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ILE C9S1BIVA»!.
Nous descendîmes de voiture auprès du Louvre, que 1
nous traversâmes, et le pont des Arts fit un nouveau vide
dans mon infortuné gousset.
Je passe sous silence tous les sous que mon ami Du-
breuiî, qui a l'âme sensible, ma fit distribuer, à son in-
tention., k tous les mendians et balayeurs que nous
trouvâmes sur notre route. Le soir, quand il m'eut
quitté devant ma porte, après avoir acheté, toujours a-
vec mon argent, le Moniteur parisien, au coin de la rue
Laffitte, je passai en revue le reste de mon numéraire.
J'avais dépensé quatre pièces de cent sous pour avoir em-
pêché mon ami Dubreuil d'en entamer une de 20 francs.
Depuis ce jour, je ne porte plus que de l'or, et je m'en
trouve bien. Mettre de l'or dans sa bourse est synonyme
de mettre de l'eau dans son vin. Nous conseillons la re-
cette à tous les amis du luxe à bon marché. Ceux qui
n'ont pas d'or peuvent y suppléer avantageusement par
des boutons de cuivre. On sait que tout ce qui reluit n'est
pas or ; mais qu'importe la réalité à qui sauve les appa-
rences !
D'UN ATTESTAT- TOMBÉ DANS L'EAU,
D'AUTANT MIEUX QU'IL A BU LIEU SUR UN FONT.
Les feuilles ministérielles nous apprennent aujourd'hui
qu'il vient d'être découvert une nouvelle machine infer-
nale portative, de la nature la plus extraordinaire, la-
quelle aurait éclaté sous le pont de Joinville, et aurait
failli mettre le feu k la rivière.
Les détails donnés par les journaux officiels sont telle-
ment mystérieux que c'est à n'y rien comprendre. Voici
ce qui jusqu'à présent a été recueilli de plus positif :
Mercredi dernier, une douzaine de blanchisseuses join-
villoises étaient occupées sur le bord de la Seine k faire
leur lessive, quand elles virent s'avancer de leur côté un
monsieur fort bien mis, quoique décoré.
L'individu s'arrêta contre la première pile du pont, en
affectant de tourner le do? aux demoiselles, et resta pen-
dant quelques instans tout debout contre la maçonnerie.
toute espèce de pile; celui-ci se fit escorter par les sapeurs-
pompiers, et, aidé par les blanchisseuses, témoins de l'é-
vénement, il commençk à se livrer k des explorations. Les
investigations, dirigées avec une extrême prudence, fu-
rent couronnées d'un plein succès. Pendant deux heures
etl demie, on chercha dans toutes les directions, sans
trouver la moindre chose. Le digne commissaire allait
se retirer, quand une des blanchisseuses se mit à courir
après lui, en lui criant : « Oh ! c'te balle ! »
C'était, en effet, une balle de calibre que la jeune fille
venait de recueillir dans l'herbe.On retrouva au même en-
droit un marron d'artifice, un pétard accompagné de
plusieurs autres, un boulet de 24 et un briquet phospho-
rique,le tout quoi fut mis immédiatement sous les scellés.
Hâtons-nous d'ajouter que, par un hasard aussi heu-
reux qu'inouï, cette machine n'avait fait aucune victime
au château des Tuileries et qu'elle s'était bornée a fusil-
ler plusieurs moineaux à Joinville
Les journaux du ministère se perdent en conjectures
sur cette mystérieuse tragédie. L'assassin avait-il déposé
là son affreuse machine pour venir l'y reprendre plus
tard? — Était-ce un appareil d'essai, précurseur d'un
autre plus effroyable, destiné à opérer pour une autre oc-
casion? — Ne serait-ce pas plutôt l'invention de quelque
échappé d'un établissement voisin, très connn dans le
canton de Chârenton ? — Bref., de quelle nature d'aliénés
est-ce l'œuvre.
Quoi qu'il en soit, il faut s'empresser de dire que la sé-
curité publique n'a nullement été troublée par l'événe-
ment. Tout s'est passé k petit, bruit malgré le.tapage de
l'explosion, et cette affaire paraît être destinée a n'avoir
d'autre éclat que ceux de la bombe.
a K i
LE COUVERT DE M. SAUZET.
