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Moivsiei h ,
Un poète célèbre, à inoins que ce ne soit un prosateur, a émis un jour cette pensée
dont je m'abstiens aujourd'hui de louer la profondeur : tous les goûts sont dans la
nature. En ma qualité de membre de la nature, j'avais donc un goût, un peu bi-
zarre en apparence , mais très-modeste en réalité. J'aimais la vie.
Ce goût d'une simplicité tout à fait antique suffisait à mes besoins comme à mes
désirs. Épris de la vie, je devais chérir aussi tout ce qui la compose: l'amour et les
invitations à dîner, l'ambition et les plaisirs champêtres, la politique et les thés
littéraires. J'avais des amis, Monsieur, et j'adorais les femmes. Peu m'importait la
couleur de l'œil féminin qui se fixait sur moi; qu'il fut bleu de ciel ou bleu de bas,
je n'en sentais pas moins le même trouble dans mon âme. Je pardonnais au sexe ses
hémistiches et je l'aimais jusque dans ses feuilletons. J'étais né pour goûter la plus
grande somme de félicité possible sur la terre; le temps heureux de Saturne et de
Pillée dont il est si souvent question dans Virgile refleurissait dans mon âme, et l'âge
d'or habitait avec moi rue Coquenard , au troisième étage, la porte en face de l'es-
calier.
Hélas! Monsieur, Saturne et Rhée ont déménagé, le malheur est entré sous bande
dans mon domicile; mon infortune est imprimée par Fournier et illustrée parGrand-
viIle. Je suis devenu malheureux par livraisons. Il ne me reste plus qu'à faire relier
ma douleur. Il m'en coûtera dix francs pour constater que je suis devenu le plus in-
fortuné des humains; j'aurais pu dire des hommes, mais il faut que vous sachiez
que j'ai fait mes études au Prytanée impérial : voilà pourquoi vous retrouvez encore
dans mon style les belles traditions de la langue française.
J'ai entendu dire, Monsieur, que vous étiez un des plus spirituels écrivains
de la presse contemporaine, et je le crois sur l'échantillon que j'ai de votre esprit ;
mais vous me permettrez de ne vous en détester que davantage. Vous vous
appelez Qld ISick ce qui signifie Vieux Diable, si je m'en rapporte aux souve-
nirs d'un homme qui a appris l'anglais sous l'empire. J'ai assez lu Voltaire, et. je surs
trop élève du Prytanée pour ajouter foi à ce que l'on rapporte sur les métamor-
phoses de Satan ; il y a des moments cependant où je suis tenté de croire que Belzé-
buth s'est chamarré de vignettes pour pénétrer dans le foyer du seul homme peut-
être qui crût encore au bonheur.
Comme j'ai eu l'honneur de vous le dire tout à l'heure, j'ai été heureux jusqu'au
jour néfaste (de mon temps on aurait dit n 'xjro notanda htpillo), ou je me suis abon-
ne aux Petites Misères. Quel génie malfaisant (sous l'empire on .raillait les démons
mais on croyait aux génies) m'a soufflé cette idée malencontreuse? Pourquoi n'
m'en suis-je point tenu à l'unique gravure entaille-douce des frontispices de 1812?
Pourquoi ai-je voulu savoir si l'esprit d'observation avait fait des progrès depuis
le* Limites? ma curiosité m'a valu la perte de mes illusions. Si vous vous appelez
Old Nick, je me nomme Faust. Allons, Méphistophélès , avez-vous au moins queb
que nouveau livre a me donner en échange de mon âme?
Avant de recevoir votre ouvrage, dont je m'abstiens de dire du mal, car toutes
mes invectives ne serviraient qu'à vous prouver votre succès, diabolique écrivain
que vous êtes, on me citait partout pour l'égalité de mon huuieur, pour la facilité
de mon caractère, pour la gaîté de mon esprit. Les doigts roses du bonheur ne nie
montraient qu'une perpétuelle aurore dans la vie. Mes jours de garde eux-mêmes
étaient tissés d'or et de soie. Jamais de tristesse, jamais de mélancolie. Mes amis me
rendaient toujours l'argent que je leur prêtais, la lleur de mes amours ne rencontrait
jamais le pied brutal d'un mari pour l'écraser, une main invisible écartait les fâcheux
de mon chemin, le temps venait régler son sablier à ma montre. Tous les ren-
dez-vous me trouvaient exact : pendant trente ans, je puis me vanter de n'avoir
fait attendre ni un potage, ni une maîtresse. L'adversité et la pluie nie trouvaient
préparé contre leurs atteintes. Si mon banquier faisait faillite, la Providence m'en-
voyait un héritage; si l'orage me surprenait, elle faisait passer l'omnibus. Trente
ans j'ai marché droit dans la vie, et à pied dans les rues, sans avoir été éclaboussé
par le char de la fortune, ou par les roues d'une citadine. Helas! mon bonlifW
passé ressemble à l'Hirondelle qui s'éloigne avec cette enseigne fatale: Complet
Lorsque j'£
élevé dans me
et qu'en délin
sans cesse ? C
de croire. A
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de lire des hist
maladies, je si
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Rh bien ! leur a
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Mon nez, san:
assez remarqua
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Ce goût d'une simplicité tout à fait antique suffisait à mes besoins comme à mes
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littéraires. J'avais des amis, Monsieur, et j'adorais les femmes. Peu m'importait la
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grande somme de félicité possible sur la terre; le temps heureux de Saturne et de
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que j'ai fait mes études au Prytanée impérial : voilà pourquoi vous retrouvez encore
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J'ai entendu dire, Monsieur, que vous étiez un des plus spirituels écrivains
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Werk/Gegenstand/Objekt
Titel
Titel/Objekt
À l'auteur des petites misères de la vie humaine
Weitere Titel/Paralleltitel
Serientitel
Le charivari
Sachbegriff/Objekttyp
Inschrift/Wasserzeichen
Aufbewahrung/Standort
Aufbewahrungsort/Standort (GND)
Inv. Nr./Signatur
R 1609 Folio RES
Objektbeschreibung
Maß-/Formatangaben
Auflage/Druckzustand
Werktitel/Werkverzeichnis
Herstellung/Entstehung
Künstler/Urheber/Hersteller (GND)
Entstehungsdatum
um 1842
Entstehungsdatum (normiert)
1837 - 1847
Entstehungsort (GND)
Auftrag
Publikation
Fund/Ausgrabung
Provenienz
Restaurierung
Sammlung Eingang
Ausstellung
Bearbeitung/Umgestaltung
Thema/Bildinhalt
Thema/Bildinhalt (GND)
Literaturangabe
Rechte am Objekt
Aufnahmen/Reproduktionen
Künstler/Urheber (GND)
Reproduktionstyp
Digitales Bild
Rechtsstatus
Public Domain Mark 1.0
Creditline
Le charivari, 11.1842, Décembre (No. 335-365), S. 1426
Beziehungen
Erschließung
Lizenz
CC0 1.0 Public Domain Dedication
Rechteinhaber
Universitätsbibliothek Heidelberg