions, notamment
dans la dernière guerre contre le pacha d'Egypte, a tra-
hi son pays. Très-bien ! votre Izzet est une copie frappan-
te de mon Guizot.
Ainsi, après avoir essayé naguère de conjurer Voura-
gan des révolutions par de belles promesses d'améliora-
tions et de réforme, contenues dans la déclaration de
Gulhanê (une espèce de charte-vérité), vous avez l'air de
vous en soucier aujourd'hui comme d'une vieille babou-
che,et vous essayez de revenir ouvertement aux traditions
du pur despotisme oriental ; — vous avez placé la Tur-
quie sous la vassalité des puissances étrangères, — vous
avez imaginé de faire lever désormais les impôts à coups
de bâton, ce qui est un recensement dans mon genre.
Parfait ! il est impossible de copier plus fidèlement son
modèle ! Vous m'avez daguerréotypé, mon cher.
Comme vous étiez incessamment menacé d'une dé-
gringolade, vous avez pensé que ces moyens sont les
meilleurs pour vous raffermir. En effet, vous pouvez
vous flatter d'être maintenant presque aussi solide que
moi.
Cela posé, permettez-moi, en qualité de votre m aître
en l'art de déplaire, de vous donner encore quelques con-
seils pour achever votre éducation. Vous avez un Guizot,
mais cela ne suffit pas. Afin de parcourir complètement
la voie de la réaction, il vous faudrait un bon procureur
général. Vous devez en trouver facilement l'équivalent
parmi les anciens janissaires ou les vieux muets du sérail.
Cet auxiliaire vous servira k étrangler n'importe quelle
liberté, non pas entre deux portes, mais entre la compli-
cité morale et la complicité indirecte.
On me dit que vous êtes tiraillé entre plusieurs influen-
ces étrangères, que vous êtes embarrassé de savoir s'il
faut céder k la Russie ou k l'Angleterre. Pour éviter cet
embarras, faites comme moi, mon cher,—cédez k toutes
les deux à la fois.
Je termine par un dernier conseil. Le bruit court que
vous êtes dans l'i;atention de renier et d'abolir franche-
ment le hatti-sch'érif de Gulhané, c'est-k-dire la nouvelle
charte de la Tu.rquie. Oh non pas, divan I ce serait très
maladroit. Il faut, au contraire, avoir l'air d'être profon-
dément attaché k cette ch arte, tout en lui donnant en
dessous des crocs en jambie. Et même, pour mieux jeter
de la poudre aux yeux de s badauds turcs, il ne serait pas
mal, lors d'une prochainf ; solennité, de souffler au sultan
l'idée d'aflîrm er de reche f que le liatti-Shérif de Gulhané
sera une vérité,
Avec laquelJe je
LE SÏSÎÉME POtTRINAIRE.
DOULOUREUSE AGONIE DU CONSTITUTION!®,
Bulletin du 13 janvier.
extérieur. — Une cruelle et ridicule parade renouve-
lée de Richelieu a été jouée dans la matinée par les prin-
cipaux actionnaires du Constitutionnel. — Sans respect
pour sa perruque, sans pitiépour ses souffrances, ces mes-
sieurs ont arraché le malade de son lit de douleur, et
après lui avoir donné un œil de poudre et une couche de
fard, l'ont entraîné sur le balcon de la rue Montmartre.
Arrivé lk, le malheureux a voulu saluer la foule, mais
il est aussitôt tombé sans connaissance dans les bras de
ses bourreaux.—Ce spectacle, k la fois risible et poignant,
a soulevé l'unanime réprobation des derniers departe-
mens k la queue. — Il est horrible de jouer ainsi avec la
mort. Nous espérons que MM. les actionnaires se le
tiendront pour dit et laisseront mourir leur journal avec
tous les égards dus k son âge et ksa faiblesse.
