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ÉCOLE ESPAGNOLE.

la correction du dessin, dit Cean Bermudez, pour le charme du coloris, pour la vérité et la clarté de
ses compositions, et pour bien d’autres qualités de son style, Luis Tristan mérita que Velâzquez le choisît
pour modèle, de préférence à tant d’autres peintres espagnols ou italiens, et cela seul est le plus
grand éloge qu’on puisse faire de Tristan. » —- « De tous les peintres dont les œuvres passèrent alors sous
les yeux de Velâzquez (pendant qu’il étudiait encore à Séville), dit M. William Stirling, ce fut Luis Tristan
de Tolède qui produisit sur lui l’impression la plus vive. Disciple favori du Greco, Tristan s’était formé pour
lui-même un style où les tons sobres des artistes castillans se mêlaient avec le coloris plus éclatant des
Vénitiens... Ses œuvres ont pu apprendre à Velâzquez à ajouter à sa palette quelques teintes brillantes
qu’il appliquait sur sa toile, avec une touche encore plus magique et plus habile... Velâzquez reconnut
constamment les obligations qu’il avait à Tristan, et il n’en parla jamais qu’avec un enthousiasme
chaleureux... » — « Tristan, dit M. Richard Cumberland, eut l’honneur d’être imité par le célèbre Velâzquez,
(pii se déclara son admirateur, et, abandonnant les préceptes de Pacheco, se réforma d’après le style et la
manière de Luis Tristan. » — « S’il fallait choisir parmi les différents peintres sortis de l’École de Tolède,
dit M. Louis Viardot, c’est à Luis Tristan que nous donnerions, sans hésiter, la préférence, et nous n’aurions,
pour la justifier, qu’à citer l’exemple de Velâzquez, qui changea sa première manière, dure et sèche, pour
adopter ce large et grand style qu’il ne quitta plus, dès qu’il eut vu les œuvres du maître tolédain... » —
« Si les œuvres de Tristan ne suffisaient pas à sa célébrité, dit M. Adolphe Siret, le titre de maître de
Velâzquez rendrait sa gloire assez belle. »
Heureusement, les œuvres de Tristan, bien que très-rares, lui assureraient un rang distingué à son
époque et dans son École, quand même son nom ne serait pas indissolublement annexé à l’histoire de
Velâzquez.
J’avouerai encore ici que je ne sais parler d’un peintre qu’après avoir vu et étudié sa peinture dans des
exemplaires significatifs. De Tristan, j’ai vu, entre autres, trois tableaux qui marqueraient dans des collections
bien choisies : le Saint Jérôme, de l’Académie de Madrid; le Crucifix, de Vista Alegre, et un Moine dans
sa grotte, qui faisait partie de la galerie Urzaiz, à Madrid; figure entière, de grandeur naturelle,
avec une belle signature, en toutes lettres. Le Saint Jérôme de F Académie de Madrid, dont nous
donnons la gravure, rappelle aussi, on le voit, les compositions analogues du Titien, mais avec plus
d’emportement. On sent que Velâzquez a pris de cette peinture la touche libre et la gamme lumineuse du
coloris. Car, par Tristan, c’est le génie vénitien qui passa en Velâzquez : tons d’argent et franchise
d’exécution.
Greco avait été l’importateur en Espagne des procédés de l’École vénitienne. Tristan fut en quelque
sorte le medium entre Greco et Velâzquez. Son portrait de Vieillard tenant dans la main droite un
bâton (Musée de Madrid, n° 1865), continue le Greco et fait pressentir Velâzquez. C’est le seul tableau de
Tristan qu’il y ait au Musée de Madrid. Mais on admire encore plusieurs de ses peintures à Tolède, et
peut-être aussi dans quelques autres villes de la Castille.
Luis Tristan naquit dans un village voisin de Tolède, vers 1586. Le Greco, qui était venu habiter Tolède
dès 1577, y faisait beaucoup de bruit, par son talent et aussi par son caractère. C’est chez lui qu’entra le
jeune Tristan pour apprendre le métier de peintre, et tout de suite il devint l’élève affectionné du vaillant
maître. On peut lire, dans la biographie du Greco \ parM. Lefort, l’anecdote déjà racontée par Palomino,
Cean Bermudez, Cumberland, Louis Viardot : Le Greco avait cédé à son condisciple la commande d’une
Cène pour le couvent de la Sisla, hors les murs dè Tolède, et ce muchacho de Tristan fit une merveille, dont
les moines lui contestaient le prix, sous prétexte de son extrême jeunesse. Le Greco intervint, et finalement
les moines, pour garder le tableau, durent payer 500 ducats, au lieu de 200.
A l’âge de trente ans, vers 1616, Tristan exécutait les peintures de Yepes, ses chefs-d’œuvre, suivant
Cean Bermudez : la Naissance, VAdoration des Mages, le Christ à la colonne, la Alise en croix, la

1 Histoire des Peintres, etc., n° 490 de la publication, n° 12 de l’École espagnole.
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