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L' art: revue hebdomadaire illustrée — 13.1887 (Teil 1)

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Bonnaffé, Edmond: L' art du bois: les écoles françaises au XVIe siècle, [2]; Auvergne
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https://doi.org/10.11588/diglit.25558#0145

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Ï24

L’ART.

volontiers à leur personne. 11 en fit son lecteur et l’emmena clans son diocèse à Rodez (i53o).
Philandrier, antiquitatis et architecturee peritissimus ', prit une part active aux embellissements
de la ville et se mit à la tête de la révolution dans les arts qui s’effectuait alors dans le Midi
comme dans le reste de la France. 11 suivit le cardinal en Italie (1544), se passionna pour les
monuments de l’ancienne Rome et publia des Annotations sur Vitruve~, qui furent longtemps
célèbres. De retour à Rodez, Philandrier ne cessa de s’occuper du développement des arts dans
sa province et, jusqu’à sa mort, exerça une influence considérable sur l’école. Guillaume Lyssorgues,
architecte du château de Bournazel, et Jehan Salvanh, architecte de la cathédrale de Rodez,
furent, dit-on, ses élèves3.

De cet alliage de styles et d’influences, se dégage une école puissante, énergique, abondante ;
burgundo-lyonnaise aux abords du Rhône, hispano-bourguignonne de Toulouse aux Pyrénées, mais
surtout méridionale, remuante, expressive, en dehors, avec l’exubérance et l’accent du terroir.

Nicolas Bachelier est la grande figure de l’école toulousaine, figure bien incertaine encore,
qu’il faut prudemment entourer de points d’interrogation. Était-il fils d’un Italien et Italien lui-
même, comme quelques-uns l’ont assuré, ou Toulousain comme l’affirme Hilaire Pader4, qui
appelle les frères Bachelier « mes patriotes » ? Est-il allé en Italie ? On prétend qu’il a passé par
l’atelier de Michel-Ange et qu’il fut un de ses meilleurs élèves ; mais nous savons ce que vaut
cette légende qui a fait le tour de l’Europe, constituant Michel-Ange le professeur collectif de
tous les grands génies de la Renaissance. Comme architecte, on attribue à Bachelier les meilleurs
ouvrages de la province sans distinction, depuis le château de Montai jusqu’à l’hôtel d’Assezat.
Comme sculpteur en bois, il aurait exécuté les stalles de Saint-Bertrand de Comminges, les
grandes figures des stalles d’Auch, les boiseries de l’hôtel d’Assezat, des portes et des décorations
d’églises, les plus beaux meubles de la collection Soulages, etc. Mais quelles sont ses oeuvres
certaines et comment reconnaître sa manière et son style? Un des érudits les plus autorisés de
la province, M. Rochsach, archiviste de Toulouse et conservateur du Musée, qui a fait une
étude spéciale des Bachelier, nous écrit que, malgré toutes ses recherches, « rien jusqu’à nouvel
ordre n’indique le lieu d’origine de Nicolas Bachelier, son éducation artistique, le caractère de
son style personnel ». Quant aux ouvrages qu’on lui attribue, « il y a là un petit procès histo-
rique très difficile à juger et pour lequel les éléments essentiels font encore défaut ». Le plus
sage est donc de faire ses réserves et d’attendre une enquête nouvelle avant d’accepter une
tradition qui ne repose sur aucune preuve.

Nous avons donné quelques noms de fustiers, travaillant à Montpellier au xvie siècle ; à
Rodez on trouve, en i5o5, Jean Gâche, Dourdé, Garrigue, Johan Malhac ; à Auch, Alem,
Arstébé, Bidau, Baric (i5o8-i5io), Pey Troyat, Jehan de Bordas et Montaut ( 1536), Bernard
Pomès et Johan de Poy (1574)5. En 1551, Guillaume Raynal et maître Bernard Galhar dit
Rodelle, tous les deux menuisiers, travaillent au château de Gages, sous les ordres de Jean
Salvanh, chargé par le cardinal d’Armagnac de restaurer cette belle résidence. En ia8o, Michaud
Robert, menuisier, fait un retable pour le maître-autel de l’église d’Espalion6.

Les -archives des Basses-Pyrénées mentionnent, sous la date de 1584, divers paiements
effectués à Jérôme de Vize, architecte du roi de Navarre, pour des meubles destinés au château
de Pau. Tous ces meubles ont disparu ; ceux que 1 on conserve encore au château sont composés,
remaniés, ou de provenance étrangère, comme le prétendu lit de Jeanne d’Albret qui paraît un
ouvrage flamand du xvie siècle. Remarquons à ce propos que le pays basque et la Navarre
faisaient venir de Flandre par voie de mer une partie de leurs meubles. On rencontre fréquemment,
dans les inventaires du temps, la mention suivante ou des mentions analogues : « une grosse
huche vieille de Flandre rompude ; un coffre redon (rond) de Flandre », etc. (Inventaires
de i5211.)

Edmond Bonnaffé.

1. Voir son épitaphe dans Gôlnitz, p. 359- — 2. Dédiées à François I'1'. — 3. Bion de Marlavagne, Histoire de la cathédrale de Rode7.
— 4. Songe énigmatique. ■— 5. Les Arts et les Artistes en Gascogne, P. Lafforgue, 1868. •— 6. Bion de Marlavagne. — 7. Vie privée bayonnaise
au commencement du XVI° siècle, par E. Ducéré. 1885.
 
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