EXPOSITION DE RELIURES
de chances de mieux que ceux issus de ten-
tatives individuelles bornees par la seule
fantaisie.
Mme Rollince pense que la reliure doit
etre brillante, agreable au toucher, cha-
toyante ä l’oeil, assez solide pour que le
livre demeure l’ami du chevet comme le
bibelot de vitrine. Son idee s’est concentree
sur les laques d’or de Linde et les decora-
tions arabes si riches de tons, avec l’espoir
de trouver une matiere, une peau permet-
tant de les fixer. En 1898 eile commence
ses essais de velin traite ä chaud et les
poursuit pendant deux ans. En 1900 une
premiere apparition ä l’Exposition univer-
selle avec 11 n missel est applaudie. Le
velin est une matiere ingrate, capricieuse,
retractile pendant le travail. Mais, une fois
fixe, il offre des garanties de solidite, malgre
son apparente delicatesse et le brillant de
son coloris. Le dernier mot, du reste, n’est
pas prononce. Le velin decore, emaille pour
ainsi dire par l’action de la chaleur, pour-
rait offrir encore plus de finesse, plus de
M11« COMBETTE
M“« rene SERGENT
souplesse dans la coulee des teintes, peut-
etre merne plus d’eclat encore.
Les travaux de Mme Rollince sont longs
et demeurent rares et precieux, limites ä
quelques volumes par an, dont le prix peut
atteindre de six ä huit cents francs. Nous
avons transcrit ses theories. Et il faut cons-
tater que ce genre est bien personnel. Ce
n’est pas la facture commerciale des velins
anglais. La manipulation marche de pair
avec la composition pour lui faire rendre
tout son effet, il y a Union complete entre
la pensee et la main pour l’application des
metaux, or, argent travailles, et l’organisa-
tion du coloris. Certains de ces volumes
datent de cinq ä six ans, et rien n’y est
affaibli malgre de lointains voyages. J’avoue
toutefois, que la Science mise ä part, j’es-
time ce decor un, peu complique, luxueux ä
l’exces, et, pourquoi ne le dirai-je pas, peu
francais. C’est russe, orthodoxe, byzantin,
enluminure de missel precieux avec rehauts
de gouache, travail de patience au petit
point, les feuilles de garde sont ä l’avenant,
avec une profusion de formes et de mou-
chetures, sur fonds argentes ou dores, teile
qu’on croirait de la passementerie. Il y a
meme une icone encadree de vieil argent
repousse au clou, barbarement guilloche,
mele d’agathes et de cornalines.
Mme Gaston Lecreux exposait deux se-
19b
de chances de mieux que ceux issus de ten-
tatives individuelles bornees par la seule
fantaisie.
Mme Rollince pense que la reliure doit
etre brillante, agreable au toucher, cha-
toyante ä l’oeil, assez solide pour que le
livre demeure l’ami du chevet comme le
bibelot de vitrine. Son idee s’est concentree
sur les laques d’or de Linde et les decora-
tions arabes si riches de tons, avec l’espoir
de trouver une matiere, une peau permet-
tant de les fixer. En 1898 eile commence
ses essais de velin traite ä chaud et les
poursuit pendant deux ans. En 1900 une
premiere apparition ä l’Exposition univer-
selle avec 11 n missel est applaudie. Le
velin est une matiere ingrate, capricieuse,
retractile pendant le travail. Mais, une fois
fixe, il offre des garanties de solidite, malgre
son apparente delicatesse et le brillant de
son coloris. Le dernier mot, du reste, n’est
pas prononce. Le velin decore, emaille pour
ainsi dire par l’action de la chaleur, pour-
rait offrir encore plus de finesse, plus de
M11« COMBETTE
M“« rene SERGENT
souplesse dans la coulee des teintes, peut-
etre merne plus d’eclat encore.
Les travaux de Mme Rollince sont longs
et demeurent rares et precieux, limites ä
quelques volumes par an, dont le prix peut
atteindre de six ä huit cents francs. Nous
avons transcrit ses theories. Et il faut cons-
tater que ce genre est bien personnel. Ce
n’est pas la facture commerciale des velins
anglais. La manipulation marche de pair
avec la composition pour lui faire rendre
tout son effet, il y a Union complete entre
la pensee et la main pour l’application des
metaux, or, argent travailles, et l’organisa-
tion du coloris. Certains de ces volumes
datent de cinq ä six ans, et rien n’y est
affaibli malgre de lointains voyages. J’avoue
toutefois, que la Science mise ä part, j’es-
time ce decor un, peu complique, luxueux ä
l’exces, et, pourquoi ne le dirai-je pas, peu
francais. C’est russe, orthodoxe, byzantin,
enluminure de missel precieux avec rehauts
de gouache, travail de patience au petit
point, les feuilles de garde sont ä l’avenant,
avec une profusion de formes et de mou-
chetures, sur fonds argentes ou dores, teile
qu’on croirait de la passementerie. Il y a
meme une icone encadree de vieil argent
repousse au clou, barbarement guilloche,
mele d’agathes et de cornalines.
Mme Gaston Lecreux exposait deux se-
19b