FANTAISIES PARISIENNES
260
“l
— Tiens, voici des serviettes pour... le petit endroit.
— Mais c’est de la prodigalité !... Tes œuvres nous suffisaient !
NOUVELLES A DEUX MAINS
Toujours les échantillons de style!
Ceci est le mot de la fin d’un premier-Paris, s’il
vous plaît. C’est signé.
Il s’agit des souteneurs qui infestent les boulevards
de la capitale, et du moyen de s’en débarrasser :
« En écartant la bête, s’il n’y a pas nécessité de la J
tuer, peut-être parviendra-t-on à détruire le venin qui j
empoisonne Paris et injecte dans le sang d’une tourbe
malfaisante la névrose de l’assassinat. »
Un venin qui injecte dans le sang d’une tourbe la
névrose de l’assassinat !
Pauvre langue française, que de premiers-Paris l’on
commet en ton nom !
*
Maintenant, côté des annonces.
A la quatrième page des grands journaux, on a pu j
lire, ces jours derniers, sous ce titre à effet : « Un gros
nuage est suspendu sur votre existence », un morceau
de littérature débutant ainsi :
« Avec l’incertitude de la vie se mêle le mystère té-
nébreux de la mort ! Tandis que, d’une part, nous
écoutons le son joyeux du premier cri enfantin qui
nous annonce un nouvel être ajouté à notre espèce, de
l’autre nous frissonnons d’effroi en entendant le batte-
ment horrible des ailes de l’Ange exterminateur ! La
voix puissante de l'Influence suprême, qui gouverne
l’Univers, a décrété notre destin, l’arrêt terrible a été
prononcé, et tout homme vivant est condamné à périr 1
Puisque nous ne pouvons empêcher la mort, pouvons-
nous la retarder? »
Ainsi de suite, sur le même ton, pendant une tren-
taine de lignes au moins.
Et tout ce lyrisme abracadabrant, toute cette poésie
échevelée, toute cette philosophie transcendante pour
aboutir à quoi ?
A préconiser un remède contre la constipation !
Horrible ! Most horrible ! aurait dit Shakespeare.
* #
L’autre jour, dans un dîner, la conversation roulait
sur l’un des plus célèbres voyageurs de ce temps, un
homme étonnant pour qui les distances ne comptent
pas et qui fait le tour du monde en moins de quatre-
vingts jours, comme on fait un tour sur le boulevard,
entre cinq et six heures.
— Untel, dit noire confrère S..., je parie que, le ma-
tin, il noue sa robe de chambre avec la cordellière des
Andes, qu’il se fait servir, à déjeuner, son café sur le
plateau de l’Afghanistan et que, le soir du même jour,
il prendune glaee au Pôle Nord.
* #
Trois-Etoiles, surnommé « la suite au prochain nu-
méro », est un feuilletoniste à trois sous les deux lignes
qui fait, depuis plus de vingt ans,le même roman où il
plaide, sans se lasser, les circonstances atténuantes en
faveur des femmes adultères.
Dernièrement quelqu’un, parlant de Trois-Etoiles, le
qualifia d’homme de lettres.
Aussitôt Z..., indigné, s’écrie :
— Un homme de lettres, lui... Mais non, mon cher,
un simple doreur sur bois 1
*
# #
Dialogues du boulevard.
Guibollard à Galino.
— Enfin, ça ne fait rien, nous n’avons plus le choléra.
D’ailleurs, je crois qu’il n’a jamais été bien terrible...
— Ne dites pas cela. Au contraire, l’épidémie, pen-
dant toute sa durée, était des plus meurtrières. Sur
cinq personnes atteintes, quatre mouraient...
— Vraiment 1 Mais est-ce une personne autorisée qui
vous a fourni ce renseignement sur le fléau?...
— Je crois bien, c’est quelqu’un qui en est mort!
*
* #
Pensée d’album.
« Le pire des préjugés est celui qui consiste à croire
qu’on n’en a plus. »
HBNKI SECOND.
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— Tiens, voici des serviettes pour... le petit endroit.
— Mais c’est de la prodigalité !... Tes œuvres nous suffisaient !
NOUVELLES A DEUX MAINS
Toujours les échantillons de style!
Ceci est le mot de la fin d’un premier-Paris, s’il
vous plaît. C’est signé.
Il s’agit des souteneurs qui infestent les boulevards
de la capitale, et du moyen de s’en débarrasser :
« En écartant la bête, s’il n’y a pas nécessité de la J
tuer, peut-être parviendra-t-on à détruire le venin qui j
empoisonne Paris et injecte dans le sang d’une tourbe
malfaisante la névrose de l’assassinat. »
Un venin qui injecte dans le sang d’une tourbe la
névrose de l’assassinat !
