L' art décoratif: revue de lárt ancien et de la vie artistique moderne (8,1.1906)

L’ART DECORATIF


Mlla CABARRUS

avec leurs missels, concurent l’habillage en
velours, oü ils firent broder leurs armes.
Ces ornements divers devinrent des
scenes entieres avec personnages, devises et
ecussons. De nos jours l’essayiste moderne
va jusqu’au paysage, au tableau complet.
Est-ce bien le röle de ce vetement du livre,
uniquement fait ä l’origine pour le pro-
teger ? Je ne le pense pas absolument, et
laisserais voloniiers l’illustrateur ä sa galerie
interieure. La reliure d’une oeuvre litteraire
doit se resumer un peu comme le costume
d’une jolie femme : une Synthese, avec de
faux-nerfs et des tranchefiles, qui ne nuise
en rien ä son esprit propre. Mais las 1 que
sont devenues les creations des Dusseuil,
des Pasdeloup et des Lemonnier. Des as-
semblages polychromes sans unite, oü on
chercherait vainement cette union des lignes
et des couleurs, cet ensemble parfait qui
constitue l’exact dosage de l’ceil et de la
main.

Le Comite des Dames, de 1’Union Cen-
trale des.Arts Decoratifs, a expose le mois
dernier, au Pavillon de Marsan, quelques

reliures issues de ses travaux. Elles appel-
lent certaines remarques. II n’y a pas ä
douter du goüt de ces dames, pas plus
d’ailleurs que de leur Science, leur esprit
general le prouve surabondamment, leur
effort genereux est initiateur de talents;
plus d’une eleve leur devra ses lauriers.
Rendons tout d’abord gräce ä cette nou-
velle initiative, qui sera peut-etre, c’est ä
souhaiter, suivie d’un concours entre les
Ecoies, d’Art.
Celle de la rue Boissy-d’Anglas figu-
rait lä avec divers essais consecutifs aux
annees d’etudes successives. Dans la pre-
miere, des papiers marbres, jaspes ou tigres,
des recherches de teintes, des associations
et des oppositions, une annonce fructueuse.
Dans les suivantes venaient des ciselures
sobres et bien conduites, ton sur ton, pi-
quetees ou rehaussees de legeres notes d’or,
ou noir sur vert, tachetees d’orfroi. Les
decors de fleurs jaunes en grappes, ou de
style arabe, etaient ä distinguer. Et j’en ai
augure que les produits de ces jeunes ima-
ginations, guidees par la clairvoyance des
maitresses, conduites selon des principes
reflechis, froidement appliques, avaient plus


Mlle CABARRUS