Midi. — La Seine charrie toujours considérablement
de petits papiers. Dieu veuille qu'une forte gelée ne
retarde pas dans leur mission ces intéressans voya-
geurs !
intérieur. — Par suite de son imprudence, le Patriar-
che est en proie à un'délire épouvantable. —Il chante la
Marseillaise k faire pâlir M. Tissot, puis entonne le troi-
sième couplet de la Parisienne, [qu'il interrompt pour
murmurer 0 Richard, ô mon roi ! et finit enfin par de-
mander l'abbé Auzou. A cette proposition, toute la rédac-
tion voltairienne pousse les hauts cris, et M. Jay s'éloigne
en jetant au moribond l'effroyable épithèts de jésuite. —
C'est M. Tissot qui veillera cette nuit sur le malade.
Six heures. — Le bruit se répand dans Paris qu'un
sieur Coquille, Breton et bonnetier, demeurant rue du
Pas-de-la-Mule, s'obstine seul k recevoir le Constitution-
nel. — Nous envoyons sur-le-champ un dessinateur
pour offrir k nos abonnés le duplicata de ce personnage
curieux.
Minuit. — Le fait Coquille est malheureusement
réel. Voici le portrait de cet entêté fils de l'Armorique.
Dans la soirée un rassemblement s'est formé devant sa
boutique, et des pierres ont même été lancées dans ses ^ i
très. Sa famille éplorée s'est, dit-on, jetée a ses pieds en
le suppliant de se désabonner; mais, jusqu'à cette heure,
le Coquille est demeuré inflexible. — Cette déplorable
obstination pourra prolonger quelques jours encore a
terrible agonie du Constitutionnel.
Erratum. — Nous prévenons le citoyen Coquille <l«c
dans son numéro d'hier jeudi il fallait lire ainsi cette
phrase attribuée k Fénélon par M. Etienne : « Il faut bat-
tre le fer quand il est chaud » et non pas : « Il faut ba -
tre son frère quand il a chaud, » comme 1 ont impniD
les affectés compositeurs du journal mourant.
OABILLOïf.
On écrit de Savoie qu'une amnistie pleine et entière va
être accordée à tous les détenus politiques. Nous serions
trop heureux, en France, si nos gouvernans voulaien
seulement nous traiter comme des Savoyards.
— Une feuille du matin assure que le château des lu'
leries a fait tout ce qu'il a pu pour se voir invité au W
tême du prince de Galles. Le Neuf-Août oublie qn a
fêtes de famille, on n'invite que des amis.
(La suite à la 4e page.)
g.
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des plus grotesques et a nous écrier, de toute la force de
nos poumons, avec le poète national :
« Je suis vilain, bien vilain, très vilain ! »
Le même esprit rétrograde, la même tendance k
imiter les us de l'ancienne cour se sont fait remarquer
celte année dans la première réception du Château, celle
du 5 janvier, où les dames ont été admises., après les ha-
rangueurs d'office, à présenter leurs souhaits de bonne
année au roi et a la famille royale. Nous espérons que
nos lecteurs ne nous sauront pas mauvais gré de leur
fournir quelques détails sur l'étiquette qui règne dans
ces sortes de cérémonies, et qui a particulièrement prési
dé k celle dont nous avons k rendre compte.
Ou sait que, depuis plusieurs années, le personnel des
réunions dansantes du Château va sans cesse s'épurant
(simple manière de parler), en ce sens qu'on en rejette
impitoyablement les droguistes et les sergens-majors de
la garde nationale, ainsi que mesdames leurs épouses,
qui se flattaient d'en faire toujours le plus bel ornement.
D'après le système appliqué k la réception des dames, il
faut être au moins femme de pair, de député ou d'avoué,
il faut faire partie, en un mot, de la haute aristocratie
pour avoir le droit de souhaiter la bonne année au gou-
vernement et à la famille royale.
Une liste de toutes les patriciennes qui doivent avoir
cet honneur est adressée et remise a l'avance sous les
yeux de Leurs Majestés qui la parcourent et notent ça et
là d'une croix de sinistre présage certains noms mal pen
sans, et comme tels indignes de cette haute faveur. Les
princes doivent aussi se procurer un double de ce catalo-
gue pour préparer à loisir les a-propos et les brillantes
reparties qu'ils se proposent d'improviser le jour de la
réception.
