4 ÉCOLE ESPAGNOLE.
clans une Nativité, près de l’Enfant-Dieu resté nu, un grand drap de lit. Il faut lire dans l’Arte de laPintura
les deux curieux chapitres que le grave familier de l’inquisition, trop entiché de l’orthodoxie et du style noble
dans les peintures religieuses, a employés à discuter ces libertés de Roélas, et de quel ton de naïve
pédanterie, citant force textes sacrés, il en déduit, point par point, l’inconvenante inopportunité.
En 1616, Roélas quitta Séville et se rendit à Madrid. L’éclat de son mérite l’avait sans doute fait appeler
à la cour. Il semble même que ce soit vers cette époque qu’il dut peindre, pour le palais d’Aranjuez, le
tableau de Moïse frappant le rocher indiqué par Cean Bermudez, et dont une assez faible répétition, d’une
couleur rougeâtre et briquetée a longtemps figuré, sous le nom de l’artiste, dans la galerie de l’École
espagnole du Musée de Madrid.
En 1617— et non une année auparavant— comme Cean Bermudez le suppose à tort, Roélas sollicita
la charge de peintre du roi devenue vacante par la mort du titulaire Fabricio Castello. La junte de
obras y bosques le présenta le premier sur la liste des candidats en appuyant sa proposition au roi
Philippe III de la note suivante : « Le licencié Juan Roélas est venu de Séville, il y a un an, avec le désir
« d’être attaché à votre maison. Son père a longtemps servi Votre Majesté. Quant à lui, il est homme de
« bien et bon peintre. » Ce fut Bartolomé Gonzalez, le second sur la liste, qui obtint la place.
Après cet échec, Roélas séjourna quelque temps encore à Madrid ; il exécuta, pour le couvent des Pères
de la Merci, les peintures qu’on trouve cataloguées dans Ponz et dans Cean Bermudez, puis il revint à
Séville en 1624 et de là à sa collégiale d’Olivarès, pour y prendre possession du canonicat auquel il venait
d’être élevé.
Aux nombreux ouvrages dont il avait déjà doté l’église d’Olivarès, il joignit encore deux nouvelles toiles,
les dernières qui aient occupé ses pinceaux : l’une primitivement destinée au maître-autel, reproduisait Un
Miracle de Notre-Dame-des-Neiges; l’autre, Une Nativité.
Le 23 avril de l’année 1625, Roélas mourut dans cette même ville d’Olivarès, et non à Séville et en 1620,
comme le prétend Palomino.
Roélas a formé peu d’élèves; on cite parmi les plus célèbres : Francisco Varela, assez fidèle continuateur
du style et du coloris du maître, et Francisco Zurbaran, qui, impressionné par quelques œuvres du Caravage,
abandonna de bonne heure la manière de Roélas, pour se créer une originalité à la fois si vigoureuse et si
saisissante.
PAUL LEFORT.
«ŒfflŒæ M
L’ancienne galerie espagnole du Louvre possédait quelques
spécimens de Roélas, qui ont été dispersés, en 1853, lors de
la vente, à Londres, des tableaux du roi Louis-Philippe.
On trouve dans Cean Bermudez, à la suite de la biographie
de Roélas, le catalogue des ouvrages de ce maître qui appar-
tiennent aux églises et aux couvents de Séville, d’Olivarès et
de Madrid ; il ne nous reste donc, pour compléter ces indica-
tions, qu’à donner la liste des tableaux entrés dans les Musées
ou dans les galeries particulières.
Madrid. Musée royal.—Moïse frappant le rocher. (Copie?)
Académie de San Fernando. — Conception.
Séville. Musée. — Martyre de saint André. — Conception.
— Collection Garcia de Leaniz. — Assomption.
Dresde. Musée. — Conception (provenant de l’ancienne
galerie espagnole).
Angleterre. Collection W. Stirling. — Portrait de
Roélas (provenant du Louvre et exposé à Manchester en
1857).
Collection Geo. A. Hoskins. — La Vierge et sainte Éli-
sabeth.
Vente Aguado (1843). ■—Éducation de la Vierge; 615 fr.
— Vierge enfant ; 950 fr. — Conception ; 400 fr.
Vente Soult (1852). — Vierge au Rosaire; 5,800 fr.
Vente Louis-Philippe (1853). —L’Enfant Jésus et saint
Jean-Baptiste ; 17 £. —Portrait de Roélas ; 29 £. — Con-
ception ; 23 £ 10 sh.
