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L' art: revue hebdomadaire illustrée — 13.1887 (Teil 1)

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Willems, J. B.: Courrier de Turin (correspondance particulière de "L'art")
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https://doi.org/10.11588/diglit.25558#0059

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Turin, 29 décembre 1886.

La capitale du Piémont est, de toutes les villes impor-
tantes du royaume d’Italie, celle où les touristes séjournent
le moins longtemps, alors qu’ils ne la brûlent pas en se
rendant droit à Gênes, voire à Florence, à Milan ou à
Rome.

Rien cependant de plus injuste. Celui qui a l’esprit de
s’arrêter quelque temps dans cette ville ne tarde pas à
reconnaître que Turin est infiniment
plus digne de sérieuse attention que
ne le fait supposer la réputation
médiocrement attractive qu’elle doit
aux « Guides du voyageur », édités
en tous pays, et à la légèreté des
touristes qui se contentent tout au
plus d’y toucher barre.

La Pinacothèque contient maints
précieux chefs-d’œuvre ; Y Armer ia
Reale est, en son genre, une des mer-
veilles de l’Italie; le Musée national
d’artillerie, quoique bien pauvre-
ment installé encore, est loin de
manquer d’intérêt; le Médaillier, la
Bibliothèque, le Cabinet des estam-
pes, le Musée égyptien sont absolu-
ment dignes d’une capitale; la syna-
gogue géante, que l’on transforme
en un Panthéon des gloires natio-
nales, le Museo Civico, une foule
d'édifices publics et privés, d’un beau
caractère; tout un peuple de statues,
le bourg féodal et le donjon seigneu-
rial, reconstitutions pleines de science
et dégoût, voilà plus qu’il n’en faut pour justifier l’éner-
gique protestation que l’esprit d'équité commande contre
le plus inexplicable des délaissements.

Je reviendrai quelque jour sur chacun des côtés très
attractifs de Turin, dont l’Art au moins n’a jamais laissé
échapper l’occasion de célébrer les rares mérites. Je ne
veux aujourd’hui attirer l’attention de vos lecteurs que sur
le Campo Santo, qui constitue une très remarquable intro-
duction aux nécropoles bien supérieures, sous tous rap-
ports, en Italie, aux champs du repos qui manquent de

Angelo Cuglierero,

Sculpteur turinois. — Dessin de Charles E. Wilson.

tenue dans tant d’autres pays ou qui n’y revêtent qu’un
aspect ou banal ou confus.

Le Campo Santo Generale de Turin, que je viens de
visiter en détail, est de proportions considérables et symé-
triques ; sa belle ordonnance a quelque chose de recueilli ;
on ne saurait s’éloigner sans emporter une impression
grave et élevée.

J’avais acquis, avant de me rendre à cet immense cime-
tière, l’élégant petit volume illustré que lui a consacré
M. Luigi Arcozzi-Masino ; plusieurs
photographies accompagnent leNe-
cropoli Torinesi{; elles m’avaient
rendu singulièrement inquiet en ce
qui concerne les monuments funé-
raires qui s’annonçaient très nom-
breux.

Heureusement, je ne tardai pas,
en présence des originaux, à recon-
naître qu’il y avait largement lieu
d’appliquer le Traduttore tradi-
tore.

La position des sculpteurs italiens
est, en général, bien meilleure que
le sort fait aux sculpteurs français,
quoique ceux-ci constituent actuelle-
ment la première école de sculpture
du monde. Les commandes de mo-
numents funéraires, qui abondent
constamment de ce côté-ci des Alpes,
entrent pour une part très impor-
tante dans cette enviable différence
de situation. Je sais bien qu’on peut
reprocher aux sculptures funéraires
de maints artistes italiens de n’être
pas précisément des œuvres d’art, mais je vous garantis
qu’à Turin particulièrement les sépultures vraiment
artistiques sont loin d’être clairsemées ; elles ont pour
auteurs les Vêla, les Tabacchi, les Monteverde, les
Della-Vedova, les Marchesi, les Ambrosio, les Belli, les
Albertoni, les Dini, les Cuglierero, pour ne citer que les
principaux. Ce dernier m'a le plus longuement arrêté;

1. Guida Storica e Descrittiva di Luigi Arcozzi-Masino. In-18
de 135 pages, avec plan. Torino, Stabilimento Artistico-Lettcrario,

Via Parini, 5.
 
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