Ce jour enfin venu, un escadron coiffé fait irruption,
vers les neuf heures du soir, dans la grande galerie de
Minerve, et prend possession des banquettes qui en occu
pent tout le pourtour. Quant aux pères, frères ou maris,
dont,çes-jiames sont accompagnées, l'étiquette les auto-
rise kresîef sur leurs jambes tant que dure la cérémonie :
en revanche, il leur est défendu de fumer. Parqués dans
la quadrille liaie qui s'étale le long de la galerie, com-
meJesv&mbours et la musique d'ua régiment formé en
^ bahmlèrn carré, ces messieurs, dont le rôle n'est pas
ns négatif, sont réduits k attendre ainsi, les bras
balans, la fin de la réception.
A neuf heures et demie, une porte s'ouvre, et le roi pa-
raît., suivi de la reine, des princes et d'un nombreux état-
major. A cet instant, toutes les dames se lèvent spontané-
ment, d'après les instructions qu'elles en ont reçues, etk
dater de, ce moment, aucune d'elles ne songe à s'asseoir
(toujours d'après le même formulaire), jusqu'à, ce que les
augustes hôtes aient quitté le lieu de la réunion.
Le roi commence alors la revue des complimenteuses
rangées en bataille sur son passage et lui présentant l'é-
ventail avec une grâce infinie. Pendant que S. M. parcourt
ce séduisant front de bandière, l'un des aides de camp
de service s'approche de chaque dame et lui demande son
nom, qu'il souffle dans le tuyau de l'oreille k un autre
aide de camp qui le répète au roi. De cette manière, cha-
que visiteuse a la douce satisfaction et surtout l'agréable
surprise de voir, quand vient son tour de parler h Sa Ma-
jesté, que celle-ci la remet parfaitement, ce qui ne laisse
pas d'être flatteur. Qui oserait soutenir maintenant que
les rois sont sujets k oubli ?
Après les deux ou trois banalités indiquées par la cir-
constance, le monarque salue et passe près de la voisine
aux mêmes exercices. Mais quelquefois l'entretien se
prolonge, et il faut voir alors comme tous les regards se
tendent vers l'heureuse mortelle, objet d'une si éclatante
distinction ; quels chuchottemens précipités trahissent la
curiosité générale. On a remarqué qu'à la dernière ré-
ception, S. M. s'était arrêtée près d'un quart-d'heure de-
vant Mme la baronne Delort, épouse du lieutenant-géné-
ral de ce nom, et dix minutes pour le moins auprès de
Mme de Lariboissière. Chacun, ou plutôt chacune se perd
encore en conjectures sur ces deux grands événemens.
La reine et la princesse Clémentine ont également dai-
gné causer fort longuement avec la jeune Mme Cuvillier-
Fleury, femme du précepteur des Débals et du journaliste
de la cour. On suppose que la reine et la princesse fai-
saient compliment à Mme Fleury de la récente promotion
de M. Thouvenel, son père, au grade de maréchal-de-
camp.
En terminant leur longue tournée, le roi et sa famille
se retirent dans leurs appartêmens, et la séance est levée,
k la grande satisfaction des maris de ces dames. Il va sans
dire que cette tournée est la seule dont l'usage soit con-
nu dans ces sortes de réceptions.
Et voilà ce que c'est qu'une soirée au Château. Décidé-
ment, je crois que j'aime mieux la Chaumière.
me â ctisqï.
l<e système doctrinaire au divan ture.
Mon cher divan,
Ncemoment,—où je suishonnîet
! conspué k l'intérieur, où les ava-
L nies, les rebuffades, les quolibets
m'arrivent de tous les points de
la rose des vents,—il doit m'être
bien doux de trouver, non-seule-
ment un approbateur, mais enco-
re un imitateur. C'est vous, mon cher divan, qui me pro-
curez cette satisfaction neuve et consolante, car il est évi-
dent que vous vous êtes déterminé à me prendre pour
modèle. Je vous en félicite ; assez d'autres vous diront
qu'ils ne vous en font pas leur compliment.
Après cela, le monde ne sera pas trop surpris de cette
similitude qui vient de s'établir entre mon système de
progrès et de liberté et le gouvernement k la turque. On
se ressemble de plus loin.
