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L' art: revue hebdomadaire illustrée — 13.1887 (Teil 1)

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Leroi, Paul: Salon de 1887, [4]
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https://doi.org/10.11588/diglit.25558#0268

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236

L’ART.

si grave qu'il soit, nous fasse désespérer de son avenir. 1888 nous le montrera, je l'espère,
digne de 1881 et de 1886, et nous consolera de son Salon de 1887.

XV

A en juger par la Vierge aux bluets*, de M. Mazerolle, massacreur décoratif selon le cœur
de l’Administration qui le fait opérer principalement aux Gobelins, l’art religieux est bel et bien
mort en France; ce n’est certes pas l’erreur ultra-fantaisiste de M. Deschamps— Le Sommeil de
Jésus2 — qui ressuscitera un genre depuis longtemps agonisant.

La peinture religieuse n’est représentée que par un étranger, M. Frédéric de Uhde, dont Paris
a maintes fois applaudi le talent. Ce n'est pas que la Sainte Cène3 du peintre saxon soit son
meilleur tableau. L’originalité y est moindre, la préoccupation rembranesque par trop évidente ;

mais une conviction des plus vives se lit
sur les traits des humbles disciples ; c’est
assez pour que cette toile sorte de pair.
Seul le Christ laisse fort à désirer; on
dirait un premier ténor d’opéra-comique
soupirant l’emploi.

La peinture historique apparaîtrait
aussi malade que la peinture religieuse si
M. Tattegrain n’avait exposé ; non cepen-
dant que les Casselois, dans les marais de
Saint-Omer, se rendant à merci au duc
Philippe le Bon, le 4 janvier 1430,
méritent tous les éloges que leur décernent
bon nombre de mes meilleurs amis.

Je ne discute ni l’énorme labeur, ni les
consciencieuses recherches, ni les sérieuses
poursuites artistiques. Que le vent déchaîné
souffle bien à travers cette vaste composi-
tion, d’accord ; que la pluie fasse rage sur
la gauche, c’est parfait. Ce sont là portions
de la scène bien réussies ; mais l’aspect
d’ensemble, qualité primordiale de tout

Le Sommeil de Jésus.

Dessin de Louis Deschamps, d’après son tableau du Salon de 1887. tablCclU, ne répond pa.S 3.11 noble effort de

l’artiste. Ce défaut capital provient de
l’infraction à une loi indispensable à respecter sous peine de détruire l’effet. Un exemple, que
chacun peut constamment vérifier, aidera à me mieux comprendre. Regardez autour de vous,
quelque temps qu’il fasse ; vous apercevrez toujours les cheminées des habitations s’enlevant en
vigueur sur le ciel. C’est ce que devraient faire les figures de M. Tattegrain, c est ce dont
malheureusement elles s’abstiennent, et dans la partie de droite, plus encore qu’ailleurs, bien
qu’on y distingue dans le ciel une vaste éclaircie. Il faut savoir gré à 1 artiste d’avoir tenté
une aussi considérable entreprise ; son œuvre abonde en intelligentes intentions, mais elles ne
réparent point la faute capitale d’ensemble ; elles n'empêchent pas l’existence de la rondeur, de
l’uniformité de l’exécution ; tous les noirs sont égaux, tous les rouges de même valeur ; hommes
et chevaux sont d’une même facture. L’accent manque. Le peintre, heureusement, paraît être de
taille à s’acharner courageusement à triompher de ses erreurs; son avenir inspire confiance.

Paul Leroi.




(La suite prochainement.)
i. N° 1644. — 2. N° 750. — 3. N° 2337.
 
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