Les blanchisseuses ne crurent pas de leur devoir d'épier
ce qu'il pouvait faire, et elles tournèrent la tête d'un autre
côté. Peu de temps après, la personne quitta la posture
qu'elle avait prise., boutonna sa redingote, et s'éloigna
en remettant un de ses gants.
Bientôt un fumeron s'étant fait sentir dans le réchaud
des fers k repasser, on le jetaauloin, dans la direction du
pont. A peine le charbon enflammé avait-il roulé jusqu'k
la première pile qu'une explosion terrible se fit entendre.
En un instant, assure-t-on, la campagne fut couverte de
balles, de biscayens, de vieille ferraille, de sabres-baïon-
nettes et de verres cassés. La détonation fut si forte qu'on
l'entendit à un kilomètre à la ronde ; le bruit s'était en
gouffré dans le canal souterrain de Saint-Maur; ce qui, dit
Odry, avait fait naturellement bacchanale sur bas canal
Cependant les blanchisseuses s'étaient enfuies à toutes
jambes en criant à la garde, et les habitans du pays a
vaient couru avertir le commissaire de police que quel-
que chose d'infernal venait d'éclater sous une pile de
leur pont. Les magistrats du Milieu redoutent d'ordinaire
Il ne s'agit pas ici de l'argenterie de ce président cou-
leur terre de Sieune; fourchettes et cuillers n'ont ab-
solument rien k prendre dans cet article. Laissons là le
métal que le digne représentant des saucissons lyonnais
aime pourtant très fort, et que notre plume dirige les
deux becs de ses investigations vers le papier.
Car, s'il faut vous l'apprendre, ce couvert présiden-
tiel est en pâte blanche plus ou moins Weynen. Ce cou-
vert est une enveloppe.
Cette enveloppe jouit de la franchise postale.
Nous arrivons au cœur de la question. D'ailleurs,assez
et trop longtemps notre papier charivarique a souffert les
usurpations de ce papier parlementaire; il faut enfin
qu'il lève la feuille de la révolte contre l'enveloppe de
l'abus.
Il n'est si mince lettre en France qui ne paie au moins
quinze centimes de port, juste le prix d'un petit gâteau
de chez Félix. Mais, en revanche, il en est beaucoup
d'autres qui paient deux ou trois francs, plus ou moins,
selon la distance et le poids.
Tout le monde sait cela et, si nous vous le disons,
c'est afin seulement d'avoir occasion de vous rappeler
que les lettres payant soit quinze centimes, soit plus ou
moins de décimes, ne sont pas reçues dans nos bureaux
si elles ne sont affranchies.
Cependant non, tout le monde ne le sait pas, et M.
Sauzet est au nombre de ce monde-là.
Caché sous son couvert, il est k l'abri du timbre et se
rit de ses coups. Toutes les lettres qui lui arrivent pas-
sent sous le nez de M. Conte,qui ne peut y mettre sa grif-
fe, ce qui est affligeant pour un directeur nourri dans
les saines doctrines du fisc.
Oh ! vous pouvez, si bon vous semble, écrire k M. Sau-
zet de n'importe quel Perpignan ou de la première Bayon-
ne venue,, l'épître lui parviendra franche de port. Les
chevaux du courrier galopent gratis pour lui.
Un jour quelques députés se tinrent à peu près ce lan-
gage : «Ne sommes-nous pas tous un peu président, puis-
que nous nommons le président? Ne sommes-nous pas
la .chair de sa chair et le sang de son sang, des élus com-
me lui, des inviolables comme; lui pourquoi nosjépîtres
ne le seraient-elles pas comme les siennes? «
Quand on se pt rmet de faire un raisonnement, aussi
député qu'on soit, on veut se permettre d'en tirer une
conséquence. La conséquence du raisonnement constitu-
tionnel qu'on vient de lire fut qu'on passerait immédiate-
ment de la théorie à l'application. Ce n'est qu'en ces sor-
tes de matières que nos gouvernans se montrent parti-
sans de la logique.
Les premiers élus qui eurent cette idée en prévinrent
sous le sceau du cachet, leurs amis de province et leurs
parens de clocher. Puis, en députés charitables, ils en
firent part k ieurs collègues, qui s'empressèrent d'adres-
ser des circulaires k leurs ascendans, descendans et
commettans. De proche en proche l'idée gagna tous les
bancs de la chambre et tous les arrondissemens de
France, si bien que tous les élus et tous les collèges se
mirent k correspondre par l'entremise de M. Sauzet.