Ainsi, vous vous êtes déclaré en pleine réaction, et
vous avez pris la perspicace résolution de rétrograder
dans la route semée de fossés et de trappes où vos prédé-
cesseurs ont fait successivement la culbute. Bravo ! vous
adoptez une marche sage et prudente.
Ainsi,'vous venez de prendre pour premier ministre un
certain Izzet-Pacha, qu'on représente généralement com-
me un homme odieux, impopulaire, d'un caractère vio-
lent, forcené, totalement dépourvu de principes, incapa-
ble de reculer devant les mesures les plus impitoyables}
—un homme enfin qui,en diverses occasions, notamment
dans la dernière guerre contre le pacha d'Egypte, a tra-
hi son pays. Très-bien ! votre Izzet est une copie frappan-
te de mon Guizot.
Ainsi, après avoir essayé naguère de conjurer Voura-
gan des révolutions par de belles promesses d'améliora-
tions et de réforme, contenues dans la déclaration de
Gulhanê (une espèce de charte-vérité), vous avez l'air de
vous en soucier aujourd'hui comme d'une vieille babou-
che,et vous essayez de revenir ouvertement aux traditions
du pur despotisme oriental ; — vous avez placé la Tur-
quie sous la vassalité des puissances étrangères, — vous
avez imaginé de faire lever désormais les impôts à coups
de bâton, ce qui est un recensement dans mon genre.
Parfait ! il est impossible de copier plus fidèlement son
modèle ! Vous m'avez daguerréotypé, mon cher.
Comme vous étiez incessamment menacé d'une dé-
gringolade, vous avez pensé que ces moyens sont les
meilleurs pour vous raffermir. En effet, vous pouvez
vous flatter d'être maintenant presque aussi solide que
moi.
Cela posé, permettez-moi, en qualité de votre m aître
en l'art de déplaire, de vous donner encore quelques con-
seils pour achever votre éducation. Vous avez un Guizot,
mais cela ne suffit pas. Afin de parcourir complètement
la voie de la réaction, il vous faudrait un bon procureur
général. Vous devez en trouver facilement l'équivalent
parmi les anciens janissaires ou les vieux muets du sérail.
Cet auxiliaire vous servira k étrangler n'importe quelle
liberté, non pas entre deux portes, mais entre la compli-
cité morale et la complicité indirecte.
On me dit que vous êtes tiraillé entre plusieurs influen-
ces étrangères, que vous êtes embarrassé de savoir s'il
faut céder k la Russie ou k l'Angleterre. Pour éviter cet
embarras, faites comme moi, mon cher,—cédez k toutes
les deux à la fois.
Je termine par un dernier conseil. Le bruit court que
vous êtes dans l'i;atention de renier et d'abolir franche-
ment le hatti-sch'érif de Gulhané, c'est-k-dire la nouvelle
charte de la Tu.rquie. Oh non pas, divan I ce serait très
maladroit. Il faut, au contraire, avoir l'air d'être profon-
dément attaché k cette ch arte, tout en lui donnant en
dessous des crocs en jambie. Et même, pour mieux jeter
de la poudre aux yeux de s badauds turcs, il ne serait pas
mal, lors d'une prochainf ; solennité, de souffler au sultan
l'idée d'aflîrm er de reche f que le liatti-Shérif de Gulhané
sera une vérité,
Avec laquelJe je
LE SÏSÎÉME POtTRINAIRE.
DOULOUREUSE AGONIE DU CONSTITUTION!®,
Bulletin du 13 janvier.
extérieur. — Une cruelle et ridicule parade renouve-
lée de Richelieu a été jouée dans la matinée par les prin-
cipaux actionnaires du Constitutionnel. — Sans respect
pour sa perruque, sans pitiépour ses souffrances, ces mes-
sieurs ont arraché le malade de son lit de douleur, et
après lui avoir donné un œil de poudre et une couche de
fard, l'ont entraîné sur le balcon de la rue Montmartre.
Arrivé lk, le malheureux a voulu saluer la foule, mais
il est aussitôt tombé sans connaissance dans les bras de
ses bourreaux.—Ce spectacle, k la fois risible et poignant,
a soulevé l'unanime réprobation des derniers departe-
mens k la queue. — Il est horrible de jouer ainsi avec la
mort. Nous espérons que MM. les actionnaires se le
tiendront pour dit et laisseront mourir leur journal avec
tous les égards dus k son âge et ksa faiblesse.