PARIS. — IMPRIMERIE POITEVIN, RUE DAMIETTE, 2 ET 4.
clans une Nativité, près de l’Enfant-Dieu resté nu, un grand drap de lit. Il faut lire dans l’Arte de laPintura
les deux curieux chapitres que le grave familier de l’inquisition, trop entiché de l’orthodoxie et du style noble
dans les peintures religieuses, a employés à discuter ces libertés de Roélas, et de quel ton de naïve
pédanterie, citant force textes sacrés, il en déduit, point par point, l’inconvenante inopportunité.
En 1616, Roélas quitta Séville et se rendit à Madrid. L’éclat de son mérite l’avait sans doute fait appeler
à la cour. Il semble même que ce soit vers cette époque qu’il dut peindre, pour le palais d’Aranjuez, le
tableau de Moïse frappant le rocher indiqué par Cean Bermudez, et dont une assez faible répétition, d’une
couleur rougeâtre et briquetée a longtemps figuré, sous le nom de l’artiste, dans la galerie de l’École
espagnole du Musée de Madrid.
En 1617— et non une année auparavant— comme Cean Bermudez le suppose à tort, Roélas sollicita
la charge de peintre du roi devenue vacante par la mort du titulaire Fabricio Castello. La junte de
obras y bosques le présenta le premier sur la liste des candidats en appuyant sa proposition au roi
Philippe III de la note suivante : « Le licencié Juan Roélas est venu de Séville, il y a un an, avec le désir
« d’être attaché à votre maison. Son père a longtemps servi Votre Majesté. Quant à lui, il est homme de
« bien et bon peintre. » Ce fut Bartolomé Gonzalez, le second sur la liste, qui obtint la place.
Après cet échec, Roélas séjourna quelque temps encore à Madrid ; il exécuta, pour le couvent des Pères
de la Merci, les peintures qu’on trouve cataloguées dans Ponz et dans Cean Bermudez, puis il revint à
Séville en 1624 et de là à sa collégiale d’Olivarès, pour y prendre possession du canonicat auquel il venait
d’être élevé.
Aux nombreux ouvrages dont il avait déjà doté l’église d’Olivarès, il joignit encore deux nouvelles toiles,
les dernières qui aient occupé ses pinceaux : l’une primitivement destinée au maître-autel, reproduisait Un
Miracle de Notre-Dame-des-Neiges; l’autre, Une Nativité.
Le 23 avril de l’année 1625, Roélas mourut dans cette même ville d’Olivarès, et non à Séville et en 1620,
comme le prétend Palomino.
Roélas a formé peu d’élèves; on cite parmi les plus célèbres : Francisco Varela, assez fidèle continuateur
du style et du coloris du maître, et Francisco Zurbaran, qui, impressionné par quelques œuvres du Caravage,
abandonna de bonne heure la manière de Roélas, pour se créer une originalité à la fois si vigoureuse et si
saisissante.
PAUL LEFORT.
«ŒfflŒæ M
L’ancienne galerie espagnole du Louvre possédait quelques
spécimens de Roélas, qui ont été dispersés, en 1853, lors de
la vente, à Londres, des tableaux du roi Louis-Philippe.
On trouve dans Cean Bermudez, à la suite de la biographie
de Roélas, le catalogue des ouvrages de ce maître qui appar-
tiennent aux églises et aux couvents de Séville, d’Olivarès et
de Madrid ; il ne nous reste donc, pour compléter ces indica-
tions, qu’à donner la liste des tableaux entrés dans les Musées
ou dans les galeries particulières.
Madrid. Musée royal.—Moïse frappant le rocher. (Copie?)
Académie de San Fernando. — Conception.
Séville. Musée. — Martyre de saint André. — Conception.
— Collection Garcia de Leaniz. — Assomption.
Dresde. Musée. — Conception (provenant de l’ancienne
galerie espagnole).
Angleterre. Collection W. Stirling. — Portrait de
Roélas (provenant du Louvre et exposé à Manchester en
1857).
Collection Geo. A. Hoskins. — La Vierge et sainte Éli-
sabeth.
Vente Aguado (1843). ■—Éducation de la Vierge; 615 fr.
— Vierge enfant ; 950 fr. — Conception ; 400 fr.
Vente Soult (1852). — Vierge au Rosaire; 5,800 fr.
Vente Louis-Philippe (1853). —L’Enfant Jésus et saint
Jean-Baptiste ; 17 £. —Portrait de Roélas ; 29 £. — Con-
ception ; 23 £ 10 sh.
PARIS. — IMPRIMERIE POITEVIN, RUE DAMIETTE, 2 ET 4.