LA SCULPTURE AU MUSEE CORRER.
IOI
chapeau à cornes. L’artiste padouan a pourtant commis une hérésie du même genre, et nous
n’en sommes point choqués; c’est affaire de convention.
Il faudrait presque tout signaler dans cette salle des bronzes du Musée Correr, depuis le
pupitre en forme d'aigle à deux tètes, qui se trouve au milieu de la salle, qui n'est, point une
dépouille de Constantinople, comme le dit le Catalogue, mais une magnifique pièce de dinanderie
du xive siècle, jusqu'au buste de
Paolo Erizzo, par Tiziano Aspetti ;
nous devons nous borner à énumérer
les pièces principales et indiquer
.surtout une très intéressante collec-
tion de plaquettes, dont beaucoup
sont de Venise ou de Padoue, et
dont quelques-unes sont des épreuves
uniques : telle est la belle plaquette
représentant Ganymède faisant boire
l’aigle de Jupiter, dont nous don-
nons ici la reproduction. Il y aussi
dans une vitrine, classée parmi les
antiques, une très jolie statuette de
femme faisant le signe du silence,
imitation libre d'une statuette grec-
que dont le Louvre possède une
répétition et dont M. L. Courajod a
signalé plusieurs exemplaires. Tout
près de cette figurine se trouve un
buste de femme, en bronze, tout à
fait de même style ; mais celui-là
est bien antique et présente, pour
l’attitude et les draperies, une grande
ressemblance avec le bronze du
Cabinet de France, connu sous le
nom d'Angérone. Avant de clore le
chapitre des imitations de l’antique
faites à la Renaissance, signalons
encore une Vénus, debout et tor-
dant ses cheveux, dont une réplique
se trouve à l’Académie des Beaux-
Arts de Venise ; et enfin une gra-
cieuse figure de femme, assise, peut-
être une Clio, bronze padouan du
commencement du xvie siècle, du
plus beau caractère ; elle est attri-
buée à Alessandro Leopardi ; sans
nous inscrire en faux contre une
semblable attribution, nous penche-
rions plutôt vers Padoue, et, s’il fallait nommer un artiste, nous penserions à l’auteur du candé-
labre du Santo, à ce Riccio dont nous parlions tout à l'heure.
A l’art vénitien et au xve siècle appartiennent deux très intéressantes têtes de saints, en bronze,
destinées à être rapportées sur des bustes de bois ou de marbre. Ces masques nous montient
une application curieuse de l’art du fondeur qui ne fut jamais poussé plus loin qu a Venise et a
Padoue. Les vitrines sont remplies de la menue monnaie de cet art, de ces mille statuettes d un
La Sibylle Libyque.
Bas-relief en bronze d’Alessandro Vittoria,
provenant de la chapelle du Rosaire, à San Giovanni e Paolo.
(Musée Correr.) — Dessin de Charles E. Wilson.
IOI
chapeau à cornes. L’artiste padouan a pourtant commis une hérésie du même genre, et nous
n’en sommes point choqués; c’est affaire de convention.
Il faudrait presque tout signaler dans cette salle des bronzes du Musée Correr, depuis le
pupitre en forme d'aigle à deux tètes, qui se trouve au milieu de la salle, qui n'est, point une
dépouille de Constantinople, comme le dit le Catalogue, mais une magnifique pièce de dinanderie
du xive siècle, jusqu'au buste de
Paolo Erizzo, par Tiziano Aspetti ;
nous devons nous borner à énumérer
les pièces principales et indiquer
.surtout une très intéressante collec-
tion de plaquettes, dont beaucoup
sont de Venise ou de Padoue, et
dont quelques-unes sont des épreuves
uniques : telle est la belle plaquette
représentant Ganymède faisant boire
l’aigle de Jupiter, dont nous don-
nons ici la reproduction. Il y aussi
dans une vitrine, classée parmi les
antiques, une très jolie statuette de
femme faisant le signe du silence,
imitation libre d'une statuette grec-
que dont le Louvre possède une
répétition et dont M. L. Courajod a
signalé plusieurs exemplaires. Tout
près de cette figurine se trouve un
buste de femme, en bronze, tout à
fait de même style ; mais celui-là
est bien antique et présente, pour
l’attitude et les draperies, une grande
ressemblance avec le bronze du
Cabinet de France, connu sous le
nom d'Angérone. Avant de clore le
chapitre des imitations de l’antique
faites à la Renaissance, signalons
encore une Vénus, debout et tor-
dant ses cheveux, dont une réplique
se trouve à l’Académie des Beaux-
Arts de Venise ; et enfin une gra-
cieuse figure de femme, assise, peut-
être une Clio, bronze padouan du
commencement du xvie siècle, du
plus beau caractère ; elle est attri-
buée à Alessandro Leopardi ; sans
nous inscrire en faux contre une
semblable attribution, nous penche-
rions plutôt vers Padoue, et, s’il fallait nommer un artiste, nous penserions à l’auteur du candé-
labre du Santo, à ce Riccio dont nous parlions tout à l'heure.
A l’art vénitien et au xve siècle appartiennent deux très intéressantes têtes de saints, en bronze,
destinées à être rapportées sur des bustes de bois ou de marbre. Ces masques nous montient
une application curieuse de l’art du fondeur qui ne fut jamais poussé plus loin qu a Venise et a
Padoue. Les vitrines sont remplies de la menue monnaie de cet art, de ces mille statuettes d un
La Sibylle Libyque.
Bas-relief en bronze d’Alessandro Vittoria,
provenant de la chapelle du Rosaire, à San Giovanni e Paolo.
(Musée Correr.) — Dessin de Charles E. Wilson.