LUIS TRISTAN
NE VERS 1386. — MORT EN 1640
Tous les amateurs de peinture qui ont visité le Musée de Madrid
ont été émerveillés d’un grand Christ en croix, peint par Velâzquez
(n° 51 du Catalogue), dans un style sévère et terrible. Le crucifié
se modèle énergiquement, comme un marbre pâle, sur les ténèbres
du fond. La tête est douloureusement infléchie sur la poitrine, et
du front tombe une longue mèche de cheveux noirs qui raye le
visage. C’est superbe! Quelque chose de shakespearien.
Pour reconnaître Velâzquez dans cette œuvre étrange et sublime,
il faut être très-initié à la chronologie de son talent. Car il a eu,
comme la plupart des maîtres, diverses manières successives.
Eh bien! son Christ de Madrid procède de Luis Tristan.
Au château du marquis de Salamanca, Vista Alegre, près Madrid,
on admire aussi un petit Crucifix qu’on prendrait pour la première
pensée du grand Christ de Velâzquez. Un chef-d’œuvre également,
et qui est de Tristan.
Après' Pacheco et Herrera, Luis Tristan peut donc compter
comme un des maîtres de Velâzquez. Cette influence de l’artiste
tolédain sur le grand peintre de Philippe IV est signalée par tous les biographes et critiques : « Pour