FRANCISCO COLLANTES
NÉ EX 1 599. — MORT EN 1 6 5 6.
L’art espagnol, par un phénomène inexplicable chez un
peuple où le sentiment et la recherche du vrai constituent
le caractère et la note dominante de son École, n’a produit,
à travers ses diverses transformations, qu’un très-petit
nombre de peintres paysagistes.
Durant tout le seizième siècle, le paysage, traité seulement
comme accessoire, ne reflète guère que la tradition, la
manière adoptées par l’artiste, sans empreinte personnelle,
sans vérité locale : Berruguete s’y montre un florentin,
Navarrete un vénitien, et quant à Vargas, à Cespedès et à
Juan de Juanès, ils empruntent à F École romaine ses
fabriques et ses horizons.
Ce n'est qu’à la fin de cette période et alors que le génie
national s’efforce de se dégager, que la représentation de
la nature agreste acquiert quelque expression. Dans l’École
de Tolède, Pedro Orrente, élève du Greco, exécute de
nombreux tableaux de chevalet, genre, animaux et paysage,
évidemment inspirés de la manière des Bassan, mais où se
révèle pourtant une certaine saveur espagnole. A Valence, les Ribalta peignent leurs sujets religieux au milieu
de sites accidentés, d'une exécution puissante et vraie et qui s’harmonise bien avec la sévérité de leur style. En