Quand on est député, le moins qu'on puisse avoir
c'est deux douzaines de cousins, huit ou dix oncles or-
nés de tantes, quatre ou cinq grand-pères ou grand'mè-
res, des nièces et des neveux k l'avenant. Notez bien que
je ne compte pas dans cette énumération les cousins de
madame.
Si vous ajoutez k ce nombre de consanguins les amis
les commettans et leurs alliés, l'addition nous donnera
pour total un chiffre assez imposant de correspondans..,,
Imposant oui, mais puisque le fisc est fraudé,on ne peut
pas dire imposé.
Or, pour peu que vous admettiez que ces parens et ces
mandataires écrivent deux ou trois fois par semaine à
propos de croix d'honneur, de bureaux de tabac, de di-
rections, de bourses, de chemins et de brevets, ou même
k propos de rien, vous arriverez à un terrible paquet de
lettres.
Multipliez ces lettres par quatre cent cinquante-neuf,
chiffre qui représente le nombre officiel des élus, et osez
calculer, après, ce qu'ily ad'épîtresparlementaires adres-
sées quotidiennement k M. Sauzet. C'est formidable
comme un budget.
Et notez bien en passant que c'est la crainte seule du
port k payer qui le plus souvent retient la plume prête k
noircir le papier. Supprimez la crainte, et la faconde
épistolaire, n'a plus de bornes, comme le budget, et,com-
me l'amour, ne connaît plus de distances,
Chaque jour les malles-postes arrivent toutes pleine!
de missives représentatives ; ces missives nécessitent le
travail d'un bureau tout entier. Quand elles sont classées,
on les expédie k l'hôtel de la présidence, où elles sont
dépouillées. Le trésor, hélas ! est encore plus dépouillé
qu'elles.
Alors vous croyez peut-être que ces lettres, privées de
leur paletot protecteur, sont jetées, chez l'épicier du
coin, k la petite poste? Point du tout. Ne coûteraient-el-
les pas encore trois sous k l'élu ?
Des garçons de la chambre les prennent et se mettent
à courir dàns les douze arrondissemens, chez les quatre
cent cinquante-neuf députés, qui les payent d'un merci.
Quelquefois même ils ne les remercient pas du tout. De
cette dernière catégorie on en compte à peu ] près quai"
cent treize sur quatre cent cinquante-neuf.
Et voilà comment l'égalité des charges est une vérité eu
France! Cette égalité de charges n'est qu'une véritabe
charge d'égalité.
On annonce qu'une flotte française va être
en Orient. Notre politique de ce côlé-lk avait bes0'n
se remettre k flot.
— Le cabinet français est devenu, dit-on, le P'vot ^
arrangement entre les quatre puissances. Si 1ar |
ment n'a pas de meilleur pivot, il risque fort de ne
bien tourner. >
(La suite à la 4' P<f9e,>
Werk/Gegenstand/Objekt
Titel
Titel/Objekt
D'un attentat tombé dans l'eau, d'autant mieux qu'il a eu lieu sur un pont.
Weitere Titel/Paralleltitel
Serientitel
Le charivari
Sachbegriff/Objekttyp
Inschrift/Wasserzeichen
Aufbewahrung/Standort
Aufbewahrungsort/Standort (GND)
Inv. Nr./Signatur
R 1609 Folio RES
Objektbeschreibung
Kommentar
unidentifizierte Signatur
Maß-/Formatangaben
Auflage/Druckzustand
Werktitel/Werkverzeichnis
Herstellung/Entstehung
Entstehungsdatum
um 1842
Entstehungsdatum (normiert)
1837 - 1847
Entstehungsort (GND)
Auftrag
Publikation
Fund/Ausgrabung
Provenienz
Restaurierung
Sammlung Eingang
Ausstellung
Bearbeitung/Umgestaltung
Thema/Bildinhalt
Thema/Bildinhalt (GND)
Literaturangabe
Rechte am Objekt
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Künstler/Urheber (GND)
Reproduktionstyp
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Rechtsstatus
Public Domain Mark 1.0
Creditline
Le charivari, 11.1842, Septembre (No. 244-273), S. 998
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CC0 1.0 Public Domain Dedication
Rechteinhaber
Universitätsbibliothek Heidelberg