Pauvre langue française, que de premiers-Paris l’on
commet en ton nom !
*
Maintenant, côté des annonces.
A la quatrième page des grands journaux, on a pu j
lire, ces jours derniers, sous ce titre à effet : « Un gros
nuage est suspendu sur votre existence », un morceau
de littérature débutant ainsi :
« Avec l’incertitude de la vie se mêle le mystère té-
nébreux de la mort ! Tandis que, d’une part, nous
écoutons le son joyeux du premier cri enfantin qui
nous annonce un nouvel être ajouté à notre espèce, de
l’autre nous frissonnons d’effroi en entendant le batte-
ment horrible des ailes de l’Ange exterminateur ! La
voix puissante de l'Influence suprême, qui gouverne
l’Univers, a décrété notre destin, l’arrêt terrible a été
prononcé, et tout homme vivant est condamné à périr 1
Puisque nous ne pouvons empêcher la mort, pouvons-
nous la retarder? »
Ainsi de suite, sur le même ton, pendant une tren-
taine de lignes au moins.
Et tout ce lyrisme abracadabrant, toute cette poésie
échevelée, toute cette philosophie transcendante pour
aboutir à quoi ?
A préconiser un remède contre la constipation !
Horrible ! Most horrible ! aurait dit Shakespeare.
* #
L’autre jour, dans un dîner, la conversation roulait
sur l’un des plus célèbres voyageurs de ce temps, un
homme étonnant pour qui les distances ne comptent
pas et qui fait le tour du monde en moins de quatre-
vingts jours, comme on fait un tour sur le boulevard,
entre cinq et six heures.
— Untel, dit noire confrère S..., je parie que, le ma-
tin, il noue sa robe de chambre avec la cordellière des
Andes, qu’il se fait servir, à déjeuner, son café sur le
plateau de l’Afghanistan et que, le soir du même jour,
il prendune glaee au Pôle Nord.
* #
Trois-Etoiles, surnommé « la suite au prochain nu-
méro », est un feuilletoniste à trois sous les deux lignes
qui fait, depuis plus de vingt ans,le même roman où il
plaide, sans se lasser, les circonstances atténuantes en
faveur des femmes adultères.
Dernièrement quelqu’un, parlant de Trois-Etoiles, le
qualifia d’homme de lettres.
Aussitôt Z..., indigné, s’écrie :
— Un homme de lettres, lui... Mais non, mon cher,
un simple doreur sur bois 1
*
# #
Dialogues du boulevard.
Guibollard à Galino.
— Enfin, ça ne fait rien, nous n’avons plus le choléra.
D’ailleurs, je crois qu’il n’a jamais été bien terrible...
— Ne dites pas cela. Au contraire, l’épidémie, pen-
dant toute sa durée, était des plus meurtrières. Sur
cinq personnes atteintes, quatre mouraient...
— Vraiment 1 Mais est-ce une personne autorisée qui
vous a fourni ce renseignement sur le fléau?...
— Je crois bien, c’est quelqu’un qui en est mort!
*
* #
Pensée d’album.
« Le pire des préjugés est celui qui consiste à croire
qu’on n’en a plus. »
HBNKI SECOND.
Werk/Gegenstand/Objekt
Titel
Titel/Objekt
Fantaisies Parisiennes
Weitere Titel/Paralleltitel
Serientitel
Le Charivari
Sachbegriff/Objekttyp
Inschrift/Wasserzeichen
Aufbewahrung/Standort
Aufbewahrungsort/Standort (GND)
Inv. Nr./Signatur
R 1609 Folio RES
Objektbeschreibung
Maß-/Formatangaben
Auflage/Druckzustand
Werktitel/Werkverzeichnis
Herstellung/Entstehung
Künstler/Urheber/Hersteller (GND)
Entstehungsdatum
um 1884
Entstehungsdatum (normiert)
1879 - 1889
Entstehungsort (GND)
Auftrag
Publikation
Fund/Ausgrabung
Provenienz
Restaurierung
Sammlung Eingang
Ausstellung
Bearbeitung/Umgestaltung
Thema/Bildinhalt
Thema/Bildinhalt (GND)
Literaturangabe
Rechte am Objekt
Aufnahmen/Reproduktionen
Künstler/Urheber (GND)
Reproduktionstyp
Digitales Bild
Rechtsstatus
Public Domain Mark 1.0
Creditline
Le charivari, 53.1884, Décembre, S. 1431
Beziehungen
Erschließung
Lizenz
CC0 1.0 Public Domain Dedication
Rechteinhaber
Universitätsbibliothek Heidelberg