L' art: revue hebdomadaire illustrée (13.1887 (Teil 1))

HAMLET ET DON QUICHOTTE.

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liberté ; exempt de vanité, il ne doute pourtant pas de lui-même, ni de sa mission, pas même de
ses forces physiques ; sa volonté est une volonté que rien ne peut ébranler.

tique, le serviteur d’une idée, et cette idée le

(La suite prochainement.)

Cette tension continuelle vers le meme but
donne de l'uniformité à sa pensée, rend son esprit
exclusif; son savoir est borné, mais il n’a pas besoin
de l’étendre, il sait ce qu’il lui importe de savoir,
il sait comment il doit se conduire, il sait quelle
mission il doit accomplir; que lui faut-il de plus?

l peut sembler un véritable fou, car la réalité la
plus palpable fond comme de la cire sous le feu
de son enthousiasme et s’évanouit. Les poupées de
bois sont des Maures redoutables, il les reconnaît
distinctement, comme il prend pour des chevaliers
tout armés de paisibles moutons réunis en troupeau.

A d’autres moments Don Quichotte peut pa-
raître un homme médiocre, parce qu’il est lent à la
compassion et lent à la joie.

C’est qu'il lui est difficile de passer d’un objet
à un autre ; il semble un arbre séculaire dont les
racines plongent profondément dans le sol et qui
ne peut se déplacer. Il n’est pas libre de changer
d’opinions, et la fermeté de son être moral donne
une force, une grandeur toute particulière à ses
idées, à ses paroles, à toute sa personne, en dépit
des situations grotesques et humiliantes dans les-
quelles il tombe constamment.

Don Quichotte est un enthousiaste, un fana-
couvre de son rayonnement.

Traduit par Mikhaïl Achkinasi.