Midi. — La Seine charrie toujours considérablement
de petits papiers. Dieu veuille qu'une forte gelée ne
retarde pas dans leur mission ces intéressans voya-
geurs !
intérieur. — Par suite de son imprudence, le Patriar-
che est en proie à un'délire épouvantable. —Il chante la
Marseillaise k faire pâlir M. Tissot, puis entonne le troi-
sième couplet de la Parisienne, [qu'il interrompt pour
murmurer 0 Richard, ô mon roi ! et finit enfin par de-
mander l'abbé Auzou. A cette proposition, toute la rédac-
tion voltairienne pousse les hauts cris, et M. Jay s'éloigne
en jetant au moribond l'effroyable épithèts de jésuite. —
C'est M. Tissot qui veillera cette nuit sur le malade.
Six heures. — Le bruit se répand dans Paris qu'un
sieur Coquille, Breton et bonnetier, demeurant rue du
Pas-de-la-Mule, s'obstine seul k recevoir le Constitution-
nel. — Nous envoyons sur-le-champ un dessinateur
pour offrir k nos abonnés le duplicata de ce personnage
curieux.
Minuit. — Le fait Coquille est malheureusement
réel. Voici le portrait de cet entêté fils de l'Armorique.
Dans la soirée un rassemblement s'est formé devant sa
boutique, et des pierres ont même été lancées dans ses ^ i
très. Sa famille éplorée s'est, dit-on, jetée a ses pieds en
le suppliant de se désabonner; mais, jusqu'à cette heure,
le Coquille est demeuré inflexible. — Cette déplorable
obstination pourra prolonger quelques jours encore a
terrible agonie du Constitutionnel.
Erratum. — Nous prévenons le citoyen Coquille <l«c
dans son numéro d'hier jeudi il fallait lire ainsi cette
phrase attribuée k Fénélon par M. Etienne : « Il faut bat-
tre le fer quand il est chaud » et non pas : « Il faut ba -
tre son frère quand il a chaud, » comme 1 ont impniD
les affectés compositeurs du journal mourant.
OABILLOïf.
On écrit de Savoie qu'une amnistie pleine et entière va
être accordée à tous les détenus politiques. Nous serions
trop heureux, en France, si nos gouvernans voulaien
seulement nous traiter comme des Savoyards.
— Une feuille du matin assure que le château des lu'
leries a fait tout ce qu'il a pu pour se voir invité au W
tême du prince de Galles. Le Neuf-Août oublie qn a
fêtes de famille, on n'invite que des amis.
(La suite à la 4e page.)
g.
Werk/Gegenstand/Objekt
Titel
Titel/Objekt
Ohne Titel
Weitere Titel/Paralleltitel
Serientitel
Le charivari
Sachbegriff/Objekttyp
Inschrift/Wasserzeichen
Aufbewahrung/Standort
Aufbewahrungsort/Standort (GND)
Inv. Nr./Signatur
R 1609 Folio RES
Objektbeschreibung
Maß-/Formatangaben
Auflage/Druckzustand
Werktitel/Werkverzeichnis
Herstellung/Entstehung
Entstehungsdatum
um 1842
Entstehungsdatum (normiert)
1837 - 1847
Entstehungsort (GND)
Auftrag
Publikation
Fund/Ausgrabung
Provenienz
Restaurierung
Sammlung Eingang
Ausstellung
Bearbeitung/Umgestaltung
Thema/Bildinhalt
Thema/Bildinhalt (GND)
Literaturangabe
Rechte am Objekt
Aufnahmen/Reproduktionen
Künstler/Urheber (GND)
Reproduktionstyp
Digitales Bild
Rechtsstatus
Public Domain Mark 1.0
Creditline
Le charivari, 11.1842, Janvier (No. 1-31), S. 50
Beziehungen
Erschließung
Lizenz
CC0 1.0 Public Domain Dedication
Rechteinhaber
Universitätsbibliothek Heidelberg