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L’ART.
Sur la base de chacun des pilastres se trouve la date de l’érection du monument disposée
ainsi :
L’an • 1000 • 5oo ' 23.
Un écu armorié est sculpté au milieu d’une couronne de fruits. Il porte d’azur, au chevron
d’argent, surmonté d’un lambel et accompagné, en pointe, d’une tête de cerf. Malgré toutes les
recherches qui ont été faites, on n’a pas pu savoir, jusqu’à présent, à quelle famille appartiennent
ces armoiries. Selon toute probabilité, ce sont celles du donateur.
De chaque côté de la couronne de fruits se voient les deux lettres G R, qui ont singulière-
ment exercé la sagacité de tous ceux qui se sont occupés du retable d’Hattonchâtel. Ce sont très
probablement les initiales du nom du donateur. Nous n’admettons pas, ainsi que le pense
M. l’abbé Souhaut, que ce soient les initiales de Claude, frère aîné de Ligier Richier, auquel on
devrait la partie architecturale du monument. On ne possède pas de documents authentiques qui
Le Sépulcre de Saint-Mihiel, par Ligier Richier.
permettent d’affirmer que Claude fut architecte. Dom Calmet dit, au contraire, que les trois
frères Richier étaient sculpteurs. Or, au commencement du xvie siècle, en Lorraine, les imaigiers
ne se contentaient pas de sculpter la pierre ou le bois, ils le peignaient et le doraient, comme
au Moyen-Age. Ils enrichissaient leurs compositions d’ornements qui frappaient vivement les
yeux. Mansuy Gauvain, en i5o5, avait peint et doré la statue de Notre-Dame de Bon-Secours, et
on n’est pas éloigné de lui attribuer, outre la statue équestre du duc Antoine, les arabesques de
la Porterie du palais ducal de Nancy. Sans être architecte, Ligier Richier a donc bien pu revêtir
le retable d’Hattonchâtel de légers ornements. Plus tard, il a prouvé, par la décoration du
plafond de sa maison de Saint-Mihiel et par les rinceaux qu’il a fait courir sur le sépulcre de la
Mise au tombeau, qu’il était passé maître en ce genre de travail.
Nous nous sommes longuement arrêté devant ce retable, parce qu’il contient, en germe,
toutes les qualités que Ligier Richier développera plus tard dans ses grands ouvrages. L’émotion
profonde qu’il imprime sur tous les visages, les passions diverses dont il anime les personnages
qu’il met en scène et qu’il exprime aussi par les gestes des mains et par l’attitude du corps.
L’ART.
Sur la base de chacun des pilastres se trouve la date de l’érection du monument disposée
ainsi :
L’an • 1000 • 5oo ' 23.
Un écu armorié est sculpté au milieu d’une couronne de fruits. Il porte d’azur, au chevron
d’argent, surmonté d’un lambel et accompagné, en pointe, d’une tête de cerf. Malgré toutes les
recherches qui ont été faites, on n’a pas pu savoir, jusqu’à présent, à quelle famille appartiennent
ces armoiries. Selon toute probabilité, ce sont celles du donateur.
De chaque côté de la couronne de fruits se voient les deux lettres G R, qui ont singulière-
ment exercé la sagacité de tous ceux qui se sont occupés du retable d’Hattonchâtel. Ce sont très
probablement les initiales du nom du donateur. Nous n’admettons pas, ainsi que le pense
M. l’abbé Souhaut, que ce soient les initiales de Claude, frère aîné de Ligier Richier, auquel on
devrait la partie architecturale du monument. On ne possède pas de documents authentiques qui
Le Sépulcre de Saint-Mihiel, par Ligier Richier.
permettent d’affirmer que Claude fut architecte. Dom Calmet dit, au contraire, que les trois
frères Richier étaient sculpteurs. Or, au commencement du xvie siècle, en Lorraine, les imaigiers
ne se contentaient pas de sculpter la pierre ou le bois, ils le peignaient et le doraient, comme
au Moyen-Age. Ils enrichissaient leurs compositions d’ornements qui frappaient vivement les
yeux. Mansuy Gauvain, en i5o5, avait peint et doré la statue de Notre-Dame de Bon-Secours, et
on n’est pas éloigné de lui attribuer, outre la statue équestre du duc Antoine, les arabesques de
la Porterie du palais ducal de Nancy. Sans être architecte, Ligier Richier a donc bien pu revêtir
le retable d’Hattonchâtel de légers ornements. Plus tard, il a prouvé, par la décoration du
plafond de sa maison de Saint-Mihiel et par les rinceaux qu’il a fait courir sur le sépulcre de la
Mise au tombeau, qu’il était passé maître en ce genre de travail.
Nous nous sommes longuement arrêté devant ce retable, parce qu’il contient, en germe,
toutes les qualités que Ligier Richier développera plus tard dans ses grands ouvrages. L’émotion
profonde qu’il imprime sur tous les visages, les passions diverses dont il anime les personnages
qu’il met en scène et qu’il exprime aussi par les gestes des mains et par l’attitude du corps.