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Bonnaffé, Edmond: L' imagerie en bois
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L’ART.
étrangères. Le moindre de mes bustes se paye 25.ooo francs et vous me demander de tailler vos
bonshommes de bois ! Autant vouloir que je sculpte du chocolat et du pain d’épice. Le grand
art, les grandes figures, les statues officielles, les monuments héroïques, voilà mon affaire avec
les seules matières dignes d’un artiste, le bronze de Lysippe et de Ghiberti, le marbre qui
tremble devant moi comme devant le Puget, le marbre de Phidias et de Praxitèle. »
Les bonnes gens du Moyen-Age ne faisaient pas tant de façons. De leur temps, le mot
artiste n’était pas encore inventé, l'art et l’industrie ne faisaient qu’un ; on était ouvrier, on avait
plus ou moins de talent, pas davantage, comme le Bon Dieu, l’ouvrier par excellence. On ne
logeait pas dans les nuages; on n’avait ni hôtel, ni Salon annuel, mais une simple boutique sur
la rue comme Cellini à Florence, ou un atelier en plein vent comme Palissy aux Tuileries.
L’imagier savait à merveille tailler le marbre ou la pierre, au besoin il en tirait des figures
exquises; mais, tout le monde n’étant pas assez riche pour acheter des statues, il estimait qu'il
ne faut pas faire le dédaigneux et se cantonner dans la clientèle des grands seigneurs ; il travail-
lait aussi pour le bourgeois, pour la petite bourse. Ce procédé avait le double avantage, d'une
part, de lui assurer un débouché nouveau et permanent, de l’autre, de faire pénétrer l’art dans
le public et d’en maintenir le goût pour le plus grand bénéfice de tout le monde.
Tout cela est bien terre à terre et n'a rien d’olympien, je l’avoue; mais le vieux régime
avait du bon, l’artiste n’y perdait rien, sa dignité était sauve et, sans déroger, il faisait de grands
chefs-d’œuvre avec le marbre et de petits chefs-d’œuvre avec le bois.
Edmond Bonnaffé.
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L’ART.
étrangères. Le moindre de mes bustes se paye 25.ooo francs et vous me demander de tailler vos
bonshommes de bois ! Autant vouloir que je sculpte du chocolat et du pain d’épice. Le grand
art, les grandes figures, les statues officielles, les monuments héroïques, voilà mon affaire avec
les seules matières dignes d’un artiste, le bronze de Lysippe et de Ghiberti, le marbre qui
tremble devant moi comme devant le Puget, le marbre de Phidias et de Praxitèle. »
Les bonnes gens du Moyen-Age ne faisaient pas tant de façons. De leur temps, le mot
artiste n’était pas encore inventé, l'art et l’industrie ne faisaient qu’un ; on était ouvrier, on avait
plus ou moins de talent, pas davantage, comme le Bon Dieu, l’ouvrier par excellence. On ne
logeait pas dans les nuages; on n’avait ni hôtel, ni Salon annuel, mais une simple boutique sur
la rue comme Cellini à Florence, ou un atelier en plein vent comme Palissy aux Tuileries.
L’imagier savait à merveille tailler le marbre ou la pierre, au besoin il en tirait des figures
exquises; mais, tout le monde n’étant pas assez riche pour acheter des statues, il estimait qu'il
ne faut pas faire le dédaigneux et se cantonner dans la clientèle des grands seigneurs ; il travail-
lait aussi pour le bourgeois, pour la petite bourse. Ce procédé avait le double avantage, d'une
part, de lui assurer un débouché nouveau et permanent, de l’autre, de faire pénétrer l’art dans
le public et d’en maintenir le goût pour le plus grand bénéfice de tout le monde.
Tout cela est bien terre à terre et n'a rien d’olympien, je l’avoue; mais le vieux régime
avait du bon, l’artiste n’y perdait rien, sa dignité était sauve et, sans déroger, il faisait de grands
chefs-d’œuvre avec le marbre et de petits chefs-d’œuvre avec le bois.
Edmond Bonnaffé.
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