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L' art: revue hebdomadaire illustrée — 13.1887 (Teil 1)

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Dargenty, G.: Ferdinand Gaillard, [1]: né à Paris le 16 janvier 1834, mort à Paris le 19 janvier 1887
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https://doi.org/10.11588/diglit.25558#0172

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FERDINAND GAILLARD

NÉ A PARIS LE l6 JANVIER I 8 3 4
MORT A PARIS LE IÇ JANVIER I 8 8 7

Si l'art du blanc et noir n’est pas d’origine française, c'est bien, à
l’heure présente, chez nous qu’il a véritablement élu domicile et fait
souche. Nous assistons depuis une vingtaine d’années à une sérieuse F
renaissance de la gravure et c’est à la France que revient l’honneur
d’avoir refait le trousseau de cette belle fille si méchamment traitée au
commencement de ce siècle. Rappelons-nous, en effet, dans quel misé-
rable état elle était au temps où Bervic tenait la corde et quelles humi-
liations elle dut subir à cette époque si rapprochée pourtant de ses
derniers triomphes.

Ils étaient disparus d’hier seulement ces petits maîtres élégants et
fleuris ; leurs planches étaient encore toutes chaudes de leur ardente
haleine, leurs fines compositions encore humides de la presse; Audran,
Eisen, Choffard, Cochin, Moreau, les Saint-Aubin, Laurent Cars, Chedel,
avaient à peine cessé de semer dans le monde leurs estampes volup-
tueuses et spirituelles, que tout leur art s’enfonçait dans la nuit. Les
types aimables, les acteurs souriants de cet âge insouciant et délicieux,
gentilshommes, grandes dames, bourgeoises, valets, grisettes, soldats,
tout était oublié et méprisé : les jolis seins bondissants, les petits pieds
cambrés, les mollets ronds apparaissant sous des jupes galamment
retroussées se voyaient subitement tenus pour choses impures, indignes
de compter dans l'art, et tout ce petit monde, enfin, léger, insouciant
et gracieux, ce monde rêvé du xvme siècle, s’envolait comme une bande
de moineaux effarés, fuyant le temps maussade et les griffes de l’épervier.

David, ce lourdaud de génie, s’était dressé tout à coup : sa tête,
spectre austère, était apparue au milieu des amours ailés, sous les idéales
frondaisons de Watteau, et cela avait suffi pour enfoncer les rires au
plus profond des gorges, éteindre tous les gazouillements et briser tous
les éventails. Le voluptueux attirail de la joie impitoyablement proscrit
par ce pion inflexible allait se réfugier longtemps dans des coins obscurs

Encadrement composé et dessiné pour «l’Art» par J. Habert-Dys.

Tome XLII

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