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Lorsque j'ai lu la première livraison des Petites Misères, un grand trouble s'est
élevé dans mon esprit. Est-il possible, me disais-je, qu'il y ait des gens malheureux,
et qu'en définitive l'existence ne soit qu'un rosaire d'infortunes que nous égrenons
sans cesse? Ce commencement de doute m'a perdu. Quand on veut savoir, on cesse
de croire. A chaque livraison j'ai senli s'enlever une feuille légère de l'ardoise fra-
gile qui recouvrait mon ancienne tranquillité. Semblable à ceux qui ont peur à force
patte de la levrette favorite, ou de briser la porcelaine d'un guéridon. 11 me semble
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de lire des histoires de brigands, ou qui tombent malades à force d'entendre parler de
maladies, je suis devenu poltron et hypocondre. Ma vie n'est plus qu'une frayeur et
une fièvre perpétuelles. Mes amis ne me reconnaissent plus, et ma montre est sans
cesse chez l'horloger. Que m'avez-vous donné en échange de ce que vous m'avez
pris ?
Je prévois votre réponse: .Te vous ai donné l'expérience, me répondrez-vous.
Gardez-la, Monsieur, je vous en supplie; je préfère mon ignorance d'autrefois.
L'expérience et les nerfs sont les présents les plus funestes que l'homme puisse
recevoir.
Car, Monsieur, si ce triomphe de votre imagination peut vous Hatter, apprenez que
vous m'avez donné des nerfs. La nature, qui avait tant fait pour moi, avait d'avance
émoussé la susceptibilité de ces organes qui transmettent nos sensations au cœur et
au cerveau. Trois élèves du Conservatoire habitaient ma maison; l'un apprenait la
flûte, l'autre le piano, le troisième pinçait de la guitare. C'étaient bien les trois plus
laborieux écoliers qui puissent se trouver sous la cape d'une maison à cinq étages.
Eh bien ! leur activité soufflante, tapante ou grattante, ne m'a jamais incommodé un
seul instant. Aujourd'hui, c'est bien une autre fibre! Le moindre bruit me vexe;
m'irrite, me tue; il me semble que mes voisins prennent l'embouchure dans mon
oreille, tapent sur mes poumons ou pincent de mes entrailles. Je ne suis plus que
nerfs, Monsieur; vous avez fait de moi une quatrième corde du violon de Paganini ;
vous m'avez rendu éolien, et je pèse près de deux cents livres!
Mon nez, sans être ce qu'on appelle monstrueux, offre pourtant un développement
assez remarquable. Je me consolais de cet inconvénient en me répétant une foule
de proverbes français et de distiques latins : peine perdue, éloquence stérile, depuis
que je connais la burlesque odyssée de ce Nez racontée par vue lionrhe. Vous
que je suis prédestiné à vider jusqu'à la lie la coupe des petites misères.
Tout le monde voudra lire votre livre, car vous y avez mis beaucoup de finesse,
beaucoup d'esprit, beaucoup de malice. Je vous déteste assez pour pouvoir vous le
dire : vous êtes un causeur aimable, un conteur hardi ; vous ferez beaucoup de vic-
times. Un poison qui ne se \ .nd que six sous la dose, et dont l'étiquette est ornée de
si charmants dessins, trouvera un grand nombre d'amateurs, d'autant plus qu'il pro-
voque la gaieté et donne des spasmes de rire. Pour moi, j'abjure mes anciennes erreurs
sur votre autel in-8°. La vie n'est décidément qu'une succession de petites misères.
Le jour de l'an s'approche : j'ai choisi cette époque, dont vous avez fait une si
poignante peinture, pour vous adresser cette lettre. J'ai voulu qu'elle vous troublât
au milieu de votre triomphe. Remarquez que j'ai poussé la politesse jusqu'à en payer
le port : le remords vous arrivera affranchi ; il n'en sera que plus terrible. Votre livre
figurera parmi les étrennes les plus fashionables de l'année. Vous allez dérider bien
des fronts soucieux, vous ferez sourire bien des bouches charmantes ; les hommes el
les femmes, l'enfance et l'âge mûr, car vous avez fait la part de tout le monde, s'amu-
seront à voir ainsi la vie découpée en vives silhouettes. Pour vous seul, pensez-vous,
le premier jour de l'année n'aura pas de tribulations. Vous changerez d'avis, car ce
jour-là vous recevrez ma lettre. Ne voyez dans son encadrement noir qu'un prélude
du faire-part de ma mort prochaine. Je meurs par crainte de la vie, et c'est vous qui
m'avez assassiné. Vous aurez la mort d'un homme à vous reprocher : c'est une petite
misère à laquelle on s'expose quand on a trop d'esprit.
En attendant le petit bonheur d'empoisonner votre joie, je vous prie de vouloir
bien agréer l'assurance des malédictions avec lesquelles j'ai le malheur d'être
m'avez fait rire, Monsieur, mais vous m'avez percé le cœur. On s'est moqué de moi
pendant trente ans; et je ne m'en étais pas aperçu.
Que de choses encore vous m'avez fait apercevoir!... Mais je ne veux pas revenir
sur toutes les illusions que votre plume impitoyable a biffées de mon imagination. Il
n'y a plus que des ratures dans mon cerveau. Je n'ose ni revenir sur le passé, ni jeter
un coup d'reil sur l'avenir. Que de maladresses j'ai du commettre! que de malheurs
s'apprêtent à fondre sur moi ! Si j'entre dans un salon, je crains de marcher sur la
Votre victime
* *
7
Elève du Prytanée impérial.
Werk/Gegenstand/Objekt
Titel
Titel/Objekt
À l'auteur des petites misères de la vie humaine
Weitere Titel/Paralleltitel
Serientitel
Le charivari
Sachbegriff/Objekttyp
Inschrift/Wasserzeichen
Aufbewahrung/Standort
Aufbewahrungsort/Standort (GND)
Inv. Nr./Signatur
R 1609 Folio RES
Objektbeschreibung
Maß-/Formatangaben
Auflage/Druckzustand
Werktitel/Werkverzeichnis
Herstellung/Entstehung
Künstler/Urheber/Hersteller (GND)
Entstehungsdatum
um 1842
Entstehungsdatum (normiert)
1837 - 1847
Entstehungsort (GND)
Auftrag
Publikation
Fund/Ausgrabung
Provenienz
Restaurierung
Sammlung Eingang
Ausstellung
Bearbeitung/Umgestaltung
Thema/Bildinhalt
Thema/Bildinhalt (GND)
Literaturangabe
Rechte am Objekt
Aufnahmen/Reproduktionen
Künstler/Urheber (GND)
Reproduktionstyp
Digitales Bild
Rechtsstatus
Public Domain Mark 1.0
Creditline
Le charivari, 11.1842, Décembre (No. 335-365), S. 1427
Beziehungen
Erschließung
Lizenz
CC0 1.0 Public Domain Dedication
Rechteinhaber
Universitätsbibliothek Heidelberg