L’ART SUISSE CONTEMPORAIN
et le tour de main de l’ancien imagier ob-
servateur, sentimental et realiste.
La peinture jusqu’au dernier quart du
XIXe siede , procede de cette image du
XVIIIe, laquelle engendre le sujet de genre.
Toutefois, de meme que les gräces menues,
manierees de l’estampe francaise de la Re-
en toutes choses « ä decrire les mecanismes
organiques, physiques, psychologiques dans
un parfait detail» (Sainte-Beuve). Aussi bien,
le realisme de Liotard , le naturisme distin-
gue d’Agasse ou quasi scientifique de Huber,
le don d’observation, le genie humoristique
meme d’Adam Töpfer sont d’une nature
A. WELTI
La legende de Nessus (Photographie Boissonnas)
gence ne seduisent guere nos peintres, l’esprit
allemand methodique, analytique ne reussit
pas davantage a les impregner. Anker ä Paris,
Benjamin Vautier ä Düsseldorf, restent fon-
cierement suisses, celui-lä, fruste artisan,
savant ceramiste et bon ouvrier peinire;
quant ä Benjamin Vautier, les goüts arrie-
res, les pires exigences du milieu detestable
oü il vecut , ont retarde et immobilise son
talent, mais n’ont jamais eu raison des riches
facultes dont on ne saurait contester l’origine.
L’ecole genevoise tout aussi voyageuse,
se departit moins encore-de l’empreinte na-
tale ; on retrouve invariablement « ce calcu-
lateur, cet artiste qui vous travaille la petite
momie» (Michelet), qui excelle, enartcomme
speciale qu’on assimilerait difficilement aux
genres irangais, anglais ou flamands des
epoques correspondantes.
II est ä r'emarquer comment au cours
de ce dernier siede, nos artistes, somme
tonte, echappent tant ä la brusque renova-
tion romantique qu’au naturalisme propre-
ment dit qui reagit et lui succede. Assez
d’imagination, d’une part, et teile habitude
d’observation, d’autre part, leur devaient
suffire, sans doute, pour concilier ä leur
maniere ces deux tendances de Revolution
artistique.
Enfin , ä mesure que les pensees s’ele-
vent , que plus de reflexion et de culture
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15
et le tour de main de l’ancien imagier ob-
servateur, sentimental et realiste.
La peinture jusqu’au dernier quart du
XIXe siede , procede de cette image du
XVIIIe, laquelle engendre le sujet de genre.
Toutefois, de meme que les gräces menues,
manierees de l’estampe francaise de la Re-
en toutes choses « ä decrire les mecanismes
organiques, physiques, psychologiques dans
un parfait detail» (Sainte-Beuve). Aussi bien,
le realisme de Liotard , le naturisme distin-
gue d’Agasse ou quasi scientifique de Huber,
le don d’observation, le genie humoristique
meme d’Adam Töpfer sont d’une nature
A. WELTI
La legende de Nessus (Photographie Boissonnas)
gence ne seduisent guere nos peintres, l’esprit
allemand methodique, analytique ne reussit
pas davantage a les impregner. Anker ä Paris,
Benjamin Vautier ä Düsseldorf, restent fon-
cierement suisses, celui-lä, fruste artisan,
savant ceramiste et bon ouvrier peinire;
quant ä Benjamin Vautier, les goüts arrie-
res, les pires exigences du milieu detestable
oü il vecut , ont retarde et immobilise son
talent, mais n’ont jamais eu raison des riches
facultes dont on ne saurait contester l’origine.
L’ecole genevoise tout aussi voyageuse,
se departit moins encore-de l’empreinte na-
tale ; on retrouve invariablement « ce calcu-
lateur, cet artiste qui vous travaille la petite
momie» (Michelet), qui excelle, enartcomme
speciale qu’on assimilerait difficilement aux
genres irangais, anglais ou flamands des
epoques correspondantes.
II est ä r'emarquer comment au cours
de ce dernier siede, nos artistes, somme
tonte, echappent tant ä la brusque renova-
tion romantique qu’au naturalisme propre-
ment dit qui reagit et lui succede. Assez
d’imagination, d’une part, et teile habitude
d’observation, d’autre part, leur devaient
suffire, sans doute, pour concilier ä leur
maniere ces deux tendances de Revolution
artistique.
Enfin , ä mesure que les pensees s’ele-
vent , que plus de reflexion